Le gouvernement allemand a approuvé mercredi une loi visant à obliger les grandes entreprises cotées en Bourse à nommer au moins une femme dans leur conseil d'administration, après des années de débat sur la question. La nouvelle loi s'appuie sur le quota de 30% pour les conseils de surveillance introduit en 2015 et sera appliquée aux entreprises cotées en Bourse comptant plus de trois administrateurs. Cette mesure a longtemps été défendue par les sociaux-démocrates allemands (SPD), mais l'Union chrétienne-démocrate, parti d'Angela Merkel, s'est longtemps opposée à l'initiative. La chancelière allemande avait toutefois exprimé sa frustration face à la lenteur des entreprises à nommer des femmes à leur tête. "Cette loi est une étape importante pour que davantage de femmes occupent des postes de direction", a déclaré la ministre de la Famille Franziska Giffey, issue du SPD, dans un communiqué. "Nous avons vu depuis des années que peu de changements sont faits volontairement et que les progrès sont très lents". La nouvelle loi concerne environ 70 entreprises, dont une trentaine n'ont actuellement aucune femme au sein de leurs conseils d'administration, ont déclaré les ministères de la Famille et de la Justice dans un communiqué conjoint. Le pourcentage de femmes dans les conseils de surveillance des entreprises allemandes a franchi le seuil des 30% en 2017 et s'élevait à 35,2% en novembre 2020. Dans les conseils d'administration des quelque 100 plus grandes entreprises cotées en Bourse, les femmes ne représentent que 11,5% des sièges. La législation allemande prévoit également des règles plus strictes en matière d'égalité des sexes dans les entreprises où l'État est actionnaire. Celles dont les conseils d'administration ont plus de deux membres devront compter au moins une femme. Selon le groupe de réflexion économique DIW, ce quota aura un impact limité. "Il ne bouleversera pas immédiatement la participation minimale des femmes dans les conseils d'administration. Il s'applique à trop peu d'entreprises", a déclaré Katharina Wrohlich, responsable de l'économie du genre chez DIW, au quotidien Rheinische Post. Les femmes occupent un tiers des sièges aux conseils d'administration des plus grandes entreprises européennes mais elles sont en minorité dans les cadres de direction, selon une étude publiée l'année dernière classant la Norvège en tête pour la diversité des sexes, suivie par la France. La loi Copé-Zimmermann votée en 2011 a instauré en France un quota obligatoire de 40% de femmes dans les conseils d'administration des sociétés cotées à partir du 1er janvier 2017. Aucune société du CAC 40 n'est actuellement dirigée par une femme.