L'ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, a souligné le rôle que joue l'Algérie pour alimenter une guerre contre le Maroc et faire obstacle à l'unité au Maghreb. L'ancien diplomate tunisien, qui a été ministre des Affaires étrangères au début du printemps arabe en 2011 ne mâche pas ses mots. Il a déclaré que les inimitiés de l'Algérie à l'égard du Maroc sont l'une des principales raisons pour lesquelles le royaume a décidé de reconsidérer et d'élargir ses relations diplomatiques. Dans une interview accordée à la station de radio tunisienne IFM lundi 14 décembre, reprise par le site anglophone Moroccoworldnews, Ounaeis a déclaré que l'Algérie «a poussé le Maroc à explorer d'autres options pour gérer le conflit du Sahara.» La décision du Maroc de renouer avec Israël «était surprenante», a déclaré Ounaeis, «mais pas de manière négative», rapporte la même source. «La scène géopolitique dans le monde et dans la région a changé, les choix du Maroc sont donc allés dans une nouvelle direction», a-t-il expliqué. Selon l'ancien responsable tunisien, le Maroc «a conclu un accord avec Israël et les États-Unis car le royaume est en guerre avec l'Algérie depuis 45 ans.» «Il (le Maroc) a tenté tantôt la guerre, tantôt des négociations. Il était patients. Il a attendu 45 ans. Mais ce qui se passe dans la région l'a poussés à saisir une opportunité et à prendre une décision surprenante», a déclaré Ounaeis. L'ancien responsable a expliqué que la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara représente une avancée importante pour le royaume. «Les États-Unis ont le droit de veto sur les votes au Conseil de sécurité de l'ONU. Par conséquent, le soutien américain est encore plus important que le soutien de l'ONU», a-t-il expliqué. «Le Maroc essaie simplement de défendre la souveraineté sur ses territoires, tout comme il l'était avant la colonisation», a-t-il ajouté. Interrogé sur la question de savoir si la «normalisation» du Maroc avec Israël affecterait le projet de l'Union maghrébine, Ounaeis a dénoncé le rôle de l'Algérie dans l'obstruction du projet. «Le rêve n'a pas été détruit par le roi Mohammed VI ou par le Maroc, il a été détruit par ceux qui jouent avec le feu», a-t-il déclaré. A la question «Ceux qui jouent avec le feu», Ouanis a répondu «Qui a lancé une guerre contre le Maroc?» Il a ensuite affirmé son argument en disant: «C'est l'Algérie. C'est le régime militaire algérien.» Rappelant comment la guerre entre le Maroc et l'Algérie a commencé, Ounaeis a déclaré que le régime algérien avait «trahi» les pays qui les avaient aidés dans leur lutte pour l'indépendance – le Maroc et la Tunisie. «Le régime militaire algérien voulait imposer de nouvelles frontières par la force. Ils ont pris des centaines de kilomètres de notre Sahara et Habib Bourguiba (président tunisien entre 1956-1987) les a confisqués», a expliqué l'ancien ministre. «Mais quand elle (l'Algérie) a voulu faire de même avec le Maroc, [le défunt roi] Hassan II a refusé de céder- et c'est son droit de refuser – alors elle a lancé une guerre contre lui», a-t-il poursuivi. Selon Ounaeis, «tout le Maghreb... y compris les Algériens» souffre de la guerre en cours que l'Algérie a lancée contre le Maroc. Répondant aux critiques qui accusent le Maroc de «trahir» la cause palestinienne, Ounaeis a souligné que le royaume est l'un de ses plus fervents défenseurs. «Le Maroc préside le Comité Al Qods depuis plus de 40 ans, depuis que [feu le roi] Hassan II a décidé de le présider pour défendre la cause palestinienne. Le Maroc est resté fidèle depuis», a-t-il déclaré. Pour l'ancien diplomate tunisien, les relations officielles entre le Maroc et Israël n'affecteront pas la position du royaume à l'égard de la cause palestinienne. «Le roi Mohammed VI a pris une décision inattendue mais courageuse», a commenté Ounaeis sur la reprise des relations Maroc-Israël. Revenant au rôle de l'Algérie dans l'obstruction de l'unité régionale, l'ancien responsable tunisien a exprimé l'espoir que le récent mouvement populaire Hirak en Algérie créera «un véritable système démocratique» pour le voisin oriental du Maroc. «Ce n'est qu'alors que nous pouvons penser à une Union du Maghreb. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie s'en sortiront gagnants», a-t-il conclu.