Les partis de l'opposition ont procédé à l'examen des hypothèses, des priorités et des données chiffrées présentées par le gouvernement dans son PLF 2021. Selon ces partis, le projet de loi de finances au titre de l'année 2021 contient plusieurs mesures et dispositions, notamment fiscales, totalement incohérentes avec l'ambition affichée par le plan de relance, dont les contours ont été esquissés par le Monarque lors de ses derniers discours. « Le PLF 2021 déçoit les espoirs », selon le PPS Pour le bureau politique du Parti du progrès et du socialisme, les mesures et des dispositions que comporte ce projet « prétendent traiter timidement » la situation économique actuelle. Ainsi, ce projet ne sera pas en mesure de rétablir la confiance des opérateurs économiques et ce, afin de réaliser la relance économique susceptible de faire tourner la machine de production. Le PPS souligne également que le PLF 2021 manque d'ambition et d'audace à la hauteur des défis énormes qui se posent. Les mesures annoncées obéissent à une logique court-termiste Selon Abdeslam Seddiki, économiste et ex-ministre de l'Emploi et des Affaires sociales affilié au PPS, les moyens d'action qui seront mobilisés dans le cadre du PLF 2021 « obéissent toujours à la logique court-termiste ». Cette « logique courtermiste » est soutenue par de multiples subterfuges et manipulations budgétaires et solutions de facilité, notamment le puisement de l'argent auprès des classes moyennes et des entreprises citoyennes en abusant de leur fibre patriotique sous couvert de « solidarité nationale », l'activation de la privatisation à travers la cession, en partie ou en totalité, d'une série d'entités publiques ainsi que le recours excessif à l'emprunt public pour boucher les trous. L'économiste rappelle que les finances publiques ne se portent pas bien. « Un indicateur suffit : les recettes ordinaires n'arrivent pas à couvrir les dépenses ordinaires du budget général (228,4 MMDH contre 254,25 MMDH) donnant lieu à une épargne publique négative de près de 26 MMDH. Ce qui signifie qu'une partie des emprunts, évalués à 107 MMDH, seront affectés à combler ce solde négatif ordinaire ! Par ailleurs, et c'est un aspect positif qui convient d'être relevé, au niveau des recettes ordinaires, fiscales et non fiscales, toutes les rubriques évoluent positivement à l'exception toutefois des impôts directs et taxes assimilées qui enregistrent une baisse de 6,1% par rapport à 2020 avec une baisse de 10,8% pour l'IS », a-t-il noté. La taxe de solidarité fait fi du principe de progressivité de l'impôt S'agissant de la taxe de solidarité qui a créé un énorme tollé, l'ex-ministre de l'Emploi et des Affaires sociales se demande s'il est juste et équitable de taxer au même taux des revenus de 10 000 dirhams et des revenus de 30 000 dirhams ou plus et faire fi d'un principe constitutionnel de justice sociale qui exige la progressivité. Il se demande aussi si taxer des sociétés citoyennes qui exercent dans la transparence fiscale tout en laissant les sociétés récalcitrantes à l'aise n'est-il pas de nature à favoriser le développement de l'informel et de l'évasion fiscale. D'après lui, il aurait été plus approprié de procéder à l'élargissement de l'assiette fiscale et à la recherche du « trésor » auprès des grandes fortunes pour récolter la somme de 5 MMDH nécessaire au financement de la couverture médicale. A lire également : Impôts–PLF 2021 : attention à la pression fiscale ! Le gouvernement tient à sa politique ultralibérale (PI) Pour sa part, le Parti de l'Istiqlal qualifie le PLF 2021 « d'hybride et sans identité claire » du fait qu'il n'est pas en mesure de créer les ruptures nécessaires pour cette crise multidimensionnelle et ne propose pas d'alternative innovante pour réaliser un véritable décollage économique. En outre, les choix budgétaires annoncés par le PLF « ne traduisent pas la volonté de consolider la souveraineté nationale dans les domaines stratégiques ». L'Exécutif s'est ainsi contenté des recettes préfabriquées, au lieu de faire preuve d'innovation tout en notant que le projet « n'a pas assimilé toutes les directives royales prononcées à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne du Parlement, tout comme il n'a pas présenté les plans économiques et sociaux prioritaires, dont l'objectif est de préserver le tissu économique contre la faillite ». Les hypothèses ne reflètent pas la réalité de l'impact de la crise sanitaire sur le cadre macroéconomique du Maroc, selon le PAM Le PAM souligne que le PLF 2021 n'a prévu aucune mesure susceptible d'augmenter les revenus et d'améliorer la situation sociale et financière. Il reflète ainsi l'incapacité du gouvernement à gérer la situation. Les dispositions du texte ne seront pas en mesure de réaliser le changement souhaité ni créer les ruptures nécessaires avec les aspects de la crise. De plus, les hypothèses de base du PLF du prochain exercice budgétaire sont irréalistes et irréalisables (NDLR : le PLF 2021 se base sur des hypothèses fixant la production céréalière à environ 70 millions de quintaux et le cours moyen du gaz butane à 350 dollars US la tonne. Le gouvernement espère réaliser un taux de croissance de 4,8% et un déficit budgétaire prévisionnel de 6,5% du PIB). Le Parti du tracteur note également que ce projet est caractérisé par un manque de clarté et de cohérence dans sa vision. « Le gouvernement déclare ainsi maintenir les mêmes priorités que celles fixées par les anciennes LF. Or, le contexte actuel est marqué par les impacts économiques et sociétaux de la pandémie », souligne-t-on.