Près de 220 millions d'euros ont été partagés entre 50 personnes en huit ans, selon le parquet. La justice a lancé une enquête pour «mettre un terme au fléau» de la rémunération des fonctionnaires fictifs en République démocratique du Congo (RDC), qui a coûté près de 260 millions de dollars (près de 220 millions d'euros) en huit ans au Trésor public, selon le parquet. Depuis 2011, le salaire des fonctionnaires est versé sur un compte bancaire et non plus en liquide de la main à la main. Grande réforme de l'ancien régime du président Joseph Kabila, la «bancarisation» devait «éradiquer la rémunération des agents fictifs et des doublons», rappelle le parquet général près la cour d'appel de Kinshasa-Matete dans un document transmis le 9 septembre à l'inspection générale de la police. Mais cette réforme n'a pas permis d'«éradiquer 133 253 agents fictifs, auxquels s'ajoutent 43 253 doublons», estime ce document. «D'août 2011 à novembre 2019, la somme de 507,21 milliards de francs congolais [259,34 millions de dollars au cours actuel]» a été partagée «entre 50 personnes», conclut le parquet, sans préciser l'identité des suspects. Le parquet a demandé à la police judiciaire d'«obtenir les noms des différentes banques commerciales choisies pour assurer la paie des agents et fonctionnaires de l'Etat depuis la bancarisation d'août 2011 à ce jour». «L'Association congolaise des banques va pleinement coopérer avec la justice. Il n'y a rien à cacher dans les opérations de paie des fonctionnaires», a réagi Célestin Tshibwabwa, son secrétaire général. Le président Félix Tshisekedi a déclaré faire de la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics la priorité de son mandat. Son directeur de cabinet, Vital Kamerhe, a été condamné à vingt ans de prison pour détournement de 50 millions de dollars. Son procès en appel est prévu ce vendredi.