Le procès pour corruption de Vital Kamerhe, principal allié du chef de l'État de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi s'est brièvement ouvert lundi à Kinshasa avant d'être ajourné au 25 mai. Le procès de Vital Kamerhe est une étape sans précédent dans l'histoire judiciaire du pays. En détention préventive depuis le 8 avril, M. Kamerhe a comparu avec deux co-accusés pour le détournement présumé de quelque 50 millions de dollars destinés au financement de travaux publics qui devaient marquer le début du quinquennat de Félix Tshisekedi en 2019. La RDC s'est constituée partie civile dans ce dossier sans précédent. Nommé directeur de cabinet au lendemain de l'investiture du président Tshisekedi le 24 janvier 2019, Vital Kamerhe est soupçonné du détournement des fonds destinés à la construction de logements sociaux. Il nie ces accusations. Il estime que tous les marchés publics ont été « hérités » du précédent gouvernement, affirmant « qu'aucun contrat de marché public de gré à gré ne porte sa signature », selon l'ordonnance de rejet de sa demande de remise en liberté provisoire du 11 avril. Les poursuites contre Vital Kamerhe entrent dans le cadre d'une vaste enquête anti-corruption supposée marquer le « renouveau » de la justice congolaise dans la lutte contre l'impunité des élites depuis l'indépendance le 30 juin 1960. Le procès s'est ouvert en « audience foraine », c'est-à-dire délocalisée dans l'enceinte même de la prison de Makala. Si son arrestation est présentée comme un signal fort dans la lutte contre la corruption des élites, une partie de l'opinion reste sceptique et évoque un règlement de compte au sein de la coalition ou une manoeuvre. Sur les réseaux sociaux, ses partisans dénoncent une affaire visant à l'écarter de la présidentielle de 2023. Des militants de son parti l'UNC ont manifesté lundi matin à Goma pour « clamer l'innocence » de leur leader. S'y ajoute le fait que, malgré son arrestation, M. Kamerhe n'a pas démissionné de son poste de directeur de cabinet, ni a été révoqué.