L'entêtement et le refus de Joseph Kabila de se dessaisir du pouvoir alors que son second et dernier mandat avait pris fin le 20 Décembre 2016 ont plongé la République Démocratique du Congo dans une crise sans précédent. Aussi, selon les termes des accords dits «de la Saint Sylvestre» conclus entre le pouvoir et l'opposition sous l'égide de l'Episcopat pour éviter que de nouvelles violences ne secouent le pays après le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, des élections présidentielles, législatives et locales ont été fixées au plus tard à la fin de l'année de 2017. Mais voyant que ce dernier n'est toujours pas prêt à quitter le fauteuil présidentiel, ce sont plusieurs centaines de manifestants faisant partie, dans leur grande majorité, du «mouvement des jeunes indignés» qui sont sortis dans la rue pour protester «contre le régime sanguinaire et prédateur de Kabila». Ainsi, ce lundi à Goma, dans le Nord-Kivu, ce sont quatre civils qui ont péri dans le quartier de Majengo alors qu'à Mabenga, un quartier voisin, c'est un policier qui aurait payé de sa vie après avoir été lapidé, semble-t-il, par une foule en furie. Pour contrecarrer la violence policière et les massacres perpétrés par «les escadrons de la mort» dépêchés par Kabila, la population s'est trouvée contrainte d'ériger des barricades dans les différents quartiers de la ville après avoir été appelée, par l'opposition, à «poursuivre la résistance pacifique dans la dignité» pour pousser le président Kabila à quitter le pouvoir avant la fin de l'année. «La Liberté ou la mort... la RDC vaincra !» est le cri de ralliement des manifestants. Pour son premier voyage en Afrique, l'ambassadrice américaine Nikki Haley, qui a rang de ministre dans l'administration américaine et qui est arrivée à Kinshasa le 25 Octobre dernier avait, dès son arrivée, appelé à l'organisation des élections en 2018 alors que la Commission électorale tablerai plutôt sur 2019. «Les élections doivent être organisées en 2018» avait-elle déclaré lors d'une rencontre avec le président de la Commission électorale, Corneille Nangaa, allant même jusqu'à signaler que, dans le cas contraire, la RDC ne pourra compter ni sur le soutien des Etats-Unis ni sur celui de la communauté internationale car son pays ne va pas «appuyer un calendrier qui ne montre pas clairement que les élections seront tenues en 2018 (puisque) cela est possible si toutes les parties s'impliquent». L'ambassadrice américaine en a profité également pour inviter l'Eglise à mettre de nouveau «la main à la pâte». Par ailleurs, dans un communiqué daté du 30 Octobre l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, incarcéré pour 18 années à la Haye, pour «crimes contre l'humanité, crimes de guerre et subornation de témoins» a appelé à «une grande coalition des forces sociales et des responsables politiques » pour « une alternance démocratique» en RDC. Enfin, lors d'une conférence de presse tenue ce mardi au siège de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) à Kinshasa, Félix Tshisekedi, le fils d'Etienne Tshisekedi l'opposant historique au chef de l'Etat, a estimé que l'élection du successeur de Joseph Kabila devra avoir lieu «au plus tard en Juin 2018». Il n'y a plus qu'à espérer que l'actuel chef de l'Etat de la République Démocratique du Congo finisse par accepter de quitter le fauteuil présidentiel pour que la population congolaise puisse vivre dans la paix et la sérénité auxquelles elle ouvre droit.