Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire environ 25 % des besoins du pays, déjà riche en pétrole. Les Emirats arabes unis sont entrés samedi 1er août dans le club des pays utilisant l'énergie nucléaire civile avec la mise en service de leur centrale de Barakah, la première du monde arabe. «Nous annonçons aujourd'hui que les Émirats arabes unis ont procédé, avec succès, à la mise en service du réacteur numéro un de la centrale de Barakah», a tweeté cheikh Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, premier ministre des Émirats et souverain de Dubaï. «C'est un moment historique pour les Emirats dans leur objectif de fournir une nouvelle forme d'énergie propre à la nation», a commenté Hamad Alkaabi, représentant des Emirats auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), saluant également le « succès » du démarrage de l'installation. Les Emirats avaient annoncé le 17 février avoir donné le feu vert au démarrage de la centrale après une série d'essais et en avoir confié l'exploitation à Nawah Energy Compagny. Cette entreprise fondée en 2016 doit exploiter et entretenir à terme les quatre réacteurs de la centrale située dans le nord-ouest du pays. «C'est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l'énergie nucléaire pacifique», s'était alors réjoui Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, prince héritier d'Abou Dhabi. L'installation a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et par le sud-coréen Korea Electric Power Corporation, pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars. Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017 mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d'après les responsables, aux conditions légales de sécurité. Lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5 600 mégawatts d'électricité, soit environ 25 % des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole. L'ENEC, entreprise publique, a annoncé en décembre que le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur aurait lieu au cours du premier trimestre 2020. L'Etat fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d'habitants, dont environ 80 % d'expatriés. Les besoins en électricité sont croissants en raison notamment de l'utilisation de la climatisation durant les étés caniculaires. Les responsables émiratis ont insisté sur le caractère « pacifique » de leur programme nucléaire et assurent qu'il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues. «Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu'à une coopération solide et continue avec l'AIEA et les partenaires nationaux et internationaux», avait souligné en février Hamad Alkaabi. Le pays a accueilli plus de quarante missions internationales et inspections de l'AIEA et de l'Association mondiale des exploitants nucléaires depuis 2010. Mais le Qatar voisin considère la centrale de Barakah comme une «menace pour la paix régionale». Comme plusieurs de ses alliés, dont l'Arabie saoudite, Abou Dhabi est en froid diplomatique avec le Qatar, avec lequel il n'entretient plus de relations officielles depuis juin 2017. Abou Dhabi entretient aussi des liens tendus avec Téhéran, par ailleurs lourdement sanctionné par la communauté internationale à cause de son programme nucléaire controversé jusqu'à la signature d'un accord avec les grandes puissances mondiales en 2015 à Vienne. Mais Washington s'est retiré unilatéralement de cet accord en mai 2018, rétablissant plusieurs trains de sanctions contre l'Iran. Ce dernier a en conséquence repris notamment l'enrichissement d'uranium en septembre 2019 sur son site de Natanz. Située sur la côte, Barakah n'est donc séparée de l'Iran, qui lui fait face, que par les eaux du Golfe. Grand allié des Emirats, les Etats-Unis mènent une politique de «pression maximale» contre la République islamique, accusée de semer le trouble dans la région.