La réunion du Cadre International de la Coopération en matière d'énergie nucléaire s'est clôturée le 10 octobre à Marrakech. Membre de l'IFNEC depuis 2008, le Maroc a présenté les grands axes de sa politique nucléaire à des fins civiles et pacifiques. La sûreté, la sécurité, l'approvisionnement, l'environnement et la confiance sont aujourd'hui érigés en priorités en matière d'énergie nucléaire. Le Maroc a accueilli les 9 et 10 octobre courant la 3ème réunion du Cadre International de la Coopération en matière d'énergie nucléaire, plus connu sous l'appellation IFNEC (International Framework for Nuclear Energy Cooperation). Cette rencontre est l'occasion pour le comité exécutif de l'IFNEC d'examiner le bilan d'activité de ce forum et les progrès réalisés par le groupe de pilotage et par les groupes de travail. De même qu'il passe en revue les mécanismes devant développer davantage la coopération et l'échange d'expériences entre les pays membres. Cette réunion, ouverte par le Directeur du Centre National de l'Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaire, a accueilli quatre nouveaux membres, notamment Bahreïn et le Kenya comme membres permanents, et l'Arabie Saoudite et la Moldavie comme observateurs. En outre, d'importantes délégations d'une cinquantaine de pays étaient présentes à cette rencontre que le Maroc a eu le privilège d'organiser. Notre pays a d'ailleurs présenté et partagé son expérience en matière d'utilisation du nucléaire à des fins civiles et pacifiques. C'est ainsi que le ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Fouad Douiri, a présenté la politique nationale en la matière qui se décline en quatre axes majeurs. Le premier concerne l'adhésion du Maroc depuis les années 70 au Traité de non-prolifération des armes nucléaires ainsi qu'aux autres conventions le liant à l'Agence internationale de l'énergie atomique. Ce qui a permis au Maroc de construire une relation de confiance et de coopération avec d'autres pays, qu'il s'agisse de relations bilatérales ou multilatérales. Le deuxième volet de la stratégie marocaine est l'inscription du pays dans le cadre international de sécurité et de sûreté nucléaires chapeauté par l'AIEA. Cela a permis au Maroc de compléter le cadre réglementaire et de répondre aux normes de sécurité, ce qui lui a facilité la construction du Centre nucléaire de Maâmora qui accueille un réacteur nucléaire d'une puissance de 2 megawatts. Le Maroc est devenu l'un des pays à promouvoir l'instauration d'un système mondial de sécurité nucléaire. Et comme pour toute stratégie, celle du nucléaire ne peut aboutir sans être accompagnée d'une politique de formation de ressources humaines qualifiées en la matière. Dans ce sens, le Centre de Maamora présente une cadre propice à la recherche et au développement des applications nucléaires dans divers secteurs. Enfin, le Maroc accorde une grande importance à la coopération internationale en matière d'énergie nucléaire. Dans ce sens, le ministre s'est félicité que le CNESTEN ait reçu la reconnaissance de l'AIEA comme centre de haut niveau dans la formation en hydrologie, santé et alimentaire. La sécurité, l'environnement et la confiance Dans son discours d'ouverture, le ministre Fouad Douiri a fait allusion aux tristes évènements de Fukushima qui ont érigé la question de la sécurité et la sûreté des sites en priorité mondiale. En effet, la sécurité et l'autonomie du provisionnement énergétique des pays dans un contexte où les cours du baril de pétrôle demeurent instables ne doivent pas se faire au détriment de la sécurité. Encore moins au frais de la protection de l'environnement et du développement durable. Bien évidemment, il a insisté sur l'importance d'impliquer le grand public dans toute décision dans le cadre d'une gouvernance démocratique et transparente. En cela il est rejoint par le représentant des USA qui a souligné qu'un accident qui se produit quelque part est un accident qui se produit partout, faisant allusion à la menace radioactive qui a pesé sur le monde entier après l'incident sur le site nucléaire japonais. Evidemment, l'ampleur des dégâts avait provoqué une réelle défiance de l'opinion publique vis-à-vis de l'énergie nucléaire. Ce fut le cas en France où s'est ouvert en septembre un débat sur la gestion du nucléaire tout en ne perdant pas de vue l'impératif d'assurer un mix énergétique. Et l'un des résultats de ce débat est la préparation d'une loi devant garantir l'équilibre énergétique. Et pour renouer avec la confiance du public français et tirer les leçons du drame de Fukushima, il a été procédé à des tests d'évaluation des centrales nucléaires en France, tests jugés concluants. Mais le représentant de la France a souligné que des mesures supplémentaires sont prévues afin d'assurer une sécurité maximum et permettre une gestion infaillible si une crise devait survenir. Et à l'heure où des pays se posent des questions, d'autres ont décidé que pour des raisons de compétitivité et d'autonomie d'approvisionnement dans un contexte mondial où les ressources énergétiques se font rares (réserves estimées à 50 ans pour le pétrole, 150 ans pour le gaz et 300 ans pour le charbon), le nucléaire devient un impératif. C'est le cas de la Pologne qui a annoncé son programme nucléaire pour 2013 avec un début de production en 2023, tout en se conformant aux recommandations de l'UE dont elle est membre, et ceux de l'AIEA. La 3ème réunion qui s'est poursuivie à huis clos avait pour objectif d'examiner d'autres questions relatives à la sûreté et à la sécurité nucléaires, la garantie de l'approvisionnement du combustible, le financement des projets de centrales électronucléaires ainsi que les moyens de développer la coopération et l'échange d'informations et d'expériences entre les pays membres de l'IFNEC. Un intérêt particulier est accordé aux besoins des pays en voie de développement, notamment en ce qui concerne le financement des projets, le développement des ressources humaines, les infrastructures et l'échange d'informations et d'expertises. Rappelons que l'IFNEC a été créé en 2006 à l'initiative des Etats-Unis (l'Iran n'en est pas membre), avec pour mission de fournir aux Etats participants un forum de coopération explorant des approches mutuelles bénéfiques visant à assurer une utilisation de l'énergie nucléaire à des fins civiles et pacifiques, répondant aux plus hautes normes de sûreté, de sécurité et de non prolifération. Le Maroc a rejoint l'IFNEC en 2008.