Muhammad Adam victime de viol par Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Youm, vient de mettre en ligne sur Facebook une longue publication où il relate l'injustice dont il a été victime de la part de nombreuses associations militantes, qui ont pris le parti de l'accusé, et essayé de décrédibiliser sa plainte. Dans sa publication, Adam s'est excusé auprès des journalistes dont les appels sont restés sans réponse. Il affirme qu'il s'abstient de toute déclaration sur son affaire, puisqu'elle est toujours entre les mains de la justice. Cependant, une communication à l'attention de l'opinion publique s'impose, estime Adam, à cause de « nombreuses associations de défense des droits de l'homme, des groupes islamistes et médias qui se sont attaqués à ma vie privée, dans la mesure où cela affecte ma personne et mes droits citoyens et met ma vie en danger ». Autour de son nom, que beaucoup ont pointé comme faux, la victime affirme que « Adam » n'est autre qu'un surnom qui lui a été attribué il y a 10 ans par son entourage, et qu'il le porte parce qu'il s'y sent à l'aise. C'est également le nom qu'il a choisi de porter lorsqu'il a décidé de révéler l'harcèlement sexuel dont il a été victime pour rester sous couvert d'anonymat aux yeux de l'opinion publique. Même si les faits de son viol remontent à 2018, Adam affirme qu'il n'a révélé cet incident que lorsqu'il est s'est senti prêt de le faire, à savoir le 14 mai 2020. Adam affirme qu'il passait par une période psychologique très délicate, et que « l'hésitation et la peur m'accompagnaient chaque fois que je pensais à recourir à la justice » . Cette hésitation, il la puise dans la peur d'être tenu coupable de son propre drame en raison de son orientation sexuelle, dans sa relation tumultueuse avec sa famille au cours des deux dernières années, mais aussi dans les divers différends judiciaires dans lesquels étaient impliqués plusieurs proches de Soulaiman Raissouni. « Malgré l'accompagnement psychologique auquel j'ai eu recours à un moment donné, et malgré ma capacité à révéler ce qui m'est arrivé à certaines personnes de mon entourage, je n'ai jamais pu me débarrasser du fardeau que je portais, de guérir mes blessures et d'oublier », affirme Adam. « Mes cauchemars se sont multipliés avec l'isolement sanitaire, et ces blessures m'ont suivi jour et nuit », écrit-il. Etant un activiste des droits des minorités sexuelles et du genre, Adam fait savoir qu'il a décidé de recourir à une plainte sur la plateforme numérique du ministère public et a ainsi engagé les poursuites judiciaires contre Soulaiman Raissouni. Adam a ajouté que « étant donné que je suis le deuxième parti d'un différend avec un journaliste et rédacteur en chef qui présente également comme militant des droits de l'Homme, je m'attends surement à ce que mon affaire soit interprétée de manière erronée, dans une tentative de faire passer l'accusé au dessus des filets de la loi ». Il évoque également des campagnes de diffamation de masse à son égard qui visent à le faire taire, « les déclarations de certaines associations de défense des droits de l'homme et les déclarations de leurs membres confirment l'absurdité des personnes qui les ont émises », écrit-il. Adam donne l'exemple du premier secrétaire du Forum Al-Karama pour les droits de l'homme, qui « est également avocat au Barreau de Rabat » et qui « me traite de fanfaron gay ou encore de péché sur terre », se basant sur son point de vue religieux. « Un comportement contradictoire d'une personne qui prétend défendre les droits de l'Homme, mais qui incite à la haine et à la violence envers moi« , écrit Adam, qui tient cette personne responsable des menaces dont son discours pourrait résulter sur sa vie et son intégrité physique. Adam est également revenu sur la déclaration de l'AMDH, qui prétend que Soulaiman Raissouni est victime d'un procès politique. Une déclaration totalement hative vu qu'elle est parue pendant les premiers jours de l'arrestation du suspect, et qui fait abstraction du fait que Soulaiman Raissouni s'est fendu de publications diffamatoires à l'égard d'Adam et son entourage, et a révélé son identité officielle. Cela constitue naturellement « une violation flagrante de la protection des données personnelles privées » écrit Adam. Ainsi, Adam a révélé qu'il a contacté, le 26 mai, diverses associations pour se protéger contre les préjugés et calomnies qui sont véhiculées contre lui par les organes partisans de Soulaiman Raissouni. L'AMDH figurait parmi les associations dont Adam a sollicité l'aide, et le 28 mai, il affirme avoir reçu une réponse de l'association afin de tenir une réunion et écouteer son histoire. La date de cette réunion avait été fixée après la levée du confinement, mais la publication où Adam confesse son viol est venue bien avant. Adam affirme avoir été surpris de la déclaration de l'AMDH datant du 30 mai, où celle-ci prétend avoir été en contact avec lui, au moment où les dirigeants de l'association n'ont même pas pris la peine de l'écouter et prends position contre lui. L'impartialité de l'AMDH, Adam la décèle jusqu'aux plus petits détails de sa déclaration. Dans le communiqué où l'AMDH prend le parti de Soulaiman Raissouni, celle-ci a utilisé une police d'écriture confortable et apaisante à la lecture. Alors que dans le communiqué où elle condamne Adam, l'AMDH a utilisé une police d'écriture gênante, comme pour dévaloriser sa position. Bien que ce soit des détails de forme, ces petites modifications agissent inconsciemment sur leur récepteur. Dans les déclarations de l'AMDH, écrit Adam, « je n'existe pas en tant que victime », mais plutôt comme un « activiste à la fausse identité ». L'association, aux yeux de la victime, a annoncé un soutien rapide à Soulaiman Raissouni en adoptant un ton de certitude excessif avant même la tenue du procès, et a réduit la plainte d'Adam à un simple outil de règlement de comptes.