L'homme au casque rouge s'appelle Lahcen Lashab. Aujourd'hui âgé de plus de 70 ans, il multiplie les actions pour faire vivre le souvenir la mine de Jerada, fermée définitivement en l'an 2000. Dans un entretien accordé cette fin de semaine à barlamane.com, il déclare que la destruction du site peut être assimilée à « un assassinat de la mémoire des Charbonnages du Maroc » . C'est pourquoi il veut retranscrire l'histoire de ce site et de ceux qui en vivaient. Il est vrai qu'il connait bien le dossier: fils de mineur boiseur, Lahcen Lashab est devenu comptable aux Charbonnages du Maroc en 1962. Son livre est en cours de réalisation mais il peine à avoir accès aux archives de l'entreprise, stockées à Jerada même. Charbonnages du Maroc précise t-il, comptait « autour de 7.000 cadres et ouvriers en 1998 » lorsque la dissolution de l'entreprise a été scellée, avec la signature du protocole entre le gouvernement Youssoufi et les centrales syndicales. On parlait alors d'un coût de revient trop élevé, d'une accumulation de déficit, de l'absence de rentabilité et de la dégradation de la qualité du charbon. Certains, indique Lahcen Lashab aujourd'hui, ont même affirmé que le gisement était épuisé. Mais, dit il, « je peux vous le garantir, le charbon n'est pas pour autant fini ». La preuve, « le site est toujours exploité aujourd'hui par des centaines de personnes qui travaillent de manière artisanale, sans assurance et sans mesures de sécurité ». L'activité est pourtant mortelle, les éboulements pouvant survenir à tout moment: en avril dernier encore, trois de ces hommes ont été ensevelis sous des tonnes de terre. Fier d'être issu d'une communauté minière connue pour ses luttes, sa ténacité et son esprit de solidarité, il déclare que « des permis de recherche et d'exploitation étaient délivrés par l'autorité compétente pour pallier au manque de débouchés pour les anciens mineurs ». C'est ainsi que la production artisanale est vendue légalement sur le marché alors que le charbon est extrait dans les pires conditions. Il conclue, au sujet des ouvriers qui exploitent aujourd'hui la mine : « faute d'infrastructure économique et de création d'alternatives pourtant stipulées dans l'accord social, les enfants des mineurs n'ont pas le choix ». En plus de son livre, Lahcen Lashab espère pouvoir mettre en place ce qu'il appelle un «Conservatoire de la Mémoire», regroupant des objets et des outils ayant appartenu aux mineurs et d'autres souvenirs retraçant l'histoire des Charbonnages Du Maroc. Il appelle aussi de ses vœux la création d'une véritable bibliothèque dédiée aux mines de l'Oriental. Reste qu'il peine à ce jour à trouver des appuis, qu'il appelle de tous ses vœux. Ci dessous, un reportage d'Euronews tourné en 2011. Lahcen Lashab affirme que rien n'a changé depuis.