Aussitôt après son élection à la présidence de la république française, Emmanuel Macron a reconnu les crimes commis par son pays, et ses pratiques scandaleuses tout au long de sa colonisation de l'Algerie, qui s'est étalée sur cent trente deux années accomplies. M. Macron a reconnu également la responsabilité pleine et entière de son pays dans les assassinats des militants algériens qui revendiquaient l'indépendance de leur pays, dont le communiste français militant pour l'indépendance de l'Algérie Maurice Audin qui a été torturé à mort en 1957 par des soldats français opérant en Algérie. Pour la première fois depuis l'année 1962, l'Elysée a donné des instructions pour l'ouverture des archives relatant les questions de la disparition de civils français et algériens. L'Algérie ne s'était pas contentée de se réjouir de cet aveu tant attendu, puisqu'elle a également demandé officiellement par la voix de son précédent gouvernement, d'autres pas en avant, d'autres initiatives qui mèneraient tout droit au devoir d'excuses et d'indemnisation qui en résultent conséquemment. Cette reconnaissance par la France de ses crimes en Algérie, place tout naturellement au devant de la scène, un autre dossier tout aussi sombre et tout aussi affligeant, celui en l'occurrence des crimes de la France coloniale au Maroc, un dossier qui pullule en actes circonstanciés de faits de torture, d'enlèvements, de disparitions, d'exécutions sommaires de civils marocains coupables d'avoir demandé le recouvrement par le Maroc de son indépendance, et le retour d'exil immédiat de leur roi, SM Mohammed V. Il est désormais grand temps pour que la société civile dans ses multiples composantes, prenne en main ce lourd dossier, le disséquer de fond en comble, pour enfin donner corps à ces revendications patriotiques somme toute légitimes, d'autant plus qu'aux affronts et autres outrages et exactions subis par le peuple marocain tout au long de cette période, s'ajoute un pillage systématique en règle des richesses du pays au profit du colonisateur. A présent, et après que le souci de l'apaisement et de la retenue autour duquel il y a eu accord pour garantir la stabilité du Maroc, et pour l'instauration d'un partenariat mutuellement bénéfique pour les deux pays, ait fait son temps, et après que la France s'est departie de ses engagements envers le Maroc, allant même jusqu'à inciter sa presse officielle et non officielle à s'attaquer au Maroc, frontalement et à bride abattue, il est du devoir de chaque marocain de revendiquer à gorge déployée, les droits spoliées d'une nation brutalement malmenée par les soldats français, qui ont démembré à la hussarde son territoire en plusieurs morceaux qu'ils ont rattachés honteusement à l'Algérie française au mépris du droit, de l'histoire et de la géographie dans son immubialité. Chemin faisant, ils ont assassiné de sang-froid, emprisonné et forcé à l'exode, de paisibles citoyens en application des ordres pris à la légère par leurs supérieurs hiérarchiques. La reconnaissance par la France de ses responsabilités envers les pays qui ont enduré les affres de sa colonisation, a de tout temps été une revendication pressante des activistes français et africains, revendication qui se heurte hélas, aux leviers qu'offre opportunément le labyrinthe de la politique et de la diplomatie, tels les pressions de toute nature, les atermoiements, les promesses de Gascon, leviers soigneusement mis à profit pour dissuader les pays anciennement colonisés, de verser dans le sens de la satisfaction de leurs doléances, qui s'inscrivent pourtant en droite ligne dans les exigences du droit international, et de la morale publique tout court. Lorsque l'actuel pensionnaire de l'Elysée avait déposé sa candidature à la présidentielle, il avait promis à tous les Français d'origine algérienne et marocaine, de rouvrir le douloureux dossier de la responsabilité de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies, et donc de puiser dans les archives, les faits et les données y afférents. Cette promesse qui avait été appréciée en son temps à sa juste valeur, est malheureusement restée sans suite. Et comme il est de notoriété publique que l'histoire garde obstinément gravés à jamais dans ses manuels, les crimes commis contre les peuple, pris individuellement ou collectivement, et comme, s'agissant de ces mêmes crimes, le droit international exclut de ses lexiques la notion de prescription à l'effet de maintenir continuellement les criminels sous l'épée de Damoclès, il est grand temps de taper du poing sur la table, sans délai et sans concession. La France qui a reconnu officiellement sa responsabilité dans les pratiques de son armée en Algérie, ne peut ne pas savoir que le Maroc avait subi pour sa part, ces mêmes pratiques terribles et horribles, qui ne peuvent inspirer que honte et déshonneur à la république de France, pratiques qui doivent, aujourd'hui plus que jamais, interpeller la conscience collective des français pour que la France se résigne enfin à rejoindre l'histoire en marche, et à reconnaître la responsabilité de ses actes. Au vu de ses responsabilités au service de l'information, et partant de son souci de sensibiliser l'opinion publique, de lui apporter les éclaircissements nécessaires, le site d'information Barlamane.com, se propose d'entreprendre un examen approfondi du lourd dossier des exactions commises par les forces françaises en territoire marocain durant la période dite de protectorat. Il s'agit là d'un devoir qui découle tout naturellement de la responsabilité nationale, et que tout un chacun se doit d'assumer vis-à-vis de ceux qui ont consenti au sacrifice suprême, pour que vivent dans l'indépendance et la liberté, le Maroc et sa population dans ses diverses composantes. Alors que SM le roi Mohammed VI s'est empressé de mettre en place un système et une procédure d'indemnisation au profit de tous ceux qui avaient subi des exactions durant la période écoulée, le dossier des pratiques sanguinaires de la période coloniale, des excuses et de l'indemnisation qu'il implique, est resté quand à lui sans suite. Il importe donc de l'ouvrir, une œuvre à entreprendre sans plus tarder. A la mémoire de ceux qui ont été torturé, ceux qui ont rendu l'âme dans les prisons coloniales, ceux qui ont été froidement assassinés, nous nous devons de remémorer aujourd'hui leurs noms et leurs épopées, sachant que la liste de nos martyrs est longue, et que les exactions qu'ils ont endurés plus monstrueuses les unes que les autres. A titre d'exemple, nous rappelons : * les événements de Tadla aux toutes premières années de la colonisation, qui ont été marqués par le meurtre de plusieurs citoyens, dont des femmes et des enfants, à l'occasion de la révolte de Mohamed Ameziane. * les martyrs de l'année 1921 dans cette même région, dont des membres de la famille de Moha Ouhemou. * le poète Mohammed El Kari, décédé sous la torture au début des années trente. * les martyrs de Berkane en 1942 , dont le militant nationaliste Mohamed Ben Abdenbi. * les événements de souk à Rabat en 1944, et ceux de Salé durant la même année, et leur cortège de morts et de blessés. * le soulèvement à Casablanca du 7 avril 1947, marqué par des tirs à l'aveuglette en direction de citoyens innocents. * la manifestation du 15 août 1953 devant le palais royal pour dénoncer la conspiration contre le roi Mohamed V avant son exil forcé. Des dizaines de citoyens y ont rendu l'âme avec bravoure et détermination. * les assassinats au début des années cinquante de Allal Ben Abdellah, Mohamed Zerktouni, Rachidi, Houmane Fetwaki, Rehal Ben Ahmed, Moulay Ali Belarbi, Abderrahmane Serghini, tous des militants nationalistes qui ont bravé les forces coloniales. * les évènements du 16 août 1953 durant lesquels plus de mille manifestants ont trouvé la mort, et plusieurs autres ont été arrêtés, emprisonnés et affreusement torturés, ceux à quoi il faut ajouter les martyrs autrement plus nombreux de Khenifra, Marrakech, Sidi Bouatmane, Rhamna, AgadirOued Zem, Chaouiya, Casablanca, El Jadida, Tinghir etc.. Nous reviendrons sur d'autres épopées de cette période, ainsi que sur l'identité de ceux qui en ont été les héros, pour que la France sache que les crimes odieux du colonisateur ne peuvent et ne doivent en aucun cas être enterrés si facilement, comme elle l'avait fait pour les corps ensanglantés de nos martyrs, paix à leur âme.