Le militant marocain pour les droits de l'Homme Salah El Ouadie vient de réagir à la décision de Nasser Zefzafi et des 5 autres détenus qui ont adressé vendredi dernier une correspondance au ministre de la Justice et au ministère public demandant leur déchéance de la nationalité marocaine. Le journal électronique « Dabapress » a repris un texte qu'il a rédigé à cette occasion. Salah El Ouadie, poète, acteur civil et militant marocain pour les droits de l'Homme, vient de réagir à la décision de Nasser Zefzafi et des 5 autres détenus, Nabil Ahamjik, Mohamed El Haki, Samir Ighid, Wassim Bousrati et Zakaria Adhchour, qui ont fait part vendredi dernier de leur volonté de renoncer à la nationalité marocaine et de rompre leur lien d'allégeance au trône même en ayant pleine possession de leurs facultés mentales, intellectuelles et physiques. Dans un communiqué, les six signataires ont exprimé leur volonté d'abandonner la nationalité de l'Etat marocain et ce, à partir de la date de parution dudit communiqué. Zefzafi et ses cinq co-détenus tiennent « l'Etat marocain pleinement responsable de tout préjudice qui pourrait nous affecter mentalement et physiquement ». Ils en appellent également à « la communauté internationale, ses instances et ses institutions » pour « assurer le suivi de leur dossier » à partir de la date de parution du communiqué. Devant cette déclaration, Salah El Ouadie, poète, acteur civil et militant marocain pour les droits de l'Homme, est revenu 35 ans en arrière pour parler de ses souvenirs avec Abraham Serfaty, militant politique marocain qui a passé plus de 17 ans en prison pour délit d'opinion, un militant qui revendiquait constamment sa marocanité à l'heure où plusieurs personnes prétendaient qu'il n'était qu'un « infiltré brésilien ». « Aujourd'hui est une journée spéciale, à savoir le 24 août, pour moi. Il y a 35 ans de cela, j'ai quitté la prison centrale. Je me rappelle toujours de ce moment, je me souviens toujours des larmes de joie versées par mes amis au moment où je m'en allais. Driss Bouissef Rekab a été la dernière personne avec qui j'ai échangé avant de me retirer de la prison. Toutefois, le visage que je ne saurai jamais oublier est celui d'Abraham Serfaty », a-t-il précisé. « Son rire enfantin résonne encore dans mes oreilles. Cependant, je ne pense pas qu'il était très heureux à ce point vu qu'il savait à quel point nous faisions front commun contre les tentatives de torture durant nos longues années d'emprisonnement », a-t-il déclaré. « Toutefois, ces tentatives de torture ont fait chou blanc. A l'époque, je me souviens que les taraudeurs tentaient de récuser la marocanité de Serfaty en prétendant qu'il n'était qu'un simple brésilien qui s'est infiltré, en faisant savoir clairement qu'il devait retourner chez lui. Il a, d'ailleurs, été condamné à l'exil en France. Lorsque je l'ai rencontré à Vienne, en juin 1993, à l'occasion du Forum mondial des droits de l'Homme, il m'a fait part de sa marocanité et sa volonté de combattre jusqu'à son dernier souffle pour que personne ne lui prive de sa nationalité marocaine », a-t-il ajouté. « Abraham n'était pas seulement un militant onusien attaché à sa marocanité, il figure aussi parmi les militants suréminents qui soutiennent la cause palestinienne. Quand Abraham est revenu d'exil en 1999 au Maroc, j'ai été l'une des premières personnes à l'accueillir. J'étais accompagné de son épouse Christine Daure-Serfaty, la militante qui s'est illustrée au Maroc, pays où elle a combattu pour la défense des droits de l'Homme. Ce jour-là, Abraham était plus heureux que jamais », a-t-il fait savoir. « Abraham était content de son retour au Maroc, le pays qu'il a tant chéri et aimé, le pays où Abraham a passé ses dernières années aux côtés de son épouse Christine », a-t-il conclu.