Mohamed Ould Errachid met en avant les efforts du Maroc dans la promotion de l'égalité et de la parité entre les hommes et les femmes    Le Panama décide de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo « rasd »    Le Président chinois quitte le Maroc au terme d'une courte visite au Royaume    Sahara : les Etats-Unis réaffirment leur soutien à l'initiative marocaine d'autonomie    La Russie a déjà expédié près de 400 000 tonnes de blé au Maroc, confronté à de mauvaises récoltes céréalières    Le président chinois achève sa visite au Maroc après de riches entretiens avec le prince héritier Moulay El Hassan    L'UE n'a pas fini d'analyser les arrêts de la CJUE excluant les produits Sahara    Royal Air Maroc et GOL Linhas Aéreas concluent un accord de partage de codes    Concurrence : Viatris écope d'une amende    Inflation : l'IPC augmente de 0,7% en octobre    CMGP Group, spécialiste de l'irrigation, s'introduit en Bourse    Bank of Africa annonce le lancement de sa nouvelle filière privée    BIM investit 1 milliard de dirhams au Maroc    Automobile : MP Industry Group inaugure sa première usine à Tanger Med    Agence Nationale de Soutien Social : une étape historique pour la protection sociale au Maroc franchie    Démantèlement d'une cellule de "Daech" suite à un coup de filet antiterroriste maroco-espagnol    Gaza: tous les hôpitaux vont réduire ou cesser leurs activités "sous 48 heures" faute de carburant    Ce que l'on sait d'Orechnik, le missile balistique russe qui a semé la panique [Vidéo]    Présidentielle en Namibie. Un moment décisif pour la SWAPO    Démantèlement d'une cellule terroriste affiliée à "Daech" dans le cadre des opérations sécuritaires conjointes entre le Maroc et l'Espagne (BCIJ)    Qualifs. CAN de Basketball 25 / L'équipe nationale s'incline en ouverture face au Soudan du Sud    Première édition de Darb Race, le 8 décembre prochain à Dar Bouazza    Lancement de l'opération "Riaya 2024-2025" en faveur des zones touchées par la vague de froid    16ème Dar Maalma Expo 2024 célèbre les femmes artisanes marocaines et africaines    Les Enfants marocains, otages du monde virtuel    Morocco and Spain dismantle Daesh-linked terrorist cell in joint operation    Protection du patrimoine marocain : Mehdi Bensaïd affûte ses armes    Visa For Music : À l'ExpoStand, les musiques du monde se rencontrent!    Nadia Chellaoui présente son événement «Racines» le 26 novembre    Cinéma : "Gladiator II", le retour réussi de Ridley Scott    Election de Donald Trump : Quand le virtuel s'impose dans les urnes    Un projet de décret portant suspension de la perception du droit d'importation applicable aux bovins et ovins domestiques approuvé    De nouvelles pièces de monnaie pour célébrer la prochaine réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris    Températures prévues pour le samedi 23 novembre 2024    Les prévisions du vendredi 22 novembre    Royal Air Maroc et GOL Linhas Aéreas concluent un accord de partage de codes    Matt Gaetz, choisi par Trump secrétaire à la Justice, retire sa nomination    Raja-Wydad: Un derby en mode silencieux ce soir !    Qualifs. CAN de Basketball 25 / Maroc - Soudan du Sud ce vendredi: Horaire? Chaîne?    La situation au Moyen-Orient et les relations UE-Jordanie au centre d'entretiens entre Safadi et Borrell    Challenge N°946 : Du 22 au 28 novembre 2024    Casablanca accueille la première édition de « Darb Race »    Le Conseil de gouvernement adopte un projet de loi relatif à la protection du patrimoine    Tanger : Trois ans de prison pour les quatre mineurs ayant harcelé une fille    L'équipe du Maroc fait match nul avec l'Algérie 1-1    Une ouverture en fanfare    CAF Awards 2024: Le Maroc présent en force dans les nominations féminines    Censure : le régime algérien accuse Kamel Daoud d'avoir dit la vérité sur la « décennie noire »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le drapeau, la Nation et le hirak
Publié dans Les ECO le 05 - 02 - 2018

L'audience n°31 du procès du hirak du Rif a quitté le terrain juridique pour celui, glissant, de l'identité nationale. «Wach n'ta maghribi» (Es-tu marocain ?).. cette question lourde de sens pèsera dans le procès des militants du hirak.
Le procès des militants du hirak du Rif s'enlise. Et la séance du 1er février en était un exemple flagrant. Après cinq heures d'audience dans la salle n°7 de la Cour d'appel de Casablanca, les traits sont tirés, les silhouettes avachies. Il est 19 h 00 et les différents protagonistes de ce procès n'arrivent plus à dissimuler leur fatigue, chose qui se traduit par une impatience et des accrochages successifs. Cette «énergie négative», décrite par le représentant du parquet général, a fini par altérer le déroulement de l'interrogatoire. Une question malheureuse ou plutôt «un malentendu», selon le procureur, a fini par torpiller cette audience.
Quand l'audience s'indigne...
«Wach n'ta maghribi?», question que l'on peut traduire par : «est-ce que tu es marocain ?». Cette interrogation émane du juge Ali Torchi, président de la séance, à Mohamed Al Mahdani, 11e accusé à se présenter à la barre. Une fois ces mots lâchés, c'est le tollé général. La défense proteste. Les accusés crient au «scandale». Des membres des familles des détenus éclatent en sanglot. L'atmosphère devient électrique.
Me Khadija Rougani, membre de la défense, est la première à réagir. D'une voix nouée, elle lance un pavé dans la mare: «cette question laisse entendre la trahison». Et de rappeler un triste précédent: «c'est du jamais vu, depuis que Driss Basri a retiré la nationalité à Abraham Serfaty (ndlr :indépendantiste et militant politique marocain qui après 17 ans de prison fut expulsé en 1991 du Maroc vers la France par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Driss Basri, au motif qu'il était un ressortissant brésilien! ). Nous retournons à des heures sombres. Monsieur le Juge, vous nous menez vers l'inconnu», prévient-elle. Me Abdelkacem El Ouazzani renchérit : «Nous sommes dans un tribunal d'Inquisition». Face à la véhémence des réponses, le juge garde le silence. Les accusés quittent la salle. Les familles leur emboîtent le pas.
L'abcès est crevé...
Cette question a finalement crevé un abcès, celui de la lancinante accusation de «trahison». Les accusés, devant le juge, ont affirmé avoir été traités «de fils d'Espagnols» ou encore «de traîtres» au moment de leur arrestation à Al Hoceima. Lors de leur interrogatoire au niveau de la BNPJ, des questions récurrentes ont été posées au sujet de «leur appartenance nationale». «Nous ne sommes pas obligés de prouver notre nationalisme à chaque geste. Cela dure depuis 60 ans», ont-ils confié au juge Jawad Essabiri, quelques minutes avant la question polémique. «Monsieur le Juge, vous devez vous excuser. Nous ne laisserons pas cette question passer. C'est une atteinte à notre marocanité», lance Nasser Zefzafi, depuis le box des accusés. Les accusés scandent un slogan en réponse au juge: «Marocains, Marocaines, la justice est une mascarade dans ce pays». Les familles encore sous le choc quittent la salle en scandant aussi des slogans. Rachida, épouse de Mohamed Mejjaoui, un des meneurs de ce mouvement, proteste contre le comportement des forces de l'ordre qu'elle accuse de l'avoir bousculée, ainsi que [ses] deux filles en bas âge. En somme, le juge en charge de faire la police de l'audience a complètement perdu le contrôle de la séance. Il a fallu quelques minutes pour que la salle retrouve son calme. Rappelons le contexte de cette question. Le juge démarre l'interrogatoire d'El Mahdani par une question devenue classique dans ce procès: «Pourquoi portez-vous les drapeaux de la république du Rif et non le drapeau national?». À cette question, l'accusé répond: «Moi, je ne porte aucun drapeau lors des manifestations. Je suis citoyen marocain et fier de l'être». À cette affirmation claire, le juge pose sa question «qui n'a pas lieu d'être posée», selon les avocats de la défense. Me Mohamed Aghnaj abonde dans le même sens: «avec une telle question, la Cour a perdu de sa neutralité».Hakim El Ouardi, le procureur général, tente de reprendre le contrôle de l'audience avec finesse: «Dieu merci, ce sursaut d'orgueil de la salle montre une nouvelle fois que notre marocanité est une ligne rouge à ne pas franchir», affirme-t-il. La défense persiste et signe: «il faut que le juge retire sa question». Le procureur se transforme en défense de la Cour. «On ne peut affaiblir la justice, d'autant plus que cette demande n'a pas de fondement juridique», rétorque El Ouardi avec sa précision habituelle. Le juge tranche: «la Cour décide de refuser la demande du retrait de cette question». La Cour ne sera donc pas affaiblie, comme l'a souhaité le procureur, sauf que le danger de miner ce procès continue de planer, jusqu'à nouvel ordre.
«Séparatisme», le précédent de la majorité gouvernementale
Cette question du juge reprend une accusation galvaudée par les politiques et certains médias. En mai 2017, la majorité gouvernementale avait publié son fameux communiqué où elle prévient contre «l'instrumentalisation des revendications d'Al Hoceima de façon à nuire à l'intégrité territoriale du royaume». Le chef de gouvernement a reconnu que cette sortie était «une erreur» dans une interview accordée aux Inspirations ECO, à 2M et à Al Aoula en juillet 2017. Pourtant, cette suspicion autour de l'allégeance du Hirak s'est traduite en charges retenues par le parquet général contre ceux qu'on appelle les «meneurs du mouvement» (Zefzafi, Jelloul, Ahamjik, Mejjaoui et Al Assrihi). Chacun devait répondre de plusieurs chefs d'inculpation, notamment l'«atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat» (art. 201) et la «réception de fonds, de donations et d'autres moyens matériels destinés à mener et à financer une activité de propagande à même d'attenter à l'unité et la souveraineté du royaume» (art.206).


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.