Le malaise qui s'installe dans 2M ne peut laisser indifférent Nabil Benabdellah, ministre PPS de la Communication. C'est lui-même, et il le revendique avec un courage autant méritoire que téméraire, qui a été à l'origine du limogeage de cette chaîne de Nouredine Saïl et de son remplacement par Mustapha Benali, un ex-responsable-maison licencié, indemnisé et dont le procès court encore puisqu'il vient le 4 mai devant la Cour d'appel de Casablanca. Le malaise qui s'installe dans 2M ne peut laisser indifférent Nabil Benabdellah, ministre PPS de la Communication. C'est lui-même, et il le revendique avec un courage autant méritoire que téméraire, qui a été à l'origine du limogeage de cette chaîne de Nouredine Saïl et de son remplacement par Mustapha Benali, un ex-responsable-maison licencié, indemnisé et dont le procès court encore puisqu'il vient le 4 mai devant la Cour d'appel de Casablanca. Nabil Benabdellah qui a une perception de la tutelle assez littérale pour ne pas dire primitive a argué d'une divergence de vision avec Nouredine Saïl. Cela veut dire qu'il y avait entre les deux, ce qui avec le recul semble très peu probable, un débat d'idées assez vigoureux qui aurait été arbitré en haut lieu en faveur du ministre de la Communication. À la bonne heure, personne ne peut être chagriné de l'existence d'au moins un débat d'idées dans ce pays qui en manque tant. Mais de quel débat s'agissait-il ? 2M devait-elle renforcer, comme le souhaite avec conviction le ministre, le service public de télévision en plus de la TVM car le Maroc aurait besoin de deux télés publiques (!) fortes ou la remettre à niveau pour en faire – et les prétendants ne manquaient pas – la première chaîne de télévision privée marocaine, une sorte de TF1, avec des capitaux notamment nationaux? Si le débat était véritablement celui-ci, le fait qu'il se soit terminé par un limogeage assez spectaculaire et attentatoire à la dignité d'un homme à la compétence professionnelle reconnue - y compris par ses détracteurs – est une démarche très dangereuse. Un débat qui finit ainsi devait être certainement faux. En tout cas, c'est un débat qui relève des plus hautes sphères de l'Etat, du gouvernement dans sa globalité et du Parlement dans sa diversité. Ce n'est pas une affaire d'un ministre seul quel que soit l'entregent, pourtant réel, que l'on lui prête. Maintenant si Nabil Benabdellah considérait que Nouredine Saïl était un frein au libre-exercice de sa tutelle que l'on peut formellement qualifier de légitime s'il l'avait nommé lui-même, on comprend qu'il s'en débarrasse, avec pertes et fracas, et qu'il fasse appel pour le remplacer à un homme licencié de 2M et hébergé dans son propre cabinet, en attendant que l'intrigue soit nouée. Cela aussi peut être considéré comme légitime s'il s'agissait d'une simple affaire strictement familiale. Mais là n'est malheureusement ou heureusement pas le cas. Nabil Benabdellah, tout à son volontarisme et à sa fougue, a aujourd'hui les coudées franches sur les deux télévisions publiques qu'il occupe quotidiennement et personnellement, parfois avec réussite, sans que la communication gouvernementale n'en tire un quelconque profit. Sa proximité avec 2M fait de lui le responsable de ce qui peut arriver de pire ou de mieux à cette chaîne sachant que dans ce climat de «restauration» le pire est toujours à venir. La loi sur l'audiovisuel elle-même, son «œuvre», après avoir été relookée une fois par le Conseil de gouvernement, est en panne. Elle n'est pas passée devant le Conseil des ministres et elle a atterri chez le jeune Conseil supérieur de la communication audiovisuelle - instituée en son absence - pour sa refonte complète tellement elle est complètement inaboutie et illisible. C'est la TVM qui va pâtir de cette situation. C'est son futur statut qui se trouve pris en otage par une hasardeuse et aléatoire loi sur l'audiovisuel. Ainsi va la vie.