Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) se sent visé par une campagne, incluant journaux et partis politiques, en vue de lui causer du tort. Depuis le début du mois, les communiqués et les déclarations des militants du PPS se multiplient pour dénoncer un projet concerté visant à provoquer l'effondrement du parti. Que se passe-t-il au PPS? Les communiqués pleuvent. Les déclarations abondent. L'appel à la vigilance est devenu un mot d'ordre. Les alertes contre une conspiration sont désormais la denrée quotidienne des militants de ce parti. Mais quelle menace pèse donc sur la nation pour que le PPS multiplie les appels à la mobilisation générale ? A preuve, un premier communiqué du Bureau politique, datant du 8 mars, donne le ton. L'introduction qui occupe la moitié du communiqué laisse supposer qu'une menace d'une extrême gravité risque “d'entraver le processus démocratique complexe dans lequel le pays s'est engagé, de le déstabiliser ou d'impulser une régression“. Ensuite, les membres du Bureau politique attirent l'attention sur “les libertés menacées d'être détournées“, la “déferlante de défiance à l'endroit du pays, de ses institutions et de son processus réformateur“ et concluent que “la transition démocratique subit des attaques violentes et consécutives“. Pourquoi les membres du Bureau politique se sont-ils concertés pour parler d'une seule voix ? “Par solidarité avec notre camarade Nabil Benabdellah“. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, M. Nabil Benabdellah, a été critiqué par la presse, suite à la mauvaise gestion qui a été faite par les deux chaînes de télévision du séisme d'Al Hoceima. La polémique engendrée par la critique d'une gestion gouvernementale, relative à un sujet très précis, a été enterrée par un communiqué de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux. Ce communiqué réconcilie les publications qui ont critiqué le ministre de la Communication et les deux organes de presse du PPS. Tout le monde pensait que la page était tournée, mais voilà qu'un entretien du secrétaire général, M. Moulay Ismael Alaoui, avec une autre publication, relance l'affaire. En effet, l'entretien du secrétaire général du PPS avec l'hebdomadaire “Assahifa“ n'est pas passée inaperçu. M. Moulay Ismael Alaoui y a déclaré que “des chefs de partis de la majorité avaient perdu la raison“. Il accuse la Mouvance populaire unifiée (MPU) et le Rassemblement national des indépendants (RNI) de manœuvrer pour changer la composition de l'actuel gouvernement. Il se garde toutefois d'expliquer en quoi cette supposée initiative menace son parti. Mais le ton est donné, et il faut s'attendre à des ripostes des chefs des partis cités. Cela ne s'est pas fait attendre, puisque Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire (MP), y répond dans l'interview ci-contre. Après la réaction du communiqué du Bureau politique du PPS et les déclarations de son secrétaire général, le comité central de ce parti ne devait pas demeurer en reste. Il a rédigé un communiqué, datant du 14 mars, pour dénoncer “les attaques frontales visant le Parti“. Il dénonce “l'hystérie d'une campagne de presse anti-PPS“. Cette campagne ne vise pas cette fois-ci M. Nabil Benabdellah, mais le secrétaire général du PPS dont les déclarations “ont été arbitrairement soustraites de leur contexte, afin de se voir affecter des significations totalement contraires à la politique du Parti“. La persécution dont fait l'objet le PPS s'élargit, puisqu'elle augmente les rangs de la presse écrite, déjà incriminée dans le premier communiqué, par le titre de la publication à laquelle le secrétaire général a accordé un entretien. Le communiqué du comité central du PPS en conclut à sa “pleine considération et son total respect de la liberté de la presse“. Mais si le Parti, comme aiment à l'appeler ses militants, continue à accuser cette presse chaque fois qu'elle cite l'un de ses membres, il aura vite épuisé tous les titres de la place.