Nabil Benabdellah, lancien ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, avait déclenché un important chantier de modernisation du secteur de la presse écrite et de laudiovisuel, donnant ainsi un coup de pied dans la fourmilière. Il a osé remettre le Code de la Presse sur le tapis et même si avant son mandant, le nouveau Code na pas vu le jour, beaucoup de professionnels du secteur, même ses détracteurs, lui tirent chapeau pour le travail quil a fait. Au passage, il décroche une importante subvention étatique au profit du secteur. Natif de la ville de Rabat, Nabil Benabdellah pouvait avoir un tout autre parcours. En effet, enfant, il sest vu refuser laccès à lEcole Saint-Exupéry à Rabat et pour cause : «jai eu un blocage pour réciter lalphabet, ce qui ma valu le lendemain de prendre le chemin de lécole publique. Alors, jai passé toute une matinée à tendre la main pour prendre un coup de baguette du maître décole. Heureusement, en rentrant à midi, mon frère était revenu avec une lettre du Directeur de la Mission disant que jétais accepté, et laprès-midi jai commencé les cours à Saint-Exupéry». Très jeune, il portait des idées de changement et de justice. Il poursuit ses études au Lycée Descartes où il obtient un Baccalauréat option lettres modernes A4 Lettres en 1977. Cest à partir de ce moment-là que le parcours de ce politicien va commencer. En effet, juste après le Bac, il rejoint l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) pour poursuivre ses études supérieures. Et cest justement à Paris où il commencera à fréquenter différents groupes au sein de lUNEM; il sera vite attiré par cette école de rationalité et dobjectivité quest le Parti du Progrès et du Socialisme. «Cest un choix de rationalité ; dailleurs le parti a eu cette force de dresser des analyses à contre-courant sans se laisser entraîner dans la facilité. Le style du PPS et ses principaux repères mont profondément marqué». Nabil Benabdellah occupera diverses responsabilités au sein du Parti du Progrès et du Socialisme ainsi quà lUnion Nationale des Etudiants du Maroc, à Paris et en Europe occidentale de 1977 à 1985. Il a, par ailleurs, été élu Premier Secrétaire de la Jeunesse Marocaine pour le Progrès et le Socialisme de 1988 à 1994. Il présidera également La Jeunesse Socialiste de 1994 à 1998. Membre actif du Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme, il a travaillé en parallèle en tant quinterprète-traducteur assermenté agréé par le ministère de la Justice et depuis 1987, expert près les juridictions. Mais surtout il a marqué le coach par son influente plume de journaliste. Dailleurs, il assurera la Direction des quotidiens du Parti, à savoir «Al Bayane» et «Bayane Al Youm» doctobre 1997 à septembre 2000. Membre du Conseil d'administration de la Fondation des 3 Cultures, aujourdhui Nabil Benabdellah est très présent sur la scène politique et culturelle. «Sur le plan politique, je travaille sur deux chantiers importants : dabord la restructuration et la modernisation des méthodes de travail du parti. De manière générale, le champ politique a besoin dun coup de fouet pour être re-crédibilisé, il a besoin dun lifting. Au niveau du PPS, nous avons une volonté de changer de mode de travail et dorganisation pour être en mesure de convaincre. Lautre chantier important est le rassemblement des forces de gauche qui avance bien mieux vers des alliances politiques nouvelles». Nabil Benabdellah est également Président du Festival du Film de Tétouan auquel il a redonné un nouveau souffle. De même quil est Président de lAssociation des Amis dAzemmour. Déjà en tant que ministre, Nabil Benabdellah nétait pas «langue de bois». Cela dit, sa philosophie du travail est la pondération. Pour gérer une crise ou un conflit, il faut savoir dabord gérer son être, son égo et sa subjectivité. Il faut garder la tête froide et laisser passer le temps pour faciliter le désamorçage des crises. Le recul permet également davoir des réactions positives». Nabil Benabdellah nest pas pour autant une brebis puisque ses adversaires reconnaissent en lui un rival de taille. Même ses collaborateurs ont pu tester sa passion pour la perfection du travail. «Il nest pas évident de travailler avec moi, mais mes collaborateurs sont toujours récompensés par cette agréable sensation du devoir accompli». Nabil Benabdellah se défend dêtre rancunier. Pour lui, même les plus graves divergences finissent par sestomper avec le temps et puis, quand lintérêt général limpose, il est prêt à travailler côte à côte avec ses adversaires. Il faut dire quen dépit de tout, il a su faire montre desprit sportif. Et cest un vrai sportif avec une moyenne de 4 séances dexercice par semaine en plus de la natation. Cest également un vrai mordu de cinéma puisquil regarde au minimum un film par jour. La lecture, il en raffole et, actuellement il est fixé sur deux grands bouquins : «Ghandi», de Jacques Attali et «Limmeuble Yacoubian» dAlae Aswani quil relit en arabe. Mais pour faire le vide dans sa tête, lastuce est bien le jeu de cartes et surtout le Touti marocain, avec ses amis. En parlant damis, au sein du parti, Nabil Benabdellah entretient une excellente relation avec Isamaïl Alaoui et Khalid Naciri. Au-delà du combat politique commun, il sest lié damitié avec eux. «On se voit pratiquement chaque jour. Il se peut quon ait des avis différents sur une même question mais nous travaillons en parfaite entente». Sur ses rapports avec Khalid Naciri, actuel ministre de la Communication, il explique quils se connaissent depuis 25 ans. Cette proximité nest pas uniquement idéologique et dapproche, mais elle sest transformée en une amitié solide. «Après, à chacun son style». Des rumeurs circulant actuellement désignent Nabil Benabdellah comme futur Secrétaire général du PPS. Pourtant, «ce nest pas dans mes ambitions. Mon désir est dopérer un changement au niveau du parti mais non pas doccuper le poste de Secrétaire général. Si jamais on men faisait la proposition, jaurais du mal à accepter pour des raisons personnelles». Le journalisme ? Il nest pas vraiment à lordre du jour, Nabil Benabdellah observe ce qui sy passe mais na nullement envie dy revenir actuellement. «Jécris dans la politique, je rédige des déclarations et des rapports sur la situation politique du pays, mais pas darticles». Au fond de lui-même, lidée décrire un livre germe mais elle est encore loin même du stade de projet. Il faut dire que lhomme est sollicité un peu partout pour animer des débats et des conférences aussi bien au Maroc quà létranger. Mais une chose est sûre, et Nabil Benabdellah en est bien conscient : si la vie était à refaire, il accorderait plus de place à sa vie personnelle. «Jai été irresponsable de ce côté-là en donnant tout pour laction publique».