L' émission «Fil Ouajiha» produite et animée par Malika Malek a été rayée du programme mercredi dernier pour un conflit mineur. La première victime de cette annulation reste la chaîne 2 M qui subit le plus grand préjudice dans cette affaire qui dénote un malaise de plus en plus persistant. L'affaire de Malika Malak productrice à 2M, accusée de chantage par l'administration de la chaîne, traduit sans aucun doute un malaise plus profond que celui que laissent apparaître les faits. L'état de grâce qui a entouré le retour de Mustapha Benali en tant que directeur général après son licenciement, son procès et finalement son indemnisation, semble avoir fait long feu. La grâce n'a duré qu'un temps car elle était cimentée par un esprit de revanche, assez inédit et assez spectaculaire, dans nos mœurs administratives. Ce que Mustapha Benali considérait être comme une réhabilitation personnelle devait se faire au détriment du bilan, de l'action et du tempérament de son prédécesseur Nouredine Saïl. Le limogeage brutal et, à ce jour, inexpliqué, si l'on met de côté les ragots, assez infâmes, qui l'on a préparé, a libéré une énergie négative telle que le retour de Mustapha Benali a été accueilli, semble-t-il, par les youyous d'un personnel, toutes catégories confondues, tout à coup «exonéré» d'un véritable projet d'entreprise ambitieux, mais exigeant parce que, justement, professionnel. La liesse de la réhabilitation ne pouvait, malheureusement donner lieu qu'à des pratiques populistes et démagogiques, une espèce de management indigent qui au-delà de «désaïlisation» systématique de la chaîne montre aujourd'hui ses limites profondes. Les interviews, en rafale, dans la presse données par Mustapha Benali dans lesquelles il met en cause systématiquement son prédécesseur ont, au-delà de toutes retenue, réserve ou pudeur, constitué certes un précèdent exceptionnel mais surtout ouvert la voie à une restauration d'un régime ancien dont la seule vertu découle, contre toute logique, de son antériorité. Mustapha Benali est revenu, tous ceux qui pour une raison ou pour une autre, peu importe, avaient quitté 2M, devaient revenir dans une espèce de droit, massif, au retour. Celui-ci étant, bien entendu, un projet d'entreprise en soi qui se suffisait naturellement à lui-même. Le problème de 2M aujourd'hui c'est qu'elle n'a plus de projet. Le management par les youyous et l'esprit de revanche a montré les faiblesses qui lui sont inhérentes. Quelle est la mission de 2M ? Sa place dans le paysage médiatique national? Son identité notamment par rapport à la TVM? Quels sont ses objectifs ? Quelle peut être sa contribution à la démocratie ? Sur tout cela la chaîne est muette. Elle est également silencieuse sur son rapport à sa gestion de l'information, à l'avenir de ses rédactions, à l'évolution sur le plan des statuts et de la formation de son personnel. Mustapha Benali est de retour cela devrait être, probablement, suffisant pour ceux qui ont organisé et planifié, ce bond fantastique vers le passé alors que, dans le domaine médiatique, les contraintes de l'avenir sont là. Renouer avec un fournisseur de programmes comme Ihab Abdelmajid et sa société Nadine pour plus de 80% d'achats de programmes devait être certainement impérieux pour 2M. Dans la foulée et dans la même ambiance, monter au prix fort sur Nile Sat relevait de la survie de cette chaîne alors que la couverture de ce satellite, au signal assez mauvais, n'ajoutait presque rien à ce qu'offre actuellement 2M avec une qualité indiscutable Astra, Hotbird et Panamsat à moins que la couverture du nord du Mali ou du Tchad nécessite un investissement stratégique de cette nature. Réinstaller les pratiques anciennes d'une régie publicitaire, Régie 3 en l'occurrence, en privant objectivement la chaîne de ressources supplémentaires au profit d'autres intervenants, sans donner à cette régie les moyens de son autonomie et de son développement que réclame depuis longtemps son mangement, relève certainement aussi d'une stratégie d'avenir. Aujourd'hui, 2M navigue à vue, au petit bonheur la chance, dans les mêmes eaux que la TVM, une chaîne dont la vocation «institutionnelle» est la signature exclusive, en offrant aux téléspectateurs marocains des images sans convictions, sans identité et sans intelligence. On ne fait pas une télévision moderne avec comme objectif une revanche personnelle et la restauration d'intérêts particuliers lésés dans le passé récent par une gestion, peut-être plus autoritaire, mais là c'est le tribut de la compétence et du professionnalisme, mais certainement plus autonome, plus rigoureuse et moins captive.