Médicaments : Chers ou pas chers ? Lors du débat, la question du prix du médicament s'est imposée avec force. D'après le ministre, au-delà de l'inaccessibilité géographique, nous faisons face à une inaccessibilité d'ordre économique. En d'autres termes, «les médicaments sont chers au Maroc». Un point de vue qui semble ne pas être partagé par les officinaux qui s'estiment lésés de cette baisse des prix consécutive. «Je ne connais pas un seul médicament dont le prix n'a pas été revu à la baisse depuis 17 ans. Plus de 400 médicaments ont vu leur prix baisser de plus de 40% et par conséquent nos chiffres d'affaires ont chuté, majoritairement d'environ 50% lors de ces trois dernières années. Ce ne sont pas les médicaments qui sont chers au Maroc, c'est plutôt le pouvoir d'achat qui l'est», note un pharmacien d'officine présent lors du débat. Dans ce sens, il est à signaler que la consommation du Marocain en médicaments est de 400 DH par an. Ce qui est relativement faible bien que 70% des besoins soient couverts. Pour les foyers marocains, 57% du budget sont consacrés aux soins dont 40% réservés aux médicaments, le pouvoir d'achat des citoyens étant faible et ne permettant pas l'accès aux remèdes chers. Ceci dit, ces officinaux reconnaissent que la baisse des prix est nécessaire pour certains médicaments mais exige un minimum de mesures d'accompagnement pour éviter l'aggravation de la crise dont souffre leur profession. Des biosimilaires circulent en absence des lois ! Au Maroc, bien que quelques biosimilaires soient déjà commercialisés, aucune loi n'existe jusqu'à nos jours pour régir ce volet. Ce qui est, selon Pr. Louardi, «extrêmement dangereux. Il faut sortir des lois et mesurer les risques de ces substitutions». Dans ce sens, et en attendant qu'il y ait encadrement juridique, une circulaire ministérielle a été lancée et autorise les essais cliniques des biosimilaires. «Parallèlement à cela des lois sont en cours d'élaboration et seront bientôt présentées devant le gouvernement», note Pr. Louardi. Les professionnels de la santé ont également insisté sur la nécessité de la mise en application du décret sur la bioéquivalence, adopté en mai dernier par le Conseil de gouvernement. Il est à noter que ces médicaments, à l'encontre des génériques qui sont une copie chimique du princeps, sont une sorte de copie biologique. En d'autres termes, ils ne sont pas forcément identiques chose qui peut entraîner une efficacité moindre. Se voulant rassurant, Louardi conclut: «Il faut être vigilant à l'enregistrement des biosimilaires. Nous nous portons garants et nous assurons les laboratoires et industriels qu'il n'est pas question de céder place au monopole d'un médicament au profit d'un autre». Droit de substitution des génériques prochainement instauré «Plusieurs professionnels, dont moi-même, doutent de la qualité de quelques génériques». Cette phrase, bien que prononcée par le ministre de la santé lui-même, ne devrait pas inquiéter les industriels et les officinaux. La politique pharmaceutique nationale, telle présentée par Pr. Louardi, entend garantir l'accessibilité et la disponibilité du médicament. Deux objectifs dont la concrétisation passera essentiellement par la promotion du générique et l'organisation du circuit de distribution. «Je suis pour la substitution. Il faut permettre au générique d'accéder au marché des médicaments». Le générique, qui représente 28% du marché privé du médicament et 80% du marché public, prend une grande place de la politique pharmaceutique en cours d'élaboration. Ces médicaments sont mois chers à hauteurs de 70, à 80%. Dans ce sens, Pr. Louardi prône la prescription en Dénomination Commune Internationale (DCI). «La prescription en DCI devient une nécessité, eu égard aux politiques de substitution. Ce mode de prescription résout catégoriquement le problème de la rupture des stocks». Toutefois, il paraitrait, selon lui, que ceci serait «beaucoup plus facile en théorie».