Les médicaments coutent chers, ce qui limite énormément l'accès des patients aux soins. Une situation choquante et pénalisante pour un grand nombre de nos concitoyens et plus particulièrement les économiquement faibles, les démunis, les chômeurs… Les médicaments coutent chers, ce qui limite énormément l'accès des patients aux soins. Une situation choquante et pénalisante pour un grand nombre de nos concitoyens et plus particulièrement les économiquement faibles, les démunis, les chômeurs… Pourtant des solutions existent pour remédier un tant soit peu à ces anomalies. Parmi ces solutions, il y a les médicaments génériques. Ils font aussi bien que leurs homologues de marques, mais ils sont 30 à 50 % moins chers. Qu'est-ce que les médicaments génériques ? Lorsqu'un laboratoire met au point un médicament, il garde l'exclusivité de sa commercialisation jusqu'à l'expiration de son brevet et jusqu'à l'expiration de la durée de protection des données de l'Autorisation de Mise sur le Marché ( A.M.M), une durée qui n'excède pas 10 ans en moyenne. Dépassé ce délai, une copie du produit original peut ensuite être développée et commercialisée par un autre laboratoire. On l'appelle médicament générique. La définition marocaine du médicament générique est contenue dans la loi 17/ 04 du code du médicament et de la pharmacie, dans son article 3 aliéna 5. Définition : «on entend par spécialité générique d'une autre spécialité, une spécialité qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité». Les médicaments génériques existent au Maroc depuis les années 70, et, même pour certains médicaments, le générique a été introduit avant le princeps, c'est-à-dire issus de la molécule mère Les effets thérapeutiques générés par les génériques sont similaires à ceux des princeps avec un avantage certain sur le coût intéressant tant pour le patient que pour les caisses de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Ce qui devrait normalement et en toute bonne logique permettre un meilleur accès de tous aux médicaments et, partant, une démocratisation de la santé. Valent-ils les originaux ? Même molécule active que le produit de référence, en dosage et en qualité, et même forme pharmaceutique. Ainsi est défini le médicament générique, ce qui devrait en toute bonne logique permettre aux prescripteurs (médecins) d'opter pour ces médicaments au moment d'établir une ordonnance. Sur le terrain, il en va autrement, il faut dire que les génériques, ces médicaments moins chers n'ont pas la cote, ils sont boudés, ignorés par certains médecins, qui reprochent aux génériques des problèmes de tolérance (diarrhée, voire palpitations, sensation d'essoufflement) et d'efficacité, problèmes qu'ils attribuent au conditionnement différent du médicament générique (gélule au lieu du comprimé habituel, enrobage différent du médicament modifiant son goût, son absorption ou sa conservation, etc.). Il est vrai que lorsqu'on change un médicament par un autre, intervient un facteur psychologique qui joue un rôle important, cela s'est surtout vérifié dans certaines maladies mentales ou certaines pathologies cardiovasculaires Pourtant il n'existe à ce jour aucune raison scientifique pure pour se méfier des génériques. Néanmoins, leur forme, leur apparence, leur capacité à être bien digérés par l'organisme peut légèrement changer, ce qui pourrait expliquer les variations de leur efficacité (un médicament moins bien toléré est souvent plus facilement oublié...). A qui profite le générique ? Soucieux d'assurer à un plus grand nombre de nos concitoyens un plus large accès aux médicaments, un objectif noble qui s'inscrit dans une approche qui privilégie une plus grande justice sociale en matière de santé. Pour réussir ce challenge et relever ce défi, le Maroc doit s'investir dans la promotion des médicaments génériques. Il ne fait aucun doute que les médicaments génériques représentent aujourd'hui un réel enjeu économique. Dans ces conditions, il est légitime de se poser la question de savoir à qui profite le générique ? On ne le dit pas souvent, mais les premiers bénéficiaires des médicaments génériques sont les patients qui profitent indirectement des économies réalisées et ce grâce aux prix des génériques qui coutent 30 à 50 % moins chers que les princeps. En outre, il faut savoir aussi que la stratégie des génériques a eu un réel impact sur certains princeps qui ont vu leurs prix baissés et dont certains sont a peine un peu plus chers que les génériques C'est élémentaire, ça coule de source, bien entendu que cela profite aux laboratoires qui fabriquent les médicaments génériques, alors que la situation est délicate pour ceux qui cèdent leurs brevets. On a tendance à croire que les pharmaciens d'officines sont contre les médicaments génériques, et, qu'ils leur préfèrent les princeps car la marge bénéficiaire est plus importante. Ce qui est totalement faux car les pharmaciens d'officines ont compris mieux que tous les autres que c'est avec la promotion du générique qu'ils pourront se faire de bons chiffres d'affaires, à condition, disent-ils, que les prescriptions médicales soient établies en dénomination commune internationale ou DCI (sous le nom chimique de la molécule) surtout pour tous les médicaments qui ont des génériques. En outre, les pharmaciens tiennent aussi à ce qu'ils puissent exercer le droit de substitution. Ils faut reconnaître que bien des médecins chez nous ne sont pas encore intéressés ou tout au plus ne prête pas d'attention au développement des médicaments génériques, un constat qui n'est nullement le fruit du hasard ou une simple vue de l'esprit, non et mille fois non car nous savons très bien de quoi nous parlons. Sous d'autres cieux, la place qui est accordée aux médicaments génériques revêt un caractère très important. Tous les habitants de ces pays sont, non seulement sensibles aux multiples avantages qu'ils peuvent tirer de ces médicaments moins chers, mais ces mêmes habitants font preuve d'un très grand degré de civilisation et de civisme en adhérant massivement aux décisions et voies qui sont à même de leur assurer la pérennité de leur sécurité sociale et, partant, à l'assurance maladie. Le meilleur exemple est celui des pays européens et des Etats Unis où le poste du générique représente 60 voire 80 % Pourtant au niveau de ces mêmes pays, le pouvoir d'achat des citoyens fait rêver plus d'un, ce n'est nullement une question de moyens, mais bien plus une question de conscience, de choix raisonné, de responsabilité. Dans ces conditions, on peut se poser des questions car certains médecins marocains, contrairement à leurs confrères européens ou américains n'adhérent pas à la stratégie qui vise à promouvoir ces médicaments et ce malgré la multiplication des médicaments génériques dans notre pays où la pénétration des génériques dans le système de santé n'est que de 25 %. Pour expliquer ce paradoxe, nous dirons tout simplement que le médecin marocain prête énormément d'intérêt aux réactions de ses patients, il est constamment à l'écoute de ces derniers, comme il est très attaché aux attitudes et choix thérapeutiques qui font leurs preuves et qui donnent de très bons résultats et surtout qui satisfont les patients. Partant de ce constat et de ces préalables, il est compréhensible d'admettre et de comprendre le peu d'intérêt pour les médicaments génériques par un grand nombre de nos médecins qui sont très attachés a la relation de confiance que leur témoignent leurs patients… Il est clair dans ces conditions de dire que les génériques ne profitent pas aux médecins. En effet, les médicaments génériques profitent à l'assurance maladie obligatoire qui peut réaliser des économies énormes. Mais avant d'aller plus loin , il faut savoir que depuis l'entrée en vigueur de l'AMO, la CNOPS a déboursé près de 1,3 milliard DH rien que pour son poste pharmacie, sans compter les médicaments achetés par les autres assurés auprès des officines et remboursés ensuite. Toutes catégories de maladies confondues, le poste médicament représente, en moyenne, 47% de la facture. Ce qui, pour le directeur de la Cnops, Abdelaziz Adnane, est «inadmissible car dans des pays où l'assurance maladie est développée, le médicament ne représente pas plus de 20% de la facture». Pour l'AMO ce n'est plus vivable, et l'avenir même de l'Assurance maladie sera remis en cause. Réguler les dépenses de l'assurance maladie obligatoire (AMO), pour assurer la pérennité du système de santé, devenait un objectif prioritaire qui ne pouvait souffrir d'aucun retard, c'est maintenant ou jamais. C'est ce qui se fait actuellement. Les organismes gestionnaires s'en félicitent et sont unanimes pour reconnaître que tout le monde est gagnant : Pour les malades, cela permettra de développer et préserver l'assurance maladie obligatoire Pour les organismes gestionnaires, de préserver l'équilibre de leurs budgets Pour les médecins de soigner plus de patients et de mieux orienter les ressources financières de l'AMO. Pour les pharmaciens de se repositionner comme acteurs essentiels du circuit du médicament Pour les industriels de pouvoir discuter avec les autorités de la politique du prix du médicament Un enjeu pour l'équilibre financier de l'AMO Les médicaments génériques sont beaucoup moins chers que les médicaments originaux car ils ne supportent plus le coût de la recherche. Nous devons donc les utiliser, il en va de la sauvegarde collective de notre système de santé. De la viabilité de l'Assurance maladie et du régime d'assistance médicale aux économiquement démunis. L'AMO repose sur un système de solidarité nationale et en tant que telle, nous devons participer a sa sauvegarde pour le plus grand bien de tous. Dans les pays européens, les médicaments représentent 12 à 18 % des dépenses globales de santé. L'écart important de 50% des dépenses entre pays relève dans une large mesure des effets cumulés des prescriptions immodérées aussi bien que du niveau de recours aux médicaments génériques. A titre d'exemple, en 2006, les médicaments génériques représentaient 56 % de l'ensemble des médicaments en Allemagne et 64 % en Grande Bretagne en terme d'unités, ce taux était de 63 % aux USA et ce malgré la présence d'un lobby important des laboratoires pharmaceutiques . En terme de dépenses, ces génériques représentaient à peine 22 à 26 %. Au Maroc, le poste médicaments représente 34 % des dépenses globales de santé. Ce chiffre cache plusieurs réalités : - Les prix des médicaments sont trop chers - Un recours faible aux médicaments génériques qui ne dépassent pas 25% - 70% des médicaments sont achetés en officines sans consultations médicales préalables . Exception faite du ministère de la santé qui déploie de très grands efforts pour développer la culture du générique au Maroc et de certains laboratoires génériqueurs. Il est évident que le développement des médicaments génériques au Maroc reste entier .La prise de conscience par les professionnels de santé , en particulier les prescripteurs et certains assurés en vue d'adapter leur comportement est un défi constant . L'atteinte des résultats escomptés aura pour corollaire l'élargissement des prestations couvertes et l'amélioration de leur niveau de tarification. C'est une affaire d'intérêt général. Tout le monde y gagne.