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Les médicaments génériques : Un enjeu économique essentiel
Publié dans Albayane le 26 - 02 - 2012

Le ministre de la Santé, le professeur Houcine Louardi, accorde un grand intérêt à la démocratisation de l'accès aux soins. Ce souci a toujours prévalu chez lui depuis des années en tant que professionnel de santé , spécialiste et expert en urgentologie, en tant qu'enseignant et doyen de la faculté de médecine.
Il a organisé et participé à des caravanes médicales dans des zones parfois inaccessibles pour aller sur place aux contacts des populations qui sont privées de tout afin de soigner ceux qui sont malades et remettre les médicaments indispensables à leurs destinataires.
Soulever le problème de la prise en charge des malades fait obligatoirement référence aux médicaments qui sont des produits stratégiques dans la promotion de la santé.
Mais voilà que ces mêmes médicaments sensés apaiser, soulager, contribuer à la restauration des états de santé déficients des malades, sont parfois hors de portée de ces mêmes malades et plus particulièrement celles et ceux qui sont pauvres.
Lorsqu'un laboratoire met au point un médicament, il garde l'exclusivité de sa commercialisation jusqu'à l'expiration de son brevet et jusqu'à l'expiration de la durée de protection des données de l'Autorisation de Mise sur le Marché (A.M.M), une durée qui n'excède pas 10 ans en moyenne. Dépassé ce délai, une copie du produit original peut ensuite être développée et commercialisée par un autre laboratoire. On l'appelle médicament générique.
La définition marocaine du médicament générique est contenue dans la loi 17/ 04 du code du médicament et de la pharmacie, dans son article 3 aliéna 5 on peut lire : «on entend par spécialité générique d'une autre spécialité, une spécialité qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité." Les médicaments génériques existent au Maroc depuis les années 70, et, même pour certains médicaments, le générique a été introduit avant le princeps, c'est-à-dire issus de la molécule mère. Les effets thérapeutiques générés par les génériques sont similaires à ceux des princeps avec un avantage certain sur le coût intéressant tant pour le patient que pour les caisses de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO.) Ce qui devrait normalement et en toute bonne logique permettre un meilleur accès de tous aux médicaments et partant une démocratisation de la santé. Sur le terrain, il en va autrement, il faut dire que les génériques, ces médicaments moins chers n'ont pas la cote , ils sont boudés , ignorés par certains médecins, qui reprochent aux génériques des problèmes de tolérance (diarrhée, voire palpitations, sensation d'essoufflement) et d'efficacité, problèmes qu'ils attribuent au conditionnement différent du médicament générique (gélule au lieu du comprimé habituel, enrobage différent du médicament modifiant son goût, son absorption ou sa conservation, etc.).
Des anomalies pénalisantes
Le prix des médicaments au Maroc est très élevé, ce qui limite énormément l'accès des patients aux soins. Une situation choquante et pénalisante pour un grand nombre de nos concitoyens démunis. Ce constat a été corroboré par une commission de parlementaires qui ont élaboré et rendu public le fameux rapport sur le prix des médicaments qui coûtent plus chers que dans certains pays Européens, ou plus prés de chez nous plus couteux qu'en Algérie ou en Tunisie. Il faut revenir en arrière pour bien comprendre les raisons de ces anomalies qui sont le résultat d'une anarchie quant aux décisions qui sont prises pour décider des prix des médicaments et plus précisément aux années 60-70. Les laboratoires fabricant ces médicaments ont toujours eu le monopole de ces produits. Ils agissaient comme bon leur semble même concernant les prix. Pour justifier les hausses constantes, ils mettaient en avant l'argument de la cherté des matières premières ….
Bref les fabricants s'en mettent plein les poches depuis des décennies, le malade est le dernier de leur souci. Les grossistes arrivent en seconde position, eux aussi se sucrent les fraises au passage toujours sur le dos des malades. Et puis comme il n'y a pas deux sans trois, il y a les pharmaciens qui empochent 30 % du prix du médicament et c'est encore une énième fois le patient qui casque.
Un médicament moins cher
Maintenait, je comprends mieux pourquoi on l'appelle le « Patient ».
Il est vrai que quelque 400 produits ont connu quelques baisses substantielles, mais ce qu'il faut savoir, c'est que le nombre des produits vendus en pharmacie s'élève a prés de 5.000 spécialités, ce qui donne une idée sur les opportunités de gains qui sont réalisées par tous les intervenants. Il ne faut surtout pas venir nous raconter des histoires des pharmaciens qui sont en faillite et autres balivernes à dormir debout.
Pourtant des solutions existent pour remédier un tant soit peu à ces anomalies. Parmi ces solutions, il y a le médicament générique qui coûte 30 à 50 % moins cher que le médicament dit original. C'est une solution qui a le mérite de permettre aux économiquement faibles, à ceux qui ont des revenus modestes de pouvoir se faire correctement soignés en ayant accès à des médicaments efficaces, qui ont toutes les garanties dont la fameuse (A.M.M), la bioéquivalence…
Une opportunité à saisir
Parmi les différents projets sur lesquels le Maroc doit investir, la promotion des médicaments génériques représente un enjeu majeur. En effet, réguler les dépenses d'assurance-maladie pour assurer la pérennité du système de santé nécessite, entre autres, de bien maîtriser le poste médicament comme dans tous les pays ayant mis en place un système de santé solidaire. En augmentant la part des médicaments génériques prescrits pour les pathologies les plus fréquentes l'ANAM compte faciliter l'accès aux soins du plus grand nombre. Pour cela, il faut faire évoluer les représentations et les comportements des professionnels et des patients car le générique doit encore convaincre pour pouvoir devenir l'un des outils de maîtrise. L'essor de la consommation de médicaments génériques ne saurait être naturel, l'ANAM a donc décidé de travailler à l'élaboration d'une campagne d'information et de sensibilisation dans l'intérêt général.
Le but recherché au travers de cette campagne est de construire la confiance dans les médicaments génériques : confiance dans l'Etat qui régule et garantit la qualité, confiance dans les industriels qui fabriquent et confiance dans les professionnels qui prescrivent et délivrent. La promotion des médicaments génériques au Maroc est une action qui s'inscrit dans les missions et plans d'action de l'agence sur le long terme. Grâce aux actions qui seront menées en partenariat avec tous les acteurs, le médicament. générique sera compris comme une opportunité:
Pour les malades de développer et préserver l'assurance maladie obligatoire
Pour les organismes gestionnaires de préserver l'équilibre de leurs budgets
Pour les médecins de soigner plus de patients et de mieux orienter les ressources financières de l'AMO.
Pour les pharmaciens de se repositionner comme acteurs essentiels du circuit du médicament
Pour les industriels de pouvoir discuter avec les autorités de la politique du prix du médicament
Un acte de citoyenneté par excellence
L'enquête parlementaire sur le prix des médicaments a permis de montrer au grand jour une situation anormale, une aberration et une injustice sociale qui à terme, aurait fini par mettre à genoux l'AMO et donc ruiné les espoirs de toute une nation.
Nous ne pouvons pas nous permettre de payer plus cher que nécessaire les médicaments que nous utilisons. Lorsqu'une spécialité pharmaceutique n'est plus protégée par un brevet, des copies, les médicaments génériques, apparaissent. Ils ont la même teneur en principe actif et les mêmes effets, ils sont donc parfaitement substituables.
Leur avantage ? Ils sont beaucoup moins chers que les médicaments originaux car ils ne supportent plus le coût de la recherche. Nous devons donc encourager leur utilisation, c'est le rôle qui est dévolu aux prescripteurs, c'est-à-dire aux médecins, il en va de la sauvegarde collective de notre système de santé. de la viabilité de l'Assurance maladie et du régime d'assistance médicale aux économiquement démunis, le fameux RAMED. Cependant, le malade qui souhaite se soigner avec un médicament original, pourra le faire, mais devra en assumer le surcoût. Sachant que le remboursement actuel se fait sur un tarif basé sur le prix du générique le moins cher. Ainsi, un patient qui choisit un médicament original plus cher devra en assumer lui-même le surcoût.. Chacun doit assumer pleinement ses responsabilités, l'AMO repose sur un système de solidarité nationale et en tant que telle, nous devons participer a sa sauvegarde pour le plus grand bien de tous.
C'est un acte de citoyenneté appréciable que nous devons tous prendre en considération.
Les génériques : tout le monde y gagn !
Dans les pays européens, les médicaments représentent 12 à 18 % des dépenses globales de santé. L'écart important de 50% des dépenses entre pays relève dans une large mesure des effets cumulés des prescriptions immodérées aussi bien que du niveau de recours aux médicaments génériques.
A titre d'exemple : en 2006 les médicaments génériques représentaient 56 % de l'ensemble des médicaments en Allemagne et 64 % en Grande Bretagne en terme d'unités, ce taux était de 63 % aux USA et ce malgré la présence d'un lobby important des laboratoires pharmaceutiques. En terme de dépenses, ces génériques représentaient à peine 22 à 26 %. Au Maroc, le poste médicaments représente 34 % des dépenses globales de santé. Ce chiffre cache plusieurs réalités : - Les prix des médicaments sont trop chers - Un recours faible aux médicaments génériques qui ne dépassent pas 25% - 70% des médicaments sont achetés en officines sans consultations médicales préalables .
Exception faite du ministère de la santé qui déploie de très grands efforts pour développer la culture du générique au Maroc et de certains laboratoires génériqueurs. Il est évident que le développement des médicaments génériques au Maroc reste entier. La prise de conscience par les professionnels de santé, en particulier les prescripteurs et certains assurés en vue d'adapter leur comportement, est un défi constant. L'atteinte des résultats escomptés aura pour corollaire l'élargissement des prestations couvertes et l'amélioration de leur niveau de tarification.
C'est une affaire d'intérêt général et en tant que telle, nous sommes tous concernés. Et pour conclure et sans aucune prétention , mais uniquement par souci de permettre à nos lecteurs de bien comprendre les réels enjeux des médicaments génériques, il y a lieu de rappeler que la France, la Belgique, l'Angleterre, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, l'Inde sont tous des pays qui ont choisi les médicaments génériques, un choix stratégique, un choix sensé qui permet à tous ces pays de mettre à la disposition de l'ensemble de leur population des médicaments à des prix abordables . On comprend mieux dés lors pourquoi le ministre de la santé, le professeur Houcine Louardi soit tant soucieux, tant préoccupé par le problème du médicament. Ce n'est que justice aujourd'hui si enfin quelqu'un se préoccupe sérieusement et efficacement de la santé de nos concitoyens et qu'il met tout son savoir au service de l'ensemble de la population afin que tout un chacun puisse être efficacement, équitablement et dignement soigné. C'est sans commentaire.


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