Embrassades, accolades et félicitations ont ponctué les moments que les Lions de l'Atlas, leur staff technique et quelques journalistes et supporters ont partagées dans les vestiaires après la victoire contre l'Algérie. «It was a crazy game». Non, ce n'est pas la bande-annonce d'un nouveau film de science fiction, ni la publicité d'un jeu vidéo qui vient de sortir. Les propos sont ceux d'un joueur marocain qui a vécu le match le plus fou de sa carrière, Youssef Mokhtari, défenseur du club allemand Burghausen, qui n'arrivait pas à contenir sa joie dans les vestiaires de l'équipe nationale après sa qualification aux demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations 2004 dimanche soir à Sfax. Dans ce lieu d'intimité pour les joueurs, qui connaît leurs moments de joie après une victoire, mais aussi de déception suite à une défaite, l'atmosphère était joyeuse dimanche soir. Les joueurs, exténués par 120 minutes de jeu, étaient assis sur les bancs avec le sentiment du devoir accompli. Le sourire aux lèvres, ils n'avaient même pas la force de rire aux éclats. Et pourtant, ce n'était pas l'envie qui leur manquait. Ils vivaient pour la plupart un moment des plus forts de leur carrière. Sur un seul banc se tenaient Chemmakh, Hajji, Yaacoubi et Alla, avec au fond, le keeper Khalid Fouhami au téléphone avec sa femme Monica. Seul debout, Jaouad Zaïri n'en revenait pas. En sueur, il avait un seul mot sur les lèvres, la victoire. Celle contre les Fennecs algériens qu'ils ont arrachée avec leurs griffes, et celle qu'ils se doivent de réaliser contre le Mali, ce mercredi, en demi-finale. Dans un coin se tenait Talal El Karkouri, blessé en fin de seconde période. Le défenseur du Paris Saint-Germain a pourtant réussi un très beau match, mais il n'a pas pu s'empêcher de s'accabler concernant le but algérien. «J'étais blessé et ça faisait plus de cinq minutes que je demandais mon changement. Sur cette occasion algérienne, je n'ai pu réagir parce que ma cuisse me faisait très mal. Mon handicap a beaucoup aidé les Algériens à scorer », a-t-il expliqué. A une dizaine de mètres de là, une autre ambiance de déception et de tristesse dans les vestiaires de l'équipe algérienne. Ces jeunes joueurs avaient cru pendant quelques minutes devenir les héros de tout un peuple, qui n'a pas accédé aux demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations depuis 1990, édition que l'Algérie avait d'ailleurs remportée. Mais trois jeunes Marocains, doués certes mais encore plus déterminés à vaincre, ont gâché ce rêve, offrant une éclatante victoire au peuple marocain. L'Algérien, Antar Yahia a tenu à venir dans les vestiaires des Lions de l'Atlas pour les féliciter et leur souhaiter bonne continuation dans cette compétition continentale. Il s'est adressé à un Lion en particulier, Youssef Hajji, son co-équipier à Bastia (championnat français de première division) et lui a fait promettre de réussir ce qu'il a échoué à atteindre. Se qualifier en demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations est en soi un motif de joie. Mais se qualifier à la suite d'un match à rebondissements, qui failli basculer du côté algérien est davantage plus précieux. Les Lions de l'Atlas en étaient conscients et ils ont pleinement savouré ce moment.