Face au nombre croissant des doléances de la part de ses alliés, Abdelilah Benkirane semble trouver une parade en proposant la création d'une commission pour apaiser la tension au sein de la majorité. La majorité gouvernementale panse ses plaies à la veille des élections communales. Face au nombre croissant des doléances de la part de ses alliés, Abdelilah Benkirane semble trouver une parade en proposant la création d'une commission pour apaiser la tension au sein de la majorité. L'idée a été bien accueillie par les chefs des partis de la majorité parlementaire dans une réunion tenue le week-end dernier. La commission, dont la présidence aurait été confiée à Abdellah Baha, l'homme de confiance de Benkirane, se réunira prochainement avec comme principal ordre du jour la résolution des conflits entre les composantes de la majorité. Car, en quelques mois, les partis alliés ont eu par le biais de leurs ministres au gouvernement des positions différentes, voire contradictoires sur un ensemble de sujets. De la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport, aux aides de l'Etat aux associations, en passant par le financement des festivals, les positions des dirigeants des quatre partis de la majorité étaient souvent aux antipodes. Mais c'est au niveau local que la tension est plus vive, notamment entre les deux principales formations de la majorité. Si le PJD et l'Istiqlal sont des alliés au Parlement, la donne change complètement aux niveaux local et régional. A Oujda par exemple, les conseillers du parti de la lampe donnent du fil à retordre au maire de la ville, l'istiqlalien Omar Hejira. «Les positions des élus du PJD à Oujda ne riment à rien du tout. Je pense que ces derniers ont aujourd'hui du mal à se détacher du rôle de l'opposition qu'ils ont pris l'habitude de jouer. Le maire d'Oujda qui est également un député à la première Chambre doit soutenir le PJD au Parlement et faire face, au même moment, à une opposition farouche de la part des conseillers du même parti», affirme un membre du bureau exécutif ayant requis l'anonymat. Et d'ajouter : «En dépit de l'intervention du secrétaire général de leur parti qui est également chef de gouvernement, les élus pjdistes continuent de mener la vie dure à la majorité menée par l'Istiqlal au conseil de la ville d'Oujda. Le groupe du PJD a même notifié au maire que s'il compte sur le soutien de Benkirane, il n'a qu'à lui donner un siège au conseil de la ville». Oujda est cependant loin de constituer un cas isolé. Les élus du PJD et ceux de l'Istiqlal sont en confrontation directe également à Kénitra et à Fès. «La commission proposée et initiée par le chef de gouvernement est une bonne initiative, mais le parti de l'Istiqlal va juger par les actes», note ce responsable de l'Istiqlal. Au PPS qui est également membre de la majorité, les dirigeants appellent à plus de sérénité. «Nous avons besoin tous, au sein de la majorité gouvernementale, d'être dans une position d'hommes et de femmes d'Etat et nous détacher des positions partisanes, voire des positions de l'opposition», affirme Mohamed Grine, membre du conseil de la présidence du PPS. Pour ce dernier, les composantes de la majorité ont eu parfois du mal à accorder leurs violons, mais il se dit toujours optimiste concernant notamment les résultats des partis de la majorité dans les prochaines élections. «Il est légitime que les quatre partis cherchent à gagner des points dans les prochaines échéances, mais il faut éviter de faire perdre des points à la majorité», conclut-il.