Le parti de l'Istiqlal s'accroche bec et ongles au département de l'équipement et du transport. Et le parti islamiste continue de faire la sourde oreille. Le torchon continue de brûler entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le parti de l'Istiqlal. Le parti dirigé par Abbas El Fassi, chef de gouvernement sortant, s'accroche bec et ongles au poste de l'Equipement et du Transport. Et le parti islamiste qui a réservé ce poste à l'un des siens continue de faire la sourde oreille. En effet, et à l'heure où nous mettions sous presse, le PJD n'avait pas encore réagi officiellement à la doléance de son allié. Contacté à plusieurs reprises par ALM, M. Benkirane est resté injoignable. Et les dirigeants du parti islamiste joints par ALM ont choisi de n'apporter aucun commentaire sur cette affaire, arguant du fait «qu'elle relevait des compétences du chef de gouvernement désigné». Le gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane est-il ainsi à sa première crise? D'un côté comme de l'autre, on tient à minimiser l'impact du clash survenu autour du poste ministériel. Toutefois, selon les observateurs de la scène politique, cet incident montre bien que la coalition de M. Benkirane n'est pas aussi homogène et soudée qu'elle en a l'air. Bien que les quatre alliés, le PJD, l'Istiqlal, le PPS et le MP, avaient signé une charte de la majorité pour éviter les mauvaises surprises, ce sont toujours les calculs des intérêts qui priment sur toute autre considération. Ainsi, le parti de l'Istiqlal reproche toujours à son allié de l'avoir mis devant le fait accompli en le privant à la dernière minute du département de l'Equipement et du Transport, un poste qu'occupe l'istiqlalien Karim Ghellab depuis 10 ans. «Nous n'avons pas jeté l'éponge. Le PJD nous avait promis ce poste dès le départ. C'est une position de principe», souligne une source au sein du comité exécutif de l'Istiqlal, dans une déclaration à ALM. «Le PJD nous a mis devant le fait accompli. C'est une démarche inacceptable. Le PJD s'est taillé la part du lion en obtenant dix postes ministériels stratégiques. Alors que le PI n'a obtenu aucun ministère de souveraineté. Il fallait que l'Istiqlal obtienne huit postes et on s'est retrouvé avec six seulement», précise la même source qui a préféré garder l'anonymat, ajoutant qu'«un parti comme le PPS qui n'a obtenu que 18 sièges s'adjuge 4 sièges et non des moindres. C'est une répartition qui n'est pas équitable». Ceci dit, le parti de la balance menace toujours de se retirer du cabinet mais sans pour autant remettre en cause son soutien à la majorité. «La réaction du parti de l'Istiqlal a été, pour le moins que l'on puisse dire, sage. M. El Fassi a informé le chef de gouvernement qu'en cas de désaccord il continuera de soutenir la majorité. Nous avons signé une charte de la majorité et nous demeurons engagés envers nos alliés», souligne notre interlocuteur. La même source tient, par ailleurs, à nuancer. «Nous finirons par trouver un terrain d'entente. Ce désaccord ne constitue nullement les prémices d'une crise car pour l'Istiqlal c'est l'intérêt du pays qui prime et les portefeuilles ne constituent pas notre principal souci», ajoute-t-on de même source. A noter que dans une déclaration à ALM lundi, un membre du secrétariat général du PJD avait réagi à la doléance du PI sous le couvert de l'anonymat, en démentant catégoriquement le fait qu'une promesse aurait été faite par M. Benkirane à l'Istiqlal au sujet de l'octroi du poste de l'Equipement et du Transport.