A l'issue de la réunion du comité exécutif du PI, tenue dimanche 25 décembre, les istiqlaliens se sont accordés pour qualifier «d'inacceptable» la démarche de son allié consistant à «priver l'Istiqlal du ministère de l'équipement et du transport». Depuis les élections du 25 novembre ayant donné la victoire aux islamistes avec 107 sièges, le parti de l'Istiqlal et le Parti de la justice et du développement (PJD) se jetaient les fleurs. L'Istiqlal ayant remporté 60 sièges a été le premier parti approché par le nouveau chef de gouvernement pour former sa majorité au Parlement. Et le parti de la balance a accueilli favorablement cette demande en acceptant de soutenir le gouvernement Benkirane. Pour ce qui est des tractations destinées à répartir les postes ministériels, tout allait bien entre les deux partis et le PJD a soutenu la candidature de l'istiqlalien Karim Ghellab au poste de président de la Chambre des représentants. Et voilà qu'une divergence de taille apparaît à la dernière minute. A l'heure où les observateurs s'attendaient à l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale, et à l'heure où nous mettions sous presse lundi, l'Istiqlal a menacé de se retirer du cabinet dirigé par Abdelilah Benkirane. A l'issue de la réunion du comité exécutif du PI, tenue dimanche 25 décembre, les istiqlaliens se sont accordés pour qualifier «d'inacceptable» la démarche de son allié consistant à «priver l'Istiqlal du ministère de l'équipement et du transport». «Dès le départ, M. Benkirane nous a promis le département de l'Equipement et du Transport. Le fait de mettre le parti devant le fait accompli est une démarche inacceptable. Nous estimons que le parti doit prendre part à la gestion des affaires publiques à travers des postes stratégiques», souligne un membre du comité exécutif du PI. «Je me rappelle bien qu'à trois reprises le nouveau chef de gouvernement avait noté que nous voulions occuper ce poste. Ce n'est pas normal que le PJD se réserve tous les postes stratégiques, notamment la Justice, les Affaires étrangères et les Finances et qu'il ne laisse que des miettes à l'Istiqlal», ajoute notre interlocuteur qui a préféré garder l'anonymat. «Ce ne sont pas les postes que nous cherchons. Il faut juste respecter la place, l'histoire et l'expérience de l'Istiqlal», précise la même source. Ceci dit, l'Istiqlal menace de se retirer du gouvernement mais sans pour autant mettre en cause son soutien. Cette position prise par l'Istiqlal met M. Benkirane devant une situation difficile et risque au moins de mettre en cause l'homogénéité du prochain gouvernement. Et pourtant, les islamistes tiennent à minimiser l'impact des menaces de leur allié. «L'istiqlal ne fait que lancer des bulles en l'air. Et même s'il se retire, nous sommes prêts à refaire les élections et nous aurons facilement notre majorité», souligne un membre du secrétariat général du PJD. En refusant à l'Istiqlal le poste convoité, le PJD met en avant la nécessité d'assurer une alternance pour concrétiser le changement. «Cela fait 10 ans que le parti de l'Istiqlal occupe ce poste. L'Equipement et le Transport n'est pas une propriété privée de ce parti. Il faut donner un sens au principe de l'alternance. D'ailleurs, on ne leur a jamais promis ce poste», souligne notre interlocuteur qui a souhaité ne pas être cité. «M. Benkirane avait dit à Abbas El Fassi que le PI aura tout sauf l'Equipement. Le PI a eu, par exemple, le ministère de l'agriculture et de la pêche. De toute façon, la liste finale a été présentée au Souverain et on ne pourra plus rien changer», ajoute la même source. «Il ne faut pas perdre de vue que c'est le PJD qui a remporté les élections. Ceux qui négocient aujourd'hui avec le PJD feraient mieux de négocier avec les citoyens lors des élections pour leur donner la première place», précise notre interlocuteur. A noter que la composition finale du gouvernement PJD comprend quatre postes pour le MP, quatre pour le PPS, six pour l'Istiqlal et 10 pour le PJD. Seuls les ministrables aux postes de l'Administration de la défense, les Affaires islamiques et les Habous et le Secrétariat général du gouvernement sont nommés en dehors des partis politiques.