Abdelilah Benkirane entame sa troisième semaine de tractations pour la formation de son cabinet. Durant ces jours, il a essayé de jouer les arbitres entre ses alliés et son propre parti. Vendredi, il a pu convaincre le PI, le MP et le PPS de signer une charte de la majorité. Les chefs des partis de la majorité tiennent aujourd'hui un nouveau round des tractations pour la formation du cabinet Benkirane. Cette réunion, toujours au siège du PJD à Rabat, tranchera deux points essentiels : l'architecture finale du gouvernement et la répartition des portefeuilles ministériels. La longue réunion du vendredi a laissé apparaître des divergences sur certains départements que se disputent les quatre alliés, notamment celui de la Justice. Mais le PJD n'est pas prêt à céder ce maroquin, présenté comme déterminant pour la réussite du passage de Benkirane à la présidence du gouvernement. L'Istiqlal de Abbas El Fassi convoite également ce poste. Sous couvert d'anonymat, des sources au PI disent craindre qu'un si puissant département confié à un certain Ramid, le nom qui revient avec insistance pour succéder à Me Mohamed Naciri, ne soit annonciateur de problèmes pour certains istiqlaliens mis en cause dans des affaires de mauvaise gestion locale. De 28 ministres y compris un ministre d'Etat sans portefeuille annoncés au début de la semaine, nous sommes passés à 30 ce week-end. Apparemment, l'octroi de la présidence de la Chambre des représentants à un membre de la Balance n'a pas assouvi l'appétit des istiqlaliens. Un appétit qui vient en mangeant. « Redéploiement » Le MP, à en croire certaines sources, n'est pas enthousiaste à la proposition du PJD de diviser le ministère de l'Intérieur en deux dont un chargé des collectivités locales que les islamistes lorgnent. Les Harakis sont les premiers intéressés par ce « redéploiement », sachant que c'est Mohand Laenser qui est pressenti pour occuper le maroquin de l'Intérieur. Compte tenu de ces divergences, la composition du gouvernement est appelée à s'élargir davantage. De 28 ministres y compris un ministre d'Etat sans portefeuille annoncés au début de la semaine, nous sommes passés à 30 le week-end. Un nombre qui n'est pas encore arrêté, les tractations se poursuivent encore entre les composantes de la majorité. Une Charte de la majorité Si la réunion du vendredi a reporté l'organigramme du gouvernement et la répartition des ministères à aujourd'hui, Abdelilah Benkirane a pu quand même rebondir avec la signature de la Charte de la majorité qui repose sur quatre principes : l'action commune, l'efficacité dans l'exécution, la transparence dans la gestion et la solidarité dans la responsabilité. Selon le document, la majorité « s'engage à travailler dans un cadre hautement harmonieux et solidaire et assumera pleinement et solidairement sa responsabilité constitutionnelle et politique dans la gestion de la chose publique, en vue d'atteindre les objectifs et les programmes, objet d'un engagement vis-à-vis des citoyens, et contribuer à consolider la crédibilité, l'efficacité et le rendement des institutions exécutive et législative». La Charte consacre, également, la volonté de la prochaine majorité gouvernementale de « coopérer et dialoguer avec l'opposition, dans le but de lui permettre de remplir son rôle constitutionnel et politique et engagera un dialogue avec toutes les forces vives de la nation, selon une approche dédiée à la consolidation de la démocratie participative et à l'élargissement de la solidarité et de l'entente nationale, dans un cadre consacrant la pluralité et la différence ». Au lendemain de la signature de ce document, Abdelilah Benkirane à reçu séparément, toujours au siège de sa formation, le président du RNI, Salaheddine Mezouar et le secrétaire général du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah. Deux formations qui vont tenir compagnie à l'USFP, sur les bancs de l'opposition. Deux réunions de courtoisie où le chef du gouvernement nommé a distribué de multiples accolades à ses invités. Une trêve en attendant la confrontation au Parlement.