Une confrontation a opposé, dimanche à Fès, le PJD d'un côté et l'USFP et l'Istiqlal de l'autre. Le premier accuse les militants des deux partis de la Koutla d'avoir cherché à saboter une rencontre de Abdelilah Benkirane. Le PJD a réagi fermement à ce qu'il qualifie de «pratiques barbares» en référence à une confrontation qui a opposé, dimanche 11 février à Fès, les militants du parti islamiste à des membres du parti de l'Istiqlal et de l'USFP. Cette confrontation a eu lieu au moment où Abdelilah Benkirane, membre du secrétariat général du PJD et président de son conseil national, s'apprêtait à animer une rencontre, au complexe Al Qods, sur l'action politique et les défis de la réforme. Selon le PJD, qui a diffusé un communiqué où il fustige l'attitude de ses rivaux politiques, mais aussi «le laxisme des autorités», certains des «assaillants étaient munis d'armes blanches» qui voulaient s'en prendre à Abdelilah Benkirane. Les deux autres partis concernés par cette nouvelle tension dans la capitale spirituelle apportent une autre version. Pour une source USFP à Fès, les militants socialistes avaient saisi l'occasion de la conférence animée par Abdelilah Benkirane pour protester contre les propos de ce dernier contre Mohamed Achaâri, ministre USFP de la Culture. M. Benkirane, lors de l'une de ses dernières sorties médiatiques, s'était dit «étonné de voir Mohamed Achaâri se charger du portefeuille de la Culture dans un pays musulman». Les socialistes de Fès démentent tout recours à la violence lors de la rencontre de dimanche dernier. Plus, ils affirment ne pas être tombés dans le piège et les provocations du PJD et de ses militants «agacés de voir le vide se faire dans la salle au moment où Abdelilah Benkirane avait pris la parole». Même son de cloche chez l'Istiqlal. «Les gens ont fini par découvrir la réalité de ce parti et notamment à Fès. Ils ont tenu à le lui rappeler, dimanche dernier», affirme Hamid Chabat, membre du bureau exécutif de l'Istiqlal et maire de la ville, cité nommément par le PJD. «Ce parti essaie de cette manière de cacher les grandes divergences et scissions au sein de ses rangs dans la ville», ajoute M. Chabat qui dément tout usage d'armes blanches par les militants de son parti lors de ladite rencontre. «S'ils ont des preuves, enregistrements par exemple, ils n'ont qu'à recourir à la justice», explique Hamid Chabat qui conclut qu'on ne pouvait l'accuser de quelque «entente ou coordination avec l'USFP» dans la capitale spirituelle. Le paysage politique dans cette ville est assez déroutant. Le parti de l'Istiqlal, qui dirige la capitale spirituelle, est confronté à une dure opposition de la part du PJD, mais aussi de la part de ses alliés au sein de la Koutla, USFP et PPS réunis. La confrontation de dimanche dernier augure de ce qu'il en sera de la course aux dix sièges que comptent les trois circonscriptions de Fès (4+4+2) entre les trois partis (USFP, Istiqlal et PJD). Surtout avec le découpage proposé par le ministère de l'Intérieur et qui augmente l'étendue de chaque circonscription (Fès-nord (4), Fès-Sud (4) et Moulay Yacoub (2)). Dimanche dernier, Lahcen Daoudi était présent à la rencontre animée par Abdelilah Benkirane. M. Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD, a été élu, le 27 septembre 2002, à la circonscription de Fès-Médina. Hamid Chabat, lui, l'a été à la circonscription de Zouagha-Moulay Yacoub.