Si pour les greffiers, tout prétexte est bon pour exercer ce droit que leur a consacré la nouvelle Constitution, Ramid, lui, n'y trouve aucune légitimité. Allez au tribunal, vous ne serez pas servis, allez aux collectivités locales, aux hôpitaux… vous aurez droit au même scénario : revenez plus tard, nous sommes en grève ! Ce taux en perpétuelle ascension des grèves plombe le secteur public au Maroc. Rien qu'entre 2010 et 2011, ce taux a doublé et la tendance avec laquelle les jours non travaillés se multiplient laisse dire que cette paralysie est loin d'être guérie. Face à cette situation, les ministres n'ont pas manqué de réagir. L'un veut anticiper ces grèves tandis que l'autre y trouve des «intimidations à répétition». Il s'agit ici de Mustapha Ramid, ministre de la justice et des libertés, qui rejette totalement les grèves que connaît le département qu'il chapeaute. Si pour les greffiers, tout prétexte est bon pour exercer ce droit que leur a consacré la nouvelle Constitution, Ramid, lui, n'y trouve aucune légitimité. Dans un communiqué du ministère de la justice, M. Ramid déplore le fait que ces grèves récurrentes soient infondées. D'après lui, on assiste aujourd'hui à un recours «à des prétextes sans rapport avec les normes justifiant «les grèves légitimes»». Il serait intéressant de rappeler ici que le dernier appel à la grève a été lancé par le Syndicat démocratique de la justice (SDJ) pour dénoncér une «favorisation d'un autre syndicat au détriment du SDJ de la part du ministre de la justice et des libertés». Ramid, quant à lui, a exprimé sa «neutralité» et se dit ouvert et «attaché à l'action syndicale honnête et servant l'intérêt général». Décidément, dans le Maroc d'aujourd'hui, tout malentendu peut servir d'excuse aux grévistes. La Justice n'est pas le seul secteur a connaître ces débrayages infinis. L'activité qui aurait généré le plus grand nombre d'heures non travaillées serait celle des collectivités locales. A raison de deux à trois jours de grève par semaine, ces collectivités plombent l'économie nationale et suspendent l'intérêt des citoyens. Pourtant, et si l'on se base sur les propos du ministre de l'intérieur, Mohand Laenser, les doléances des syndicats ont été «positivement prises en charge». Le secteur public est donc paralysé par une série de grèves intempestives dont certaines n'ont plus de raisons d'être. Une chose est sûre, le premier perdant dans ce bras de fer n'est autre que le citoyen qui se retrouve d'une façon ou d'une autre lésé par un jeu de notoriété entre l'Etat et ses syndicats. Selon les derniers chiffres du ministère de l'emploi, 356 grèves effectives ont été enregistrées sur les 9 premiers mois de 2011, contre 241 pour 2010. Où s'arrête le droit de grève et que justifierait la perpétuité de ces actions ? La réponse est loin d'être évidente en absence d'une loi organique régissant ce droit.