Les greffiers, plus solidaires que jamais, reprennent leur grève face à l'indifférence à leurs revendications. La déclaration du ministre de tutelle sur une éventuelle résolution de ce dossier, a été réfutée par les syndicats. La grève a été observée dès le 8 février avec un objectif de jouer le tout pour le tout. Une conférence est prévue le 14 février pour que les greffiers mettent toute la lumière sur ce qu'ils endurent. Rebelote ! Ce mardi 8 février, les greffiers ont repris leur mouvement de grève et de contestation face à ce que certains ont appelé l'indifférence et le dénigrement vis-à-vis de leur revendications, somme toute, légitimes. Dans un précédent article, nous avions annoncé la suspension de la grève jusqu'au mois d'avril. Mais voilà, des rencontres ont eu lieu entre les concernés et le moins qu'on puisse dire et que les greffiers, quelle que soit leur appartenance syndicale, sont extrêmement remontés face à l'attitude du ministère de tutelle. En effet, à en croire certains greffiers, le ton même de la discussion n'était pas à l'apaisement. Les greffiers, entrés en grève depuis plusieurs mois, ont refusé de se laisser faire sous prétexte de ce qui se passait en Tunisie ou en Egypte. Grosso modo, on leur a fait comprendre que ce n'était pas le moment. Belle pirouette de la part du ministère de tutelle, mais c'était sans compter avec la détermination des greffiers à défendre leurs revendications, qui sont, rappelons-le, sociales et non pas politiques. Il faut tout de même dire que faire le parallèle entre la grève des greffiers et la stabilité du pays, c'est un peu tiré par les cheveux. De plus, les déclarations du ministre de tutelle, Me Mohamed Naciri, mettent de l'huile sur le feu au lieu d'apaiser les esprits. D'ailleurs, les syndicats ont réfuté ce que le ministre avait déclaré, notamment sur la résolution de ce dossier qui semble dans l'impasse. Et dès le 2 février, tous les syndicats avaient généralisé l'appel à la grève les 8, 9 et 10 février. Grève observée par tous les syndicats en guise de réponse à la déclaration du ministre de tutelle. Le 3 février, le bureau national du syndicat démocratique de la Justice publie un communiqué incendiaire suite à un communiqué du ministère. Dans ce communiqué, on se demande qui a convié les greffiers à une réunion d'urgence au lendemain du discours royal du 20 août 2009, pour la préparation d'un projet de statut des greffiers. Et qui a encore rassuré les greffiers sur le traitement qui sera réservé à leurs revendications conformément à la volonté royale. Le syndicat fustige le fait que le ministère met toute la responsabilité de la paralysie des tribunaux sur le dos des greffiers. Ces derniers avaient d'ailleurs saisi le Premier ministre, mais sans succès ! Et pour barrer le chemin a toute manipulation de l'opinion publique, le SDJ a annoncé la tenue d'une conférence le 14 février à Casablanca pour faire toute la lumière sur ce dossier. Les syndicats sont encore revenus à la charge en ce début de semaine pour dénoncer la campagne menée à leur encontre. D'ailleurs, un fait grave a été signalé pour la première fois depuis le début de la grève, à savoir la réception d'un coup de fil menaçant destiné notamment à faire peur au membre du bureau national du syndicat démocratique de la Justice. Le syndicat a d'ailleurs appelé les organismes politiques et de protection des droits de l'homme à les soutenir dans leur cause. Plus qu'une simple action de revendication, ce dossier vire au bras de fer surtout quand on entend des greffiers déplorer le ton avec lequel on s'adresse à eux, même certains avocats sont dépités par l'attitude du ministère de tutelle. Et pourtant, même s'ils le veulent, ils ne peuvent plus prendre part à ce dossier suite à une précédente rencontre entre le ministre de tutelle et le bâtonnier de Casablanca. On évoque des lobbies d'avocats qui n'auraient pas apprécié de manifester en faveur des greffiers au détriment de leurs affaires. Une sorte de rappel à l'ordre à l'amiable ! Sur ce dossier, une grave crise de confiance s'est installée vis-à-vis du ministère de tutelle. Il est malheureux également de constater le mutisme incompréhensible du Premier ministre dans un tel dossier alors que la réforme de la Justice est l'un des plus importants chantiers de réforme de notre pays. Et ce d'autant plus que d'autres métiers au sein du même corps ont vu leur situation s'améliorer. Quel recours reste-t-il aux greffiers qui n'ont toujours pas trouvé l'écoute si toutes les voies de protestation légales sont épuisées ? Le ministre de la Justice et le Premier ministre auraient dû contenir ce dossier au lieu de pousser les greffiers à l'extrême, voire à l'inévitable.