Après une session de juillet qui ne s'est pas tenue faute de quorum, le Conseil de la ville de Casablanca a, enfin, réussi à tenir sa session extraordinaire. En l'absence du président du Conseil, Mohamed Sajid, les élus locaux de la capitale économique ont entamé, lundi 3 octobre, au forceps, les travaux de la session. Dans un premier temps, le quorum requis pour la tenue de la session n'était pas réuni à 15 h, heure prévue pour le début des travaux. Il a fallu, ainsi, attendre près de deux heures et l'intervention des représentants des autorités locales qui ont contacté plusieurs élus pour les inciter à prendre part à cette session extraordinaire. Vers 17h, le quorum a finalement été réuni et la session a commencé sous la présidence du chef du groupe du Parti authenticité et modernité (PAM), Mohamed Brija, qui est également le premier vice-président du Conseil. Selon une source bien informée au sein du Conseil, le mérite de la réussite de la session extraordinaire revient, du moins en partie, au wali de la région du Grand Casablanca Mohamed Halab. Après avoir convoqué les membres à la réunion du Conseil, le représentant de l'Intérieur à Casablanca aurait multiplié, selon notre interlocuteur, les contacts avec les élus dans le cadre des préparatifs pour cette session. Comme prévu, les membres du Conseil ont approuvé à l'unanimité le projet de convention avec l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer. Pour les grands projets de Casablanca, à savoir le tramway, le grand théâtre et le pont et tunnel de Sidi Maârouf, les élus ont demandé à ce qu'ils fassent l'objet d'un examen plus approfondi au niveau de la Commission des finances. Ces projets devront, ainsi, être approuvés lors d'une session qui se tiendra vendredi 7 octobre. Ce qui ne fait pas encore l'unanimité entre les élus au sujet de ces trois projets se rapporte au coût d'acquisition du terrain pour la réalisation du pont et tunnel de Sidi Maârouf, le coût global engagé pour le grand théâtre de Casablanca et certaines données techniques intéressant le tramway. Comme à l'accoutumée, la session du Conseil a été marquée par des interventions houleuses aussi bien parmi la majorité que l'opposition. Les élus ont soulevé des questions intéressant la gestion de Casablanca. D'autres ont tenu à remettre sur le tapis les questions qui étaient à l'origine du blocage. Alors que certains élus ont appelé même, dans le cadre de leurs interventions, à la suspension de la session extraordinaire. Toutefois, il était clair que les différents groupes composant le Conseil tenaient à apaiser la tension et à mettre de côté leurs différends afin de relancer les grands projets structurants pour la ville de Casablanca. «Nous avons toujours des reproches à l'égard du président, mais nous avons jugé opportun de les mettre de côté, du moins dans l'état actuel des choses. Nous pensons en premier lieu aux intérêts des Casablancais», précise Abdelkader Lakhili, membre PJD du Conseil. «La tenue de la session extraordinaire montre clairement que les prémices du déblocage commencent à apparaître. Nous sommes en train d'aller de l'avant en matière de relance des grands projets», ajoute M. Lakhili. Amina Latnin, quatrième vice-présidente PAM du Conseil de la ville, est du même avis. «Le Conseil de la ville s'apprête à sortir de l'impasse. Nous sommes très optimistes à cet égard. Les élus de la ville de Casablanca sont appelés à adopter des positions constructives et à se projeter sur le long terme. Les approches stériles n'apportent aucun changement», précise-t-elle. Mme Latnin estime, dans ce sens, que les raisons du blocage qui a duré pendant plusieurs mois se rapportent à l'entêtement de certains groupes et élus à soulever des dossiers qui remontent au mandat de l'ancien Conseil. Ceci dit, l'opposition au sein du Conseil qui a tenu à saluer un «déblocage relatif» continue de tirer sur le président Sajid. «Depuis un an, le Conseil n'a pas réussi à tenir sa session et le jour où Sajid s'est absenté, la session extraordinaire a été tenue et les prémices du déblocage commencent à apparaître. Cela montre que le maire de Casablanca est politiquement mort. C'est lui qui a constitué dès le départ le facteur de blocage», souligne Mustapha Rahin, membre SAP du Conseil. Aussi, bien que les partis de la majorité affirment que les trois grands projets fassent l'unanimité, l'opposition dit le contraire. «Nous n'avons rien contre l'art et la culture, mais la ville de Casablanca a-t-elle réellement besoin d'un théâtre qui coûtera 150 millions DH? Constitue-t-il vraiment une priorité pour une ville qui connaît des problèmes majeurs au niveau de l'infrastructure? Aussi, il y a un manque de transparence et de clarté pour ce qui est du projet du tramway», s'interroge M. Rahin. «Pour ce qui est du pont et tunnel de Sidi Maârouf, le bureau du Conseil nous demande d'approuver l'acquisition du terrain à 13.000 DH le mètre carré alors qu'il ne coûte dans cette région que 6.000 DH. Il y a anguille sous roche», ajoute-t-il. La Commission des finances du Conseil de la ville de Casablanca devra tenir aujourd'hui une réunion pour poursuivre l'examen des trois grands projets de Casablanca, avant de les soumettre vendredi prochain à l'approbation du Conseil. Sajid, persona non grata L'absence du maire de Casablanca, Mohamed Sajid, lors de la session extraordinaire du Conseil de la ville tenue lundi, n'a pas surpris les élus. Selon des sources concordantes, des membres du Conseil de la ville avaient posé comme condition à leur participation aux travaux de la session extraordinaire du Conseil la non participation de Sajid et certains vice-présidents du Conseil. Ils ont fait cette demande au wali de la région de Casablanca, Mohamed Halab. Selon les mêmes sources, ce dernier aurait convaincu le maire de ne pas prendre part à cette session pour éviter un blocage qui entraverait de nouveau la relance des grands projets.