Le plan de redressement et de recapitalisation du CIH initié par les pouvoirs publics en juin 2000 ne devrait porter ses fruits qu'à partir de 2003. Depuis 1993, le CIH ayant perdu son monopole sur les crédits immobiliers et hôteliers était contraint de faire face à une concurrence de plus en plus ardue de la part des autres établissements bancaires . Les choses ne se sont pas passées facilement. En 2000 par exemple, le CIH a affiché des pertes de 737 millions de DH contre 732 millions de DH en 1999 et 176 millions de DH en 1998, soit des pertes cumulées de 1,6 milliards de dirhams sur 3 ans. Ce déficit est le résultat du changement de la politique de classification et de provisionnement des créances en souffrance de la banque. En effet, Bank Al Maghrib avait accordé au CIH un délai de 3 ans à compter de 1998 pour se mettre aux normes du secteur bancaire. Le reclassement s'est traduit par une progression des créances en souffrance de 26 % en 1999 et 37 % en 2000, soit un taux de contentieux de 34 % en 1999 et 46 % en 2000, couvert à hauteur de 17 % par des provisions contre 19 % en 1999 et 47 % en moyenne pour l'ensemble du secteur bancaire y compris la CNCA et la BNDE. Notons à ce sujet que les commissaires aux comptes du CIH ne se sont pas prononcés ni sur le niveau de provisionnement approprié à la couverture des créances sur l'étendue des risques encourus à ce titre ni sur le niveau des dettes du CIH vis à vis de l'Etat . Ce reclassement, qui a entraîné un provisionnement massif a également été conjugué à un changement de comptabilisation des agios réservés, qui ne sont plus enregistrés parmi les produits bancaires . Ces agios réservés représentaient 1,11 milliards de DH en 2000 . Aussi, dans le cadre de sa mise à niveau, le CIH a engagé un projet d'entreprise pour la période 2000-2003. Ce projet consiste à développer l'activité bancaire aussi bien dans ses métiers de base (immobilier et tourisme) que dans ceux nouvellement mis en place. L'objectif étant d'augmenter les ressources est d'accroître la part des dépôts, notamment les dépôts à vue. Le mouvement a également concerné les émissions d'emprunts obligataires aux particuliers et OPCVM. En termes d'emplois, le CIH prévoit de diversifier son portefeuille de crédits afin de réduire le risque encouru, par des interventions dans les secteurs industriel et commercial. Par ailleurs la banque compte poursuivre ses efforts en matière de recouvrement. Cependant, selon les analystes, la banque devrait continuer au cours des deux prochains exercices à enregistrer des pertes. Et pour cause, le retard important qu'elle a accumulé en terme de provisionnement des créances en souffrance et de ses difficultés à se convertir en banque commerciale .