Spécialisé dans le financement du tourisme et de l'immobilier, le CIH avait pour ambition de devenir une banque commerciale. Mais, la lourdeur des dotations aux provisions et des efforts, d'une part, et le paysage fortement concurrentiel du secteur bancaire marocain, d'autre part, ont sérieusement contrarié son développement. Autrefois spécialisé dans le financement du tourisme et de l'immobilier par la distribution de crédits à moyen et long terme, le CIH s'est engagé dans une stratégie devant aboutir à en faire une banque commerciale à part entière en développant un réseau d'agences bancaires et en s'ouvrant à d'autres secteurs de l'activité économique. Depuis la Loi bancaire de 1993, le Crédit Immobilier et Hôtelier est classé parmi les établissements de crédits, ce qui l'assujettit aux ratios prudentiels édictés par les autorités monétaires, notamment le ratio de solvabilité et le coefficient de division des risques. Conditions que le CIH était loin de pourvoir remplir. Pourtant, en juin 2000 un plan de redressement portant sur des mesures externes et internes a été élaboré par les autorités monétaires et le management du CIH dans le cadre de sa mise à niveau, entamé en 1998. Le plan de sauvetage auquel a été associée la communauté bancaire nécessitait un apport externe de 6,6 milliards de dirhams afin de consolider la structure financière du CIH. Il s'est agi en premier lieu d'une recapitalisation de 2 milliards de DH, qui a été souscrite en numéraire en 2 tranches levées en décembre 2000 et en septembre 2001. Cette recapitalisation a porté le capital du CIH à 3 323 MDH. Un concours bancaire garanti par l'État (3 Milliards), dont la première tranche débloquée a porté sur un montant de 1,5 MdDH avec un taux de 5,5% pour une durée de 7 ans. A cela s'ajoute un prêt du Trésor Public (1milliard) et la prise en charge par le Trésor Public d'une partie des pertes de change (200 MDH). Parmi les mesures de ce plan de redressement figure également le renforcement des fonds propres des ERAC (400 MDH) pour apurer leurs dettes à l'égard du CIH. Par ailleurs, le CIH a lancé pour la première fois au Maroc en 2002, une opération de titrisation de 1 milliard DH, qui lui a permis de vendre des créances auditées sous forme de titres liquides et négociables. La réussite de la première opération de titrisation a permis au CIH de se procurer de nouveaux moyens de financement à moindre coût. Des efforts plutôt sans résultats notables. Au terme de l'année 2001, le CIH a réalisé de nouveau un résultat déficitaire de 226 MDH, quoiqu'en nette diminution par rapport aux résultats 2000 et 1999 de - 732 MDH et -737 MDH respectivement. Les fonds propres du CIH n'ont été que de 1 872 MDH pour un capital de 3 323 MDH. Ce nouveau déficit est attribuable essentiellement aux dotations nettes aux provisions de l'année 2001 qui s'élèvent à 305 MDH dont une perte pour créances irrécouvrables de 150 MDH. Ainsi, le CIH a porté son taux de provisionnement de 16,9% à 22,0%, resté cependant de loin le plus bas du secteur. Les résultats 2002 se sont également inscrits dans une spirale baissière. Les crédits ayant enregistré, au premier semestre de cette année, une régression de -7,5% à 21,1 MdDH et les dépôts de 11,8% à 8,8 MdDH. Le coefficient crédits / dépôts s'est replié à 240% contre 290% une année auparavant, niveau anormalement élevé et qui illustre un sérieux problème de refinancement. Seul, le CIH devait continuer à enregistrer des résultats déficitaires compte tenu, d'une part, de la lourdeur des dotations aux provisions et des efforts à consentir pour s'aligner aux normes dictées par BAM, et d'autre part, du paysage fortement concurrentiel du secteur bancaire marocain qui devrait contrarier sérieusement le développement de l'activité banque commerciale du CIH. Enfin, la tournure juridique prise par « l'affaire CIH » handicapait toujours le titre sur la cote de Casablanca.