Les banques publiques BCP et CIH préparent leur rapprochement. L'annonce de la fusion-absorption du CIH par la BCP est imminente. Le schéma retenu permettrait à la CDG et à Bank Al Maghrib de céder leurs parts dans le CIH en faveur de la BCP. Leader du système bancaire avec des parts de marché de 30 % et un total des dépôts en 2002 de 75 milliards de DH, le Groupe Banques Populaires s'ouvrira davantage sur l'immobilier. Le fonds de commerce du CIH reste sain malgré les difficultés financières que connaît cette institution. Un rapprochement est en cours de finalisation entre la Banque Centrale Populaire (BCP) et le Crédit Hôtelier et Immobilier (CIH), le spécialiste du financement immobilier. Les actionnaires de référence du CIH (CDG (35,34%), BCP (20,23%) et Banque Al Maghrib BAM (12,96%)), sont en train de mettre les dernières touches au projet permettant à la BCP de se rapprocher avec le CIH. Une source proche du ministère des Finances affirme que les tractations entre les différentes parties impliquées sont bien avancées. Une annonce officielle ne serait plus tardée. Le schéma retenu porterait la CDG, le repreneur de la BNDE, à céder ses parts dans le CIH en faveur de la BCP. Ce scénario vise essentiellement, d'une part, l'adossement du spécialiste de l'immobilier à des ressources qui lui font tant défaut, d'autre part, un changement radical du sauvetage des structures publiques en difficulté. En effet, la leçon semble bien apprise par l'Etat actionnaire. Au lieu de persister à vouloir redresser, à coup de milliards de DH, des entités mal portantes, la nouvelle approche privilégie, donc, le rapprochement entre entités complémentaires. Ce projet, au-delà des créances douteuses pénalisant le CIH (plus de 14 milliards de DH) est porteur de richesses pour la BCP. Le patrimoine, surtout immobilier du CIH, est loin d'être négligeable. Pour le CIH, le plan de redressement, mobilisant 6,6 milliards de dirhams (soit l'équivalent de 1,8% du PIB) sous forme d'une recapitalisation par les principaux actionnaires de la banque, et sous forme de prêts publics et privés à des conditions privilégiées a montré ses limites. Le poids écrasant tant du contentieux que des charges d'exploitation ont réduit considérablement la marge de manœuvre de la banque. En plus, la tournure juridiciaire de " l'affaire CIH "affecte négativement le titre. «Un certain scepticisme ambiant quant aux chances du succès du plan de redressement encours, en l'absence d'une meilleure visibilité sur le devenir du CIH est à relever», laisse entendre un analyste de la place. Autre bienfait de cette opération, l'ouverture sur un nouveau métier (l'immobilier) pour la première banque en matière de dépôts au Maroc. Une meilleure affectation des ressources est ainsi trouvée. Le crédit populaire, constitué de la Banque Centrale Populaire et son réseau de Banques Populaires Régionales (BPR), qui est un organisme à caractère coopératif, est concerné en particulier par la collecte de la petite épargne. Il se distingue par sa position dominante en termes de collecte des dépôts, en grande partie générée par des relations privilégiées avec les Marocains résidant à l'étranger (60 % de part de marché sur le créneau MRE), et la distribution de crédits à leurs adhérents constitués essentiellement de PME. La BCP, qualifiée par les analystes de «Sicav du CPM», est devenue une société anonyme en février 2002 à l'occasion de l'adoption de la loi modifiant ses statuts. Elle est engagée depuis cette date dans un processus de privatisation. De fait, 21% du capital de la BCP a été cédé par l'Etat aux Banques Populaires Régionales, et des discussions sont en cours pour une éventuelle introduction en Bourse (jusqu'à 20% du capital de la BCP), reportée au second semestre 2004, probablement pour mieux digérer l'absorption du CIH (…). Les nouveaux statuts de la BCP mentionnant par ailleurs que tout actionnaire, autre que l'Etat ou les BPR, ne peut détenir plus de 5 % du capital de la BCP, limitant par la même l'intérêt d'un opérateur étranger. L'ensemble BCP-CIH ainsi formé serait mieux à même de répondre au bon comportement annoncé du secteur immobilier au Maroc et plus spécifiquement du programme de logements économiques pour la lutte contre l'habitat insalubre. En plus, la multiplication des projets touristiques au Maroc devrait être profitable pour l'activité de la nouvelle entité compte tenu de l'expertise du CIH et son positionnement dans ce secteur. Par la même, le problème de viabilité du réseau de la banque commerciale qui trouve des difficultés à être concurrentiel serait résolu. L'ensemble de ces éléments plaide assurément en faveur de cette fusion annoncée. L'Etat ferait d'une banque spécialisée, le CIH, un levier à multiples usages. Et du coup, cette fusion-absorption dans le secteur public vient consolider celle du privé, récemment formée par BCM-Wafabank.