La tente de la nouvelle Constitution devrait abriter tous les citoyens marocains. Il est peut-être temps d'ouvrir un dialogue avec ceux qui disaient «Non». La nouvelle Constitution du Royaume entrera bientôt en vigueur. Une fois que le processus de validation juridique sera mené à terme, elle deviendra la Constitution de tous les Marocains. Elle ouvre une nouvelle phase dans l'histoire du pays. Le citoyen sait désormais qu'il choisira à travers les urnes la couleur politique du gouvernement à qui il veut confier la gestion des affaires publiques. Il sait aussi qu'il pourra sanctionner, toujours à travers le vote, ceux qui n'ont pas accompli les promesses qu'ils lui avaient faites lors des élections antérieures. La démocratie repose dans son essence sur ce principe. La majorité écrasante des partis politiques a adhéré à cette Constitution. Et ces partis ont expliqué cette adhésion par la volonté d'aller de l'avant dans la consolidation des acquis démocratiques et de la construction d'une nouvelle architecture politique basée sur la stabilité et la pérennité de la nation. Mais il existe quelques franges de la société marocaine qui ont dit «Non» à la Constitution et d'autres qui l'ont tout simplement boudée. C'est une minorité. Le référendum l'a confirmé chiffres à l'appui. Ce qui se passe dans la rue l'a aussi démontré à travers les manifestations spontanées de soutien au nouveau texte et de rejet des sit-in des adeptes du «Non». Mais cela n'empêche pas le fait que la tente de la nouvelle Constitution devrait abriter tous les citoyens marocains. Il est peut-être temps d'ouvrir un dialogue avec ceux qui disaient «Non», notamment ceux qui sont mus par une volonté spontanée de changement et non pas ceux – et c'est la minorité de la minorité – qui étaient mobilisés par des agendas qui nous sont étrangers. L'appel, un peu timide, d'Al Adl Wal Ihssane à entamer un dialogue national est un signal qui montre que cette mouvance cherche à entrer dans une phase de normalisation. Cela fait trois décennies qu'elle s'active dans une situation particulière vacillant entre la légalité non reconnue et la clandestinité non assumée. Ses dirigeants sont pour la plupart avides de ce changement. Ils veulent basculer dans la légalité et sortir de l'engrenage faussement mystique créé par les proches de Yassine pour pérenniser un statu quo conflictuel qui n'arrange que les intérêts financiers de la famille du Cheikh. Ouvrir la voie du dialogue nécessite cependant la réunion de certaines conditions notamment en ce qui concerne les fondamentaux de la Nation. Il suffit qu'il y ait, à ce sujet, un signal de bonne volonté du côté du cercle politique de la Jamaâ pour que le dialogue puisse être envisageable. Pour ce qui est de l'Etat, il est clair que le Maroc a toujours été le pays de l'inclusion et non de l'exclusion. Le problème ne devrait certainement pas se poser de ce côté-là.