Par un taux de participation de 73,46% et 98,5% de «Oui» au projet de la nouvelle Constitution, la preuve du pragmatisme des Marocains. Ils ont eu le choix entre l'évolution et la révolution, ils ont opté pour le progrès dans la stabilité plutôt que le saut dans le vide. Les Marocains aiment leur Roi ? Oui. Ils le considèrent l'emblème de leur nation, en tant que Commandeur des Croyants, le garant de la stabilité politique de leur pays, en tant que Chef de l'Etat, et de son intégrité territoriale, en tant que Commandant suprême des Forces Armées Royales. Ca ne plaît pas à certaines âmes chagrines ? Désolé pour elles, le peuple a dit son mot. C'est ça la démocratie ! C'est aussi ça, l'exception marocaine. Combien ont coûté les révoltes et les contre-révoltes musclées aux peuples arabes ? Fuite de capitaux, pertes de parts de marché à l'exportation, à cause de la «panne» momentanée de l'ensemble de l'appareil productif, perte de confiance des investisseurs, personne ne risque ses fonds dans un pays qui n'offre pas assez de visibilité à moyen et long terme, etc, etc, etc. En plus, le ciel ne s'est pas encore vraiment dissipé et l'avenir n'est pas des plus certains. Louange à Dieu, le Maroc a échappé à tout ça. Et ce n'est pas par absence de fauteurs de troubles, qui se sont tant démenés pour donner une autre connotation aux attentes exprimées par les Marocains. Deux facteurs ont été déterminants à ce sujet. SM le Roi a été à l'écoute de son peuple, désireux de voir le Maroc avancer résolument vers un processus de démocratisation plus accéléré. Il a donc parlé à son peuple une première fois sur ce sujet, le 9 mars dernier, pour lui dire qu'il fallait aller de l'avant en élaborant une nouvelle Constitution qui accorde plus de prérogatives au parlement et au gouvernement, afin que le parti politique choisi par les électeurs puisse appliquer le programme pour lequel il a été porté au pouvoir. Tous (ou presque) ont apporté leur brique à l'édifice Tous les partis politiques, tous les syndicats, tous les acteurs de la société civile, ont été invités à avancer leurs propositions et remarques, puis des juristes constitutionnalistes et autres, tous marocains pour la première fois, se sont chargés de formuler le tout sous la forme d'un texte juridique cohérent. Le 17 juin, SM le Roi tient un discours qui restera dans les annales de l'Histoire du Maroc. Il prend donc la parole une seconde fois, pour proposer à son peuple le projet de nouvelle Constitution. Les Marocains, de leur côté, ont fait preuve de bon sens et d'une très grande maturité politique. Après une certaine vague de sympathie envers des jeunes qui réclamaient un Maroc plus démocratique, ils ont fini par deviner que derrière certains slogans subversifs, se cachaient les quelques personnes mal intentionnées qui les scandaient. D'illustres inconnus sortis du néant, qui se sont auto érigées en «leaders» d'un mouvement aux contours des plus mal définis. Car, jusqu'à preuve du contraire, ils n'ont reçu aucun mandat pour ce faire de la part de la jeunesse marocaine. Les Marocains ont ainsi assisté à des spectacles des plus insolites. Manifestaient côte à côte, pseudos marxistes, qui n'ont jamais dû lire Marx, sinon ils auraient été capables d'une bien meilleure analyse socioéconomique et politique du Maroc actuel, et obscurantistes qui ont fait des hallucinations et élucubrations d'un vieillard sénile leur programme politique. Au milieu, certains jeunes qui s'étaient déjà attiré le courroux des Marocains, connus pour leur attachement à leur religion, en appelant à rompre publiquement de jour le Ramadan en plein espace publique, d'autres qui ont applaudi à l'autodafé de copies du Coran par un prêtre protestant américain, militant actif du «choc des civilisations», d'autres encore qui ne font pas secret de leur sympathie pour les séparatistes polisariens Rien que du «beau» monde Les Marocains ont aussitôt réagi. Des contre-manifestations ont été spontanément menées par des patriotes en colère, qui ont plus d'une fois failli lyncher quelques «ténors» des groupuscules subversifs. Ironie du sort, ce sont des agents des forces de l'ordre qui ont à chaque fois intervenu pour arracher des mains des citoyens courroucés ceux là mêmes qui ne cessent de les accuser d'être les «brutes de l'appareil répressif» du régime. La tension ne cessait cependant de monter entre ceux qui veulent défendre la stabilité politique et le progrès socioéconomique de leur pays et ceux qui veulent le plonger dans le chaos. Le 17 juin, les Marocains ont donc poussé un ouf de soulagement. La sagesse et la perspicacité de SM le Roi allaient permettre au Maroc de faire de grands pas en avant vers la démocratie et l'Etat de Droit. Ils sont donc sortis par milliers dans les rues des différentes villes du Royaume pour crier leur joie. Et exprimer leur soutien clair et franc au projet de la nouvelle Constitution. Ebranlés, les groupuscules subversifs ne savaient plus sur quel pied danser. Ils ont refusé de donner leurs propositions pour l'élaboration du projet de la nouvelle Constitution. Ils ont par la suite refusé de la voter et appelé au boycott du référendum populaire. Pour le commun des citoyens, il était devenu évident qu'ils ne savent ce qu'ils veulent. Ou plutôt si, le chaos Les Marocains aiment positiver. Contrairement à certaines «brebis égarées», les Marocains savent ce qu'ils veulent et ce qu'ils ne veulent pas. Ils veulent leur pays souverain sur tout son territoire authentique et légitime, fier de son Roi, qui le guide vers le progrès, de sa foi religieuse, dans le respect de celles des autres, de sa diversité culturelle, qui fait sa particularité et sa richesse, ouvert et tolérant, dans la droite ligne de sa tradition multiséculaire, attaché aux principes universels des Droits humains, tourné vers la démocratisation de son système politique et le développement socioéconomique. Ils veulent façonner de leurs propres mains le destin de leur pays, confier la conduite de ses affaires aux hommes politiques compétents qu'ils auront choisi et avoir leur Souverain à leur tête pour aller de l'avant. «The game is over» Le 1er Juillet 2011, les Marocains ont voté en nombre pour faire ce grand pas vers la Monarchie constitutionnelle et la direction du gouvernement issue des urnes. Trois marocains sur quatre sont allés accomplir ce jour là leur devoir citoyen en allant voter malgré la canicule, plus de neuf sur dix ont dit «Oui» au progrès politique représenté par le projet de la nouvelle Constitution. Par la même, les Marocains ont fait échec aux fauteurs de troubles. Une pancarte portée par un bon patriote marocain l'affiche crûment. «20 février, The game is over», la partie est finie. Bien sûr, les mauvais perdants ne sont pas prêts d'arrêter de donner de la voix pour faire savoir à qui veut l'entendre (et ne le sait pas encore) que ce sont d'éternels frustrés. Mais, la caravane passe Les Marocains ont beaucoup mieux à faire. Car le chantier du progrès politique, et delà socioéconomique, vient à peine d'être entamé. Ils doivent maintenant s'assumer en tant que citoyens entièrement responsables de leur sort. Apprendre à négocier entre différentes classes sociales et groupes d'intérêts, dans le cadre de l'institution législative où les citoyens ont démocratiquement élu leurs représentants, à composer pour cohabiter, à privilégier l'intérêt collectif sur les intérêts individuels et de classes, bref, à se prendre en charge et se comporter en citoyens mâtures et maîtres de leur destin commun. Il ne faut surtout pas croire que c'est chose aisée. La démocratie est un long apprentissage, surtout qu'il s'agit d'un système qui n'est pas parfait. Il faut tout le temps se remettre en question, remettre l'ouvrage sur le métier pour en soigner les détails. On n'adopte pas aujourd'hui une nouvelle Constitution pour se réveiller le lendemain dans une démocratie achevée, si tant est que celle-ci peut exister. Le train de l'évolution démocratique ne peut et ne doit jamais s'arrêter. Il y a d'abord tous les textes législatifs à adopter pour rendre opérationnelles les dispositions nouvelles de la Constitution. C'est un exercice éminemment politique. C'est la traduction concrète des principes énoncés dans le texte constitutionnel. Il faut donc veiller à ce qu'il n'y ait pas d' «erreurs» de traduction, qui trahirait l'esprit de cette constitution. Ceux qui seront chargés de réaliser cette importante tâche ne sont autres que les prochains représentants du peuple au parlement, ceux en qui les électeurs auront placés leur confiance pour faire entendre leur voix et défendre leurs intérêts lors des prochaines élections législatives. Du bon choix, ou pas, de ces députés vont découler beaucoup de choses qui décideront du profil du système politique marocain pour les quinze à vingt prochaines années. Il en découle que le prochain scrutin législatif sera de la plus grande importance pour l'avenir à court, moyen et long terme du Maroc. Il devra également décider de qui sera le premier chef du gouvernement marocain. Il va sans dire que la prochaine confrontation électorale entre partis politiques s'annonce déjà des plus «chaudes» de l'histoire contemporaine du pays, mais également des plus révélatrices de sa réelle carte sociopolitique. Le tri sera sévère. Ceux qui se «cachaient» sous des ombrelles vont se retrouver à découvert Les partis «parasites» et les «has been», survivances néfastes d'idéologies révolues, vont replonger dans les limbes dont ils n'auraient jamais dû sortir. Ce, si un «toilettage» est d'abord opéré parmi les responsables publics qui auront à assurer le bon déroulement de l'opération électorale, pour éloigner ceux qui ont été machiavéliquement placés à des postes clés pour «servir» quelques occultes intérêts. L'exercice de la politique va désormais prendre sa pleine signification. Chaque parti politique (digne de ce nom) va déployer tous ses efforts pour élaborer le programme susceptible de convaincre le plus d'électeurs. Le chef du gouvernement a été doté de larges pouvoirs pour appliquer le programme de son parti, que les électeurs ont choisi de porter à la tête de l'appareil exécutif. Du choix des élus du peuple dépendra son sort Il est cependant comptable des résultats de son équipe devant le parlement, désormais doté aussi d'instruments constitutionnels plus efficients pour exercer son contrôle sur les activités du gouvernement. Par équité démocratique, la nouvelle Constitution accorde également aux partis de l'opposition des moyens pour que cette dernière joue pleinement son rôle. Les concepteurs de la nouvelle Constitution ont ainsi intelligemment stipulé que la présidence de la commission de la législation de la Chambre des représentants, échoit automatiquement à l'opposition. C'est une garantie que les projets de lois ne pourront jamais être adoptés au sein de cette commission sans un véritable débat contradictoire. L'exercice de la démocratie prendra également tout son sens à l'échelle régionale. Non seulement la nouvelle Constitution consacre le principe de libre administration des collectivités locales et plus de prérogatives aux Conseils régionaux, dont les membres sont élus, mais octroie, d'autre part, au chef du gouvernement le pouvoir de nommer gouverneurs et walis. La bonne gouvernance des régions va donc dépendre entièrement de responsables élus par le peuple ou choisis par ces derniers. C'est la fin de l'omnipotence du département de l'intérieur. Tout ceci tend à souligner à quel point sera décisif le choix des prochains élus du peuple, à la Chambre des représentants comme aux collectivités locales et aux collèges des organisations syndicales et professionnelles. Inutile, désormais, de se plaindre de la valeur de leurs travaux si ce n'est pas aux bonnes personnes qu'ont été confié le pouvoir de légiférer et de prendre les décisions qui engagent l'avenir de la nation et déterminent la qualité de vie des citoyens. Les Marocains, maîtres de leur destin, en sont donc dès à présent entièrement responsables. Ils ont fait preuve jusqu'à présent d'une grande maturité politique et d'un pragmatisme certain. Ce qui est fort encourageant pour l'avenir. Même les dirigeants des grandes nations de ce monde n'ont pas manqué de remarquer ce comportement collectif hautement civilisé et de le saluer. Un avantage comparatif des plus décisifs dans un monde arabe violemment secoué par les vagues des révoltes populaires. L'exception marocaine, nombreux étaient ceux qui ironisaient bêtement à son sujet, du haut de leur suffisance intellectuelle. Maintenant, ils seront bien obligés d'y accorder crédit, sans pour autant éviter d'être eux-mêmes définitivement décrédibilisés. Le peuple dit : «Oui» à la nouvelle Constitution. Le peuple dit : Vive le Roi. Le peuple dit : En avant le Maroc. Félicitations aux Marocains et bonne continuation.