Trois cent cinquante mille dirhams est une somme très importante que le propriétaire d'une minoterie a perdue en un clin d'œil. La raison : un charlatan exploite sa cupidité pour se présenter devant lui comme un fqih qui exhume les trésors. Il est vêtu d'une djellaba usée, chaussé de babouches jaunes et porte un cartable marron. Avec une démarche très lente, il se tient devant Mohamed qui vient de commencer son travail à la minoterie, cet après-midi du mois de mars. -Assalamou Âlaykoum, lui dit l'homme. -Ouaâlaykoum Assalam, répond Mohamed. L'homme entre sans permission à la minoterie, lui demande de lui parler : “Je suis un fqih de la région de Souss, les“Jadawil des talismans“ m'ont indiqué une maison qui ne se trouve pas loin de là, qui appartient au propriétaire de cette minoterie, elle est constituée de deux chambres, une cuisine, un hall où se trouve un cep de vigne…Un important trésor y est enterré et je peux l'exhumer…“, lui explique-t-il, en lui donnant son numéro de téléphone. Ébahi, Mohamed téléphone à son patron Rachid, lui raconte l'histoire. Rachid arrive, téléphone au fqih et lui fixe un rendez-vous. Vers seize heures, près de la gare routière de Beni Mellal, Rachid se pointe à bord de sa Mercedes. Le fqih avance, ouvre la portière de la bagnole, monte et engage la conversation : “Gloire à Dieu, on s'est reconnu très vite, et tu es vraiment un vrai croyant…Dieu veut que tu deviennes un richard malgré toi“ Ils se rendent à la minoterie, puis se rendent à la maison abandonnée qui se situe à dix kilomètres de Beni Mellal. Vingt-deux heures. Le fqih entame le travail, tient une poignée d'une poudre, la met dans un talisman, commence une lecture de Coran jusqu'à une heure du matin du lendemain. Trois jours plus tard, ils retournent à la maison abandonnée. Le fqih trace quatorze rectangles sur la terre de l'une des deux chambres, y dépose des amulettes. Il met, par la suite, la poudre dans une bouteille en plastique, y ajoute de l'eau et du sel en psalmodiant le Coran à haute voix. Il asperge la chambre par l'eau mélangée au sel et la poudre et met l'encens dans un brasero. Le lendemain, vers 22h, le fqih, Rachid et son employé Mohamed se rendent à la maison du trésor. Le fqih, une pioche à la main, commence à creuser en leur demandant de prier (deux prosternations chacun). Il creuse avec acharnement. Une fosse a été creusée. Il leur demande de poursuivre la prière, prend un drap, couvre le trou de la fosse : -Allez, allez, voilà le signe de la richesse, crie-t-il. Ils restent cois devant deux petits vases en argile qu'il déterre ; l'un d'eux contient deux hyacinthes et des pièces qui brillent. Rachid tente de les toucher. Le fqih le surprend: “Attention ne les touche pas, le diable les garde encore“. Rachid retire sa main. Le fqih leur ordonne de lire deux cents fois Sourate"Al Ikhlasse" (La fidélité).Quelques moments plus tard, ils entendent une voix qui crie : “Tu deviendras riche, Rachid, mais garde le secret et exécute les ordres“. “"Talbine Attaslime", quels ordres”, demande le fqih. “Quatre offrandes et cinq litres de l'eau "Dahlije" et tu auras un trésor de cinq hyacinthes et deux grandes caisses de pièces en or“, répond la voix. Ils retournent à Beni Mellal. Le fqih affirme à Rachid que l'eau Dahlije n'est pas à la portée de tout le monde car elle n'existe qu'au Pakistan. Ils regagnent Rabat pour rencontrer un autre f'kih qui dispose de l'eau. Il leur demande 70 mille dirhams pour un seul litre. Ils rebroussent chemin vers Beni-Mellal. Rachid court à gauche et à droite pour avoir la somme de 350 mille dirhams. Puis ils retournent à Rabat et achètent l'eau. Les trois hommes arrivent à la maison abandonnée. Le fqih commence à psalmodier une prière, demande à ses compagnons de s'éloigner, prend une table, l'allume par le feu :“ on le fait pour que le diable disparaisse par la fumée“ leur dit-il. Une grande fumée couvre la chambre, Rachid et Mohamed toussent, ils ne peuvent plus rester dans la chambre. Il n'y a que de la fumée qui s'ajoute à l'obscurité. Une demie heure plus tard, ils retournent à la chambre. Et c'est la surprise. Le fqih a disparu.