Un imam a été arnaqué par trois faux f'kihs qui ont prétendu pouvoir déterrer un trésor en or pur et trois perles enfouis dans un terrain. L'imam, qui leur a versé une somme de 120 mille dirhams, a déposé plainte devant la justice. Ils étaient trois quadragénaires portant des djellabas blanches et chaussant des babouches de différentes couleurs. Leur passage dans quelques quartiers de Ghafsay, province de Taounate, a attiré l'attention des habitants. Qui sont-ils ? Pourquoi portaient-ils, tous les trois les mêmes accoutrements ? Sont-ils des f'kihs ? Chez qui sont-ils venus et pourquoi faire? Les curieux sont partout notamment dans les petites localités où tous les habitants se connaissent. Les trois quadragénaires avançaient précipitamment vers une maison qui se trouvait loin du centre. C'est la demeure du Mokhtar, le f'kih d'une mosquée de la région. La porte de la demeure de ce dernier était fermée. Ils ont tourné leurs regards à gauche et à droite mais personne ne se trouvait autour de la maison. L'un des trois quadragénaires a avancé vers la porte et les deux autres sont restés un peu à l'écart. Trois coups et le visage d'une jeune fille est apparu dans l'entrebâillement de la porte. Elle n'a pas encore bougé ses petites lèvres quand l'homme lui a demandé après Mokhtar. «Oui, je vais l'appeler», leur a-t-elle répondu avant de disparaître. Quelques secondes plus tard, un quinquagénaire apparaît sur le seuil de la maison. «Je m'appelle Othman et voilà mes deux amis, Abdellah et Abdelkader», lui a dit le visiteur avec un sourire aux lèvres. Mokhtar s'est avancé vers les deux autres hommes, les a salués, leur a demandé de le suivre et les a accueillis avec des verres de thé et des gâteaux. Othman, a par la suite pris la parole pour lui expliquer leur objectif : «Nous sommes des f'kihs qui cherchent à enseigner le Coran aux enfants dans une mosquée ou à être des imams». Mokhtar leur a demandé de passer la nuit chez lui après les avoir rassurés qu'il déploiera tous ses effort pour leur rendre service. La nuit, après la prière d'Al Îchae, l'un des trois f'kihs, le même Othman, a été soudainement pris de convulsions. Mokhtar qui était dans une autre chambre a sursauté de sa place et les a rejoints en courant. Que s'est-il passé ? «Non, rien du tout…C'est normal, il est seulement possédé par ses M'louks», lui a expliqué Abdellah alors que le premier fqih s'agitait et psalmodiait avec de se calmer aussi soudainement. Sans ouvrir ses yeux, il a commencé à parler au moment où Mokhtar le regardait curieusement sans dire le moindre mot. «Ce Mokhtar est un brave homme, pieux, qui possède un trésor imaginaire», dit Othman qui faisait semblant d'être inconscient. Abdellah a tourné la tête vers Mokhtar et lui a affirmé : « C'est le djinn Pacha Hammou qui parle et non pas f'kih Othman ». Étendu sur un divan, Othman a affirmé que ce trésor est caché sous une pierre noire située dans son terrain vague qu'il possède un peu plus loin de chez lui. Un trésor composé d'or pur et de trois perles qui coûtent des centaines de millions de dirhams. La surprise dépassait l'imagination de Mokhtar. Il a écarquillé ses yeux tout en lançant un sourire qui exprimait sa joie. Othaman a ouvert les yeux pour regarder autour de lui et s'interroger : «Que s'est-il passé?». Ses amis lui ont expliqué ce qui lui est arrivé et ce qu'il leur a dévoilé. Le lendemain, les trois fkihs et leur hôte se sont réveillés et ont pris le petit-déjeuner avant de prendre le chemin du terrain que Othman leur avait indiqué. À quelques centaines de mètres, ce dernier leur a demandé de s'arrêter. En psalmodiant quelques versets du Coran, il a fini par leur indiquer précisément le lieu de la pierre noire. Et ils ont commencé à creuser jusqu'au moment où ils ont trouvé une petite pierre noire. «La voilà !», crie les trois f'kihs devant les yeux de Mokhtar. Celui-ci a gardé le mutisme. Et ils ont continué à creuser. Quelques minutes plus tard, Othman qui donnait les instructions, leur a demandé de s'arrêter. Pourquoi ? Ses “M'louks“ lui ont suggéré que le trésor a été évacué par son gardien, un Djinn, vers la région de Zkouta, près de Meknès, et a été enterré sous un figuier. Mokhtar les a transportés à bord de sa voiture jusqu'au lieu indiqué. Là, Othman a demandé à Mokhtar de lui verser une somme de 800 mille dirhams pour avoir ce trésor. La cupidité de ce dernier l'a possédé au point qu'il a commencé à marchander avec eux pour fixer un prix de 120 mille dirhams. Aussitôt, Mokhtar est retourné à Ghefsay pour tirer la somme, fruit de plusieurs années d'économie, de son compte en banque et les a rejoints ensuite. Il a trouvé le trio avec une boule qui ressemble à une pierre bien façonnée. «Voilà une des trois perles», lui lance Othman avant de recevoir la somme d'argent. Entre temps, un des faux fqihs a mis un somnifère dans le verre de thé de Mokhtar. En le sirotant, il a perdu conscience et le trio s'est évaporé. En se réveillant, Mokhtar s'est rendu compte qu'il a été victime de trois escrocs. Déposant une plainte, le trio a été arrêté et traduit devant la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Taounate.