Les autorités iraniennes ont invoqué des problèmes de circulation pour interdire la première manifestation estudiantine de soutien aux réformateurs mobilisés contre la tenue de législatives iniques à leurs yeux. L'activité politique a paru suspendu, après plusieurs jours de tension, dans l'attente d'une éventuelle intervention du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, pour tirer la République islamique de ce qui est peut-être la plus grave crise de ses 25 ans d'histoire. Quelque 250 étudiants sont quand même sortis de la réserve longtemps observée par un corps à la pointe de la revendication démocratique, pour se réunir à l'université Amir Kabir de Téhéran et exprimer leur solidarité avec les réformateurs. Plusieurs députés réformateurs sont venus chercher cet appui et des paroles très virulentes ont été prononcées contre les organes conservateurs qui ont provoqué la crise en éliminant quelque 2.500 candidats aux législatives prévues pour le 20 février. "Que les dirigeants méditent le sort de ceux qui n'ont pas respecté la démocratie ni les droits de l'Homme, Milosevic, Pinochet, Mollah Omar, Saddam Hussein (...), nous disons que l'histoire scelle le sort des dictateurs", a risqué l'étudiant Massoud Dehghan. Les autorités se montrent moins mal disposées envers de tels rassemblements circonscrits à l'université que ceux qui risquent d'en déborder. Les étudiants ont ainsi été interdits de manifester mercredi devant le principal campus de la capitale. "Aucun rassemblement ne sera autorisé devant l'entrée de l'université de Téhéran", a déclaré Ali Taala, directeur des Affaires politiques et sécuritaires du gouvernorat, cité par l'agence estudiantine Isna."Cela fait plusieurs années qu'aucune autorisation de rassemblement n'est délivrée à cet endroit-là à cause des problèmes de circulation dans le quartier", a-t-il expliqué. Cette décision paraissait acquise au moment même où les sections de l'Association islamique, syndicat très progressiste dans les principales universités de la capitale et dans les facultés de médecine, ont déposé leur demande. Leur manifestation aurait été la première depuis le début de la crise le 11 janvier. Mais les autorités, inquiètes d'une contagion, n'ont jamais autorisé de rassemblements à l'extérieur des universités, ces derniers mois, et ont pris toutes les dispositions policières pour que les étudiants n'en sortent pas. Les étudiants se sont longtemps tenus à l'écart du conflit, reprochant aux réformateurs de les avoir régulièrement lâchés ces dernières années lors de leurs mouvements. Le 27 janvier cependant, ils ont rejoint le sit-in de députés protestataires qui se poursuivait mardi au Parlement.