Samedi, plusieurs milliers d'étudiants réformistes ont manifesté à Téhéran, exigeant l'organisation d'un référendum national sur l'avenir politique de l'Iran et la fin de la «dictature» actuelle. Mobilisés depuis début novembre et l'annonce de la condamnation à mort de l'intellectuel Hachem Aghajari, les étudiants iraniens ont à nouveau manifesté en nombre samedi pour protester contre la politique «anti-réformes» actuellement menée par les conservateurs du pays. «Nous vous demandons de respecter le choix du peuple et permettre de voter des réformes. Nous sommes la dernière génération à s'adresser à vous par le dialogue, la génération suivante prépare déjà ses poings» a lancé le leader étudiant Mohammad Ajdadi à l'attention des « durs » du régime, devant un auditoire qui répétait des slogans tels que «Mort à la dictature». Deux rassemblements étaient en fait prévus ce jour-là. L'un, autorisé, s'est déroulé sur le campus de l'université de Téhéran, en hommage aux trois étudiants tués en 1953. Il a mobilisé quelque 3.000 étudiants. L'autre, qui s'est tenu devant l'établissement universitaire, a quant à lui été violemment dispersé par la police. Selon un responsable du ministère de l'Intérieur, entre 60 et 70 jeunes ont alors été interpellés. Les quelque 2.000 policiers et membres des unités anti-émeutes, qui quadrillaient la zone, se sont employés à étouffer dans l'œuf toute fraternisation entre les étudiants du campus et ceux «de la rue», à coups de matraques et de bombes lacrymogènes. Ces derniers ont réclamé la démission du chef de l'autorité judiciaire et s'en sont une nouvelle fois pris au guide suprême Ali Khamenei et à l'ex-président Rafsandjani. Ils ont également demandé la libération de tous les «prisonniers politiques» et un référendum sur l'avenir politique du pays. La situation a ensuite dégénéré lorsque les affrontements ont commencé avec la milice islamiste Bassidj, de plus en plus active pour étouffer les manifestations pro-réformistes. Cette organisation, qui avait pris part à la violente répression du mouvement estudiantin de juillet 1999, a pour sa part appelé à une contre-mobilisation dimanche.