Après plusieurs jours de manifestations étudiantes et l'intervention de l'Ayatollah Khamenei, le président Khatami est sorti de son silence mercredi pour dénoncer la condamnation à mort de l'intellectuel Aghajari. L'intellectuel Hachem Aghajari a été condamné à la peine capitale le 6 novembre dernier par la justice iranienne. Il a été jugé pour avoir plaidé en juin en faveur d'un « protestantisme de l'Islam » et pour avoir déclaré que les Musulmans «n'avaient pas à suivre aveuglément un chef religieux». Ce verdict a depuis suscité une grande émotion en Iran, provoquant notamment des manifestations quotidiennes d'étudiants. Mercredi, à Téhéran, 2.500 manifestants, rassemblés dans l'université Amir Kabir, ont ainsi répété qu'ils «souscrivaient à tout ce qu'avait dit Hachem Aghajari». Rompant le silence sur cette affaire, Mohammad Khatami, qui avait été pressé de toutes parts d'intervenir, a de son côté finalement jugé le «verdict inapproprié». «Personnellement je désapprouve ce genre de pratiques», a-t-il déclaré mercredi. «Dans la mesure où ce verdict n'aurait jamais dû être prononcé, j'espère que cette affaire se terminera de manière appropriée», a-t-il affirmé, avant d'ajouter que «ce verdict ne semble pas applicable et ne sera pas appliqué». Et le président réformateur d'avertir que les responsables des différents pouvoirs, notamment la justice, aux mains des conservateurs, devraient faire attention à leurs actes «lorsque la sécurité nationale et le prestige du régime étaient en jeu». Cette condamnation pour «blasphème» a tellement secoué le pays que le Guide suprême iranien a menacé lundi d'un recours ultime à la «force du peuple» en cas de crise. Hachem Aghajari a pour sa part indiqué mardi qu'il refusait de faire appel et que c'était à la justice de casser le verdict. L'intellectuel a ainsi placé l'instance conservatrice devant un choix difficile : faire ou non réviser le verdict et donc apaiser ou non les esprits. « Comment peut-on défendre quelqu'un qui se dit Musulman mais remet en cause les principes de la religion (...) et qualifie de singes ceux qui imitent les dignitaires religieux » a déjà répondu mercredi l'intéressé.