Lors d'une conférence de presse tenue vendredi 30 janvier à Rabat, le ministre des Habous et des Affaires islamiques a dévoilé le nouvel organigramme de son département. La création de deux directions, l'une dédiée à l'enseignement traditionnel et l'autre aux mosquées. La sécurité spirituelle, que la nébuleuse terroriste de la Salfia Jihadia cherche à transformer en insécurité tout court, se trouve depuis les attentats du 16 mai au cœur des enjeux du ministère dirigé par Ahmed Taoufiq. Un homme communicatif et résolument moderniste. Vendredi, 10H, dans la sobre, mais non moins prestigieuse salle de conférence du ministère des Habous et des Affaires islamique, en plein cœur du Mechouar à Rabat. L'audience, composée presque exclusivement de journalistes appartenant et des supports arabophones et de quelques responsables du ministère, est au complet. L'ambiance est sereine. Et c'est sans trop se faire attendre que le ministre de tutelle a fait son entrée. Le visage est jovial, l'air dynamique, l'expression d'une extrême sympathie. Et le geste qui tue. Ne se contentant pas d'un simple « bonjour », Ahmed Taoufiq semble ne rien faire comme les autres. Il fait littéralement le tour de l'immense table ronde de la salle, regard chaque invité droit dans les yeux et le salue. C'est ainsi que la conférence prévue ce jour-là pouvait commencer. Le ton est donné d'entrée. Cette rencontre n'est que la première d'une série d'autres. Chacune d'elle sera consacrée à un thème bien précis, pour éviter la dispersion. Pour ce vendredi-là, il fallait commencer par le commencement : le nouvel organigramme du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Elément-phare de cette réforme, la création de deux nouvelles directions. La première est celle des mosquées. Le deuxième est relative à l'enseignement traditionnel. Une nouvelle restructuration, donc, pour ce ministère, le seul à être restructuré par Dahir et non par décret. Dans ce cas de figure, c'est du Dahir 1. 03.193 paru le 4 décembre 2003 qu'il était question. Une réforme dont le but est de « garantir au ministère de plus larges champs d'action et de nouvelles structures centrales et externes à même de lui permettre de mener à bon escient les missions et responsabilités dont nul n'ignore l'importance, que ce soit dans la sauvegarde du Waqf, sa gestion et son développement, ou dans la gestion de la chose religieuse, garant de ses fondements spirituels et son attachement au rite malékite », a déclaré d'emblée M. Taoufiq. Avec le nouvel organigramme, le nombre de directions au ministère des Habous et des Affaires islamiques passe de 3 à 5, celui des divisions de 9 à 18 alors que le nombre des services passe de 29 à 60. La direction des mosquées aura ainsi pour attributions de veiller à l'élaboration de programmes et projets annuels et pluriannuels pour la construction, la rénovation et l'entretien des mosquées, leur équipement et leur encadrement. Elle est également compétente pour tout ce qui concerne le fonctionnement des mosquées, la gestion des affaires des préposés au culte, leur rendement et l'amélioration de leur situation. Autres attributions: assurer le suivi des programmes de prédication dans les mosquées et faire des propositions pour céder la gestion des mosquées, construites par des particuliers. Le nouvel organigramme confie également à la direction des mosquées la tâche d'organiser des cycles de formation au profit des prédicateurs. Quant à la direction de l'enseignement traditionnel, elle est habilitée à définir la stratégie pédagogique pour ce type d'enseignement, d'élaborer la carte nationale des établissements concernés ainsi que leur régime d'études et d'examens. Elle propose également des dispositions de nature à soutenir les établissements de l'enseignement traditionnel dans l'accomplissement de leur mission et à créer des espaces et activités parallèles au profit des élèves. Parmi les divisions nouvellement créées figurent celles du Coran, de la législation et de la coopération et communication. Cette dernière division est née d'une demande formulée par plusieurs pays musulmans et aura pour mission de coordonner avec des organismes aussi bien nationaux qu'internationaux. Au niveau régional, il a été procédé à la création de 16 délégations régionales des affaires islamiques qui auront à superviser le travail des délégations provinciales des affaires islamiques ainsi que la création de plusieurs conseils d'Ouléma. L'objectif n'est autre que d'assurer davantage de proximité entre le ministère et les citoyens et de présenter la vraie image de l'Islam. Les délégués régionaux auront dans cette perspective l'exclusive responsabilité du Waqf et seront dispensés des affaires religieuses, pour éviter toute forme d'improvisation. Ce nouvel organigramme a notamment pour objectif de mieux faire connaître les réalités de la religion islamique tolérante, de veiller à la vulgarisation de ses préceptes et ses valeurs, de pérenniser l'institution du Waqf et de fructifier son patrimoine. Un développement des ressources humaines que compte le ministère est également prévu. Quelque 300 postes budgétaires sont à cet égard alloués pour l'année 2004 pour mieux accompagner cette réforme. Le redéploiement et la rationalisation des ressources humaines dont le ministre dispose déjà est également prévu dans ce sens. Un tel gâteau ne pouvant être sans cerise, un site Internet du ministère est également en construction. Entre les affaires islamiques et la professionnalisation, le mot d'ordre est désormais connexion.