La refonte du champ religieux, c'est aussi l'amélioration de la situation des imams et des personnels des mosquées. L'enseignement authentique, autrefois véritable «secteur informel», bénéficie aussi des efforts du ministère de tutelle. Le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Taoufiq, a émis le souhait de voir son département bénéficier d'une affectation budgétaire supplémentaire de l'ordre de 100 millions de DH. Cette enveloppe, affirmait le ministre mercredi devant la Chambre des représentants, servira a améliorer davantage la situation, et les conditions de travail, des dizaines de milliers d'imams (et autres catégories de personnels) officiant dans les mosquées du Royaume en attendant de pouvoir régulariser leur situation une fois pour toutes. Selon Ahmed Taoufiq, citant une enquête élaborée par son ministère, il existe actuellement 43.894 personnes embauchées dans les mosquées du Maroc et dont 33.082 imams, soit 75 % du total. Sur ce même chiffre global, 80 % font également office de muezzins, 52% font des prêches en plus d'un taux de 18 % de prédicateurs. En 2004, et sur décision de Sa Majesté le Roi, 150 millions de dirhams ont été affectés spécialement pour indemniser 32.432 imams. Geste qui a fait que, pour la première fois, des imams ont vu le total de leurs indemnités grimper à 11.000 DH annuels. Selon Ahmed Toufiq, une prime pour le prêche de vendredi est également versée aux imams qui s'y livrent. Cette prime varie, à l'en croire, entre 300 et 2.400 dirhams selon la situation géographique des mosquées. L'amélioration de la situation matérielle des imams et personnels des mosquées en général figure parmi les priorités du ministère des Habous et des Affaires islamiques doté depuis quelques mois d'un nouvel organigramme, mais surtout de délégations qui supplantent les célèbres «Nidarat». Les personnels concernés sont ceux-là mêmes qui veillent à l'Islam modéré, tolérant et au rite malékite choisi par les Marocains depuis des siècles. L'autre chantier, parmi d'autres, du ministère de Habous et des Affaires islamiques concerne la structuration, et la modernisation, de l'enseignement authentique. Ce «secteur», désormais encadré par la loi 13-10 et disposant d'une direction dans le nouvel organigramme du ministère, connaîtra d'autres améliorations avec l'élaboration, et la prochaine promulgation, des textes d'application de cette loi qui servira de référence pour toutes les réformes envisagées. L'enseignement authentique, à voir de près dans les chiffres avancés par le ministère de tutelle, n'a rien d'un «secteur négligeable». Il faut savoir que le Maroc abrite des centaines d'écoles dédiées à cette «filière» dont 429 placées sous la supervision directe du département de M. Taoufiq. Ces derniers établissements abritent actuellement 19.494 étudiants dont 6.755 bénéficiaires de bourses octroyées par le ministère. Ces étudiants sont encadrés par 997 enseignants dont plus de la moitié (470) bénéficient d'une prime avancée par le même département. L'approche privilégiée par le ministère des Habous et des Affaires islamiques est d'élargir le spectre des écoles parrainées. Ainsi, pour les seules années scolaires 2002-03 et 2003-04, ce département a inclus 12 écoles dans cette catégorie. Lors de la même période, il a octroyé 114 bourses aux nouveaux étudiants, 43 aux nouveaux enseignants et formé 60 prédicateurs destinés à officier dans les casernes militaires du Royaume. Les étudiants de pays africains, traditionnellement liés au Maroc, ont eu leur part des efforts de ce département à travers notamment l'octroi de bourses, sur la même période, à une quarantaine d'étudiants. Taoufiq a lancé un appel à tous les partenaires, gouvernement, autorités locales, opérateurs économiques et bienfaiteurs, pour aider à faire aboutir les réformes envisagées.