Tunisie, Algérie : ce qu'il faut espérer sans trop y croire. Tout ou presque a été dit sur les tristes événements qu'ont vécus Tunisiens et Algériens au cours de ces derniers jours. La Tunisie et les limites de son modèle. Le paradoxe algérien avec le mal-vivre et le mal-être de son peuple comme rançon de ses réserves en milliards de dollars et de la géopolitique de ses dirigeants. L'impossible et utopique Maghreb. L'évaluation des risques de contamination, etc. Il n'y a donc pas lieu d'ajouter grand-chose aux analyses faites des deux situations. Cependant, quelques remarques : Le traitement différencié qu'a fait Aljazeera des deux évènements au détriment de la Tunisie. Abject. L'attitude mitigée et embarrassée de la France. Compréhensible ? Peut-être. L'Europe a mis du temps à condamner la Tunisie pas l'Algérie. Peu glorieux. On peut imaginer d'ici la profusion des prises de position, l'une plus virulente que l'autre s'il avait été question du Maroc. A Dieu n'en plaise. Il est nécessaire aussi de relever la retenue des médias marocains à l'égard de l'Algérie. Mon Dieu ce que cela aurait été dans le cas contraire. Sur le fond, les émeutes d'Algérie n'ont surpris personne. Voilà presque vingt-trois ans, depuis les émeutes de 1988, que ce pays vit dans les turbulences de l'instabilité. Celles de la Tunisie par contre ont pris de court tout le monde. Vingt-trois ans de stabilité fondée sur le social couplé au fortement sécuritaire. On savait que le pays des olives savait se vendre mais on devinait sa part de misère cachée. Mais des diplômés chômeurs ! On croyait que c'était l'exclusivité des manifestants journaliers devant le Parlement marocain. Ce qui va sortir de tout ceci, on n'en sait trop rien. Une redistribution des cartes ? Une façon différente d'appréhender les politiques générales dans nos pays ? Une autre approche de la coopération régionale et du rôle éminent pour l'Union maghrébine ? Il faut l'espérer. Sans trop y croire. Michel Onfray, professeur de l'histoire de la philosophie, est, pour ceux qui ne le connaissent pas, un électeur de Besancenot, autrement dit un extrémiste de gauche. C'est un bon pamphlétaire et un excellent polémiste. Auteur, ses ouvrages font la plupart du temps mouche. Sa dernière sortie contre Freud a alimenté le débat. Mais son livre référence demeure le «Traité d'athéologie». On l'aura compris, c'est un incroyant patenté. C'est sa liberté. Toutefois, l'autre jour je l'ai vu défendre une thèse très proche de l'idée que se fait le Pape Benoît XVI de la violence en Islam. Elle lui est intrinsèque et inhérente, croit-il. Preuve en est que Michel Onfray a le Coran chez lui et l'a lu. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'il ne suffit pas de lire le Saint Livre pour le comprendre. Je saisis cette occasion juste pour dire combien je ne conçois pas qu'aucune institution ou organisme spécialisé n'ait pris l'initiative de traduire une œuvre rationnelle et méthodique en quatre volumes, «Introduction au Coran», déjà traduit au français, et «Explication du Coran selon l'ordre chronologique de la révélation» de Mohammed Abd al-Jabri. Pareille décision éviterait au très audible Onfray de dire des bêtises.