Elle attendait le bus quand un jeune homme s'est tenu près d'elle. Armé d'un couteau, il l'a obligée à lui céder. Il l'a kidnappée et violée. En conséquence, il a écopé de dix ans de réclusion criminelle. Elle sanglotait. Elle n'arrivait pas à retenir ses larmes. Le président de la Cour lui a demandé de se calmer. En vain. Il a demandé à sa mère de la conduire en dehors de la salle d'audience. Nous sommes à la Cour d'appel de Casablanca. À pas lents, Fatiha a quitté la salle d'audience, toujours les larmes aux yeux. Sa mère marchait derrière elle. Et le président de la Cour a fixé ses regards sur le jeune homme qui se tenait devant lui. «Elle n'arrivait pas à te fixer du regard. Cela prouve que tu l'as torturée horriblement», lui a dit le président de la Cour qui tournait ses yeux vers l'assistance pour lui demander de se taire. Parce qu'un brouhaha avait circulé dans les quatre coins de la salle d'audience. Le jeune homme a gardé le silence tout en baissant les yeux. Il s'appelle Mohamed, vingt-huit ans, célibataire et sans profession. Depuis qu'il a quitté les bancs de l'école, il s'est livré à la mauvaise fréquentation. La consommation de drogue est devenue son pain quotidien au point qu'il a commencé à agresser les riverains pour avoir l'argent nécessaire afin d' acheter sa dose. En conséquence, il a été arrêté, la première fois, alors qu'il venait de faire les adieux à son adolescence. Il a purgé une peine de six mois de prison ferme pour vol simple. Seulement, une fois relâché, il a été alpagué pour une deuxième fois pour les mêmes motifs, à savoir le vol simple avec récidive. Il a été condamné, à ce propos, à un an de prison ferme. Et il en est sorti avec plus d'expérience. Il partageait sa vie entre les agressions des victimes, la consommation de haschich et de comprimés psychotropes et l'ivresse. «As-tu violé Fatiha ?». La question posée par le président de la Cour était directe. Mohamed a gardé le silence comme s'il n'a rien entendu. Le président de la Cour semblait être énervé. Il lui a répété la question sur un ton nerveux. Mohamed s'est disculpé. «Elle était ma fiancée», a-t-il répondu sans vergogne. Il a nié l'avoir kidnappée et violée atrocement. Il a affirmé à la Cour qu'elle était sa maîtresse. Quand elle est tombée enceinte, il a décidé de l'épouser. Pour réaliser ce projet, il s'est présenté avec sa famille pour la demander en mariage. «Il a menti, M. le président… Je ne l'ai jamais connu», a répondu Fatiha quand le président de la Cour lui a expliqué que son agresseur avait prétendu qu'il l'a demandée en mariage et qu'elle était sa fiancée. Au détail près, Fatiha a raconté à la Cour ce qui lui est arrivé la nuit de son viol. «J'étais chez ma sœur à Derb Soltane. J'attendais le bus quand ce jeune s'est tenu à côté de moi», a-t-elle affirmé sur un ton entrecoupé de sanglots. Elle ne s'est pas rendu compte de sa présence. Il était 20 h. Malheureusement, ils étaient seuls. Tout d'un coup, il s'est approché d'elle. Et il lui a mis un couteau sous ses aisselles. Il lui a intimé l'ordre de rester calme sans réagir. Sinon, il l'a menacée de la balafrer .Tremblant de peur, mais sans avoir la force de réagir, elle a gardé le silence tout en marchant à ses côtés. Il l'a conduite vers une demeure située dans une ruelle. Il l'a faite entrer dans une chambre. Il a verrouillé la porte et l'a obligée à se dévêtir. Sinon, il l'a menacée, cette fois-ci, de meurtre . Fatiha n'avait pas d'autre choix que de lui céder. Il a passé la nuit à la violer jusqu'à l'aube. Et il l'a mise dehors. Un crime qui lui a coûté dix ans de réclusion criminelle.