La chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca a condamné Hafid, 26 ans, un repris de justice, à 8 ans de réclusion criminelle pour avoir violé deux femmes. Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Au banc des accusés, Hafid ne manifestait aucun signe d'inquiétude. À vingt-six ans, il était déjà un habitué des salles d'audience, des bancs des accusés, des magistrats, des avocats, des geôles. Bref, il s'est familiarisé avec ce monde depuis son vingt-troisième printemps. «Je ne les ai pas violées», se défend-il, clamant ainsi son innocence. Il n'hésitait pas à préciser aux magistrats qu'il ne les a jamais menacées avec un couteau pour les obliger à partager le même lit avec lui. «Elles sont entrées chez moi de leur plein gré…Aïcha ne m'a pas plu et j'ai couché avec Nadia contre 50 dirhams», a-t-il précisé à la Cour. Stupéfaite, Aïcha, âgée de trente-deux ans et mère de quatre enfants, a échangé des regards avec Nadia, vingt-sept ans, divorcée et mère d'un enfant. Toutes les deux se tenaient près du mis en cause qui continuait à les accuser de débauche. Ne sachant plus quoi dire, Aïcha a commencé à chercher son mari dans la salle, sans pour autant arriver à le repérer. «Mais, M. le président, je suis mariée, je ne suis pas …». Sans achever sa phrase, elle s'est fondue en larmes et c'est après la demande du président, qu'elle a arrêté de pleurer pour reprendre ses déclarations. Elles étaient chez une voisine malade habitant l'ancienne Médina. Le retard de bus les a obligées de n'arriver au quartier Moulay Rachid, où elles demeurent, que tardivement. À l'arrêt du bus, il ne leur restait que quelques centaines de mètres pour arriver à leurs maisons. À mi-chemin, elles étaient surprises par un jeune homme qui leur a demandé de s'arrêter. Elles ont tenté de s'enfuir. En vain. Armé d'un long couteau, il ne leur a pas laissé la moindre occasion pour bouger. À noter que nul passant n'était sur les lieux à ce moment-là, même s'il n'était que 20 h 30. Tremblant de peur, elles l'ont supplié de les laisser partir, mais Hafid a mis le couteau au niveau des côtes gauches de Aïcha et a saisi violemment les cheveux de Nadia. «Si l'une de vous crie, je vais vous tuer», a-t-il menacé. Terrifiées, elles ont fini par obtempérer. C'est ainsi qu'il les a conduit à son domicile et les a déshabillées. Complètement nues, Hafid les regardait en riant. Après, il a saisi Nadia, l'a obligée de s'allonger sur le lit et lui a mis le couteau sur la nuque. Comme un monstre, il l'a violée à deux reprises sous les yeux de Aïcha. Et c'était le rôle de cette dernière. Il l'a saisie après avoir relâché Nadia. Et sous la menace de couteau, il l'a obligée de faire des choses contre-nature. Une fois terminé, il a obligé Nadia de faire la même chose. En refusant, il l'a torturée avec une barre de fer. Aïcha a commencé à demander secours. Après les avoir violentées, ils les a libérées. Dans un état affreux, les deux mères ont retourné chez elles. Le lendemain, elles se sont adressées à la police pour déposer plainte. Hafid est arrêté et traduit devant la justice. Enfant de divorce, Hafid a passé seize ans chez son père. Remarié, ce dernier l'a chassé de chez lui. Et Hafid a rejoint sa mère au quartier Moulay Rachid. C'est là qu'il a appris les notions de base du vagabondage et de la délinquance. «Mais je ne les ai pas violées M. le président», se disculpait-il devant la Cour. Son avocat, constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire, a réclamé la requalification de son crime en débauche. Mais le représentant du ministère public a requis une peine maximale contre lui en demandant à la cour de prendre en considération les aveux du mis en cause devant la police. Après les délibérations, la Cour l'a condamné à 8 ans de réclusion criminelle.