Meriem était de retour chez elle après avoir passé quelques moments chez une amie. Malheureusement, un drogué lui a coupé le chemin, l'a conduite vers un immeuble et l'a violée. Nous sommes à la Cour d'appel de Casablanca. En ce jour d'octobre, la salle d'audience à la chambre criminelle est archicomble. Parmi d'autres mis en cause, Hamid se tenait au banc des accusés. Ce jeune de vingt-neuf ans, portant un blue-jeans et un tee-shirt rouge, lançait de temps en temps des regards vers l'assistance comme s'il cherchait un ami ou un proche. «Hamid. H», l'a appelé le président de la Cour qui feuilletait le dossier de l'affaire. Comme si c'était sa première comparution devant la Cour, Hamid s'est tenu debout sans avancer vers le box des accusés. Alors qu'en feuilletant le procès-verbal de son audition, on apprend qu'il a déjà purgé deux peines d'emprisonnement de courte durée. La première lui a coûté six mois de prison ferme pour complicité de vol simple et la seconde lui a valu dix-huit mois de prison ferme pour trafic de drogue et coups et blessures. Aussitôt le président de la Cour l'a sollicité d'avancer vers le box des accusés avant d'appeler Meriem, une fille à la fleur de l'âge. Elle occupait un siège parmi l'assistance, à côté de sa mère et sa sœur. À pas lents, elle a avancé vers le perchoir. Après s'être assuré de son identité, le président de la Cour lui a demandé de sortir de la salle d'audience et d'attendre au hall de la Cour d'appel. En sortant, sa mère et sa sœur l'ont rejointe. Et le président de la Cour s'est adressé au mis en cause: «Hamid. H, né en 1981 à Casablanca, célibataire, sans profession, demeurant à Sidi Othman. Tu es accusé de viol avec consommation de virginité, vol, coups et blessures». Hamid a gardé le silence comme si le juge ne s'adressait pas à lui. Et le magistrat lui a ordonné de lui raconter ce qui s'est passé avec Meriem. «Rien. Elle était ma copine. Je l'aimais. Mais, elle ne voulait pas de moi», a-t-il affirmé à la Cour. «Est-ce que celui qui aime une fille doit la violer sauvagement?», lui a demandé le président de la Cour. Hamid a baissé les yeux sans dire le moindre mot. Et le président lui a demandé, une fois encore, de raconter à la Cour ce qui s'est passé avec Meriem. «Je ne me souviens de rien. Parce que j'étais sous l'effet de la drogue», a-t-il ajouté à la Cour. Il a avalé une dizaine de comprimés psychotropes. Il a perdu tout contrôle de ses comportements et ses réactions. Le président de la Cour a appelé Meriem pour rejoindre la salle d'audience. En se tenant devant la Cour, elle a fondu en larmes. Le président lui demandait de se calmer pour lui raconter toute l'histoire. En fait, Meriem n'a pas pu tenir ses larmes tout en racontant le calvaire que Hamid lui a fait endurer . Elle était de retour de chez une amie quand Hamid lui a coupé le chemin. Il l'a draguée. Elle a gardé le silence tout en marchant à destination de chez elle. Tout d'un coup, il a brandi un couteau et l'a mis juste au niveau de ses côtes. Il lui a ordonné de se taire, de ne pas résister ou tenter d'attirer l'attention des riverains. Elle l'a supplié en baissant sa voix. Mais en vain. En arrivant juste à côté d'un immeuble, il l'a obligée à y rentrer. Quand il lui a mis le couteau, cette fois-ci, au cou, elle a cédé à ses ordres. Elle a baissé sa culotte sans qu'elle ôte sa djellaba. Avec les larmes aux yeux, elle l'a supplié de la relâcher tout en lui promettant de lui donner sa chaînette en or et une somme de deux cent dirhams qu'elle avait sur elle. Mais, il l'a tabassée tout en la menaçant de meurtre. Et elle a fini par lui céder, et lui donner tout. Après quoi, il l'a abandonnée sur les lieux et a pris la poudre d'escampette. Après les délibérations, la Cour l'a condamné à huit ans de réclusion criminelle.