L'affaire de la petite Fatima remet sur le devant de la scène la question du travail domestique des petites filles. L'association Insaf appelle le gouvernement à instaurer un cadre juridique qui pénalise et sanctionne cette pratique inhumaine. Un nouveau cas de maltraitance. Fatima, une petite fille âgée de 12 ans a été recueillie dans un état psychologique et physique alarmant après s'être enfuie de la maison de ses employeurs. La jeune fille présente des lésions traumatiques étendues à tout le corps y compris l'appareil génital des ecchymoses et abrasions cutanées. «Elle a été mordue au niveau de tout le corps par sa patronne et séquestrée pendant plus d'un an» déclare à ALM Omar El Kindi, président de l'association Insaf. La jeune fille travaillait à Derb Chorfa à Casablanca contre un salaire de misère de 500 DH par mois. Elle était maltraitée dans l'indifférence du mari et ce devant les deux enfants du couple. «Selon les propos du mari à la police judiciaire, au début, il ne se rendait compte de rien. Par la suite, quand il a constaté que sa femme maltraitait la petite fille, il a avoué qu'il essayait de la ramener à la raison. Mais en vain. Dans le cas de cette affaire, il s'agit non pas d'indifférence mais de complicité», souligne M. El Kindi. En s'évadant de la maison de ses employeurs, Fatima s'est retrouvée entre les mains des habitants du quartier qui l'ont confiée à la police judiciaire (PJ) dans un état lamentable. La PJ a alors confié dans un premier temps Fatima au Samusocial de Casablanca après un passage à l'hôpital Baouafi où il a été médicalement constaté l'extrême gravité de son état. Après son hospitalisation à l'hôpital, le procureur a placé Fatima au Centre Abdeslam Bennani, un lieu inadapté vu l'état déplorable de la petite fille. «Devant le développement judiciaire de l'affaire, la patronne a disparu, pendant que son mari s'est chargé d'appeler le père de Fatima à Imintanout pour «organiser» le retrait de la fillette du Centre Abdeslam Bennani et le désistement écrit de toute poursuite, rédigé dans un style juridique impressionnant de justesse et de nuance pour un homme analphabète parlant difficilement l'arabe. C'est alors que la patronne s'est présentée à la PJ», peut-on lire dans un communiqué de l'association. Ayant été informée au troisième jour de cette affaire, l'association Insaf a apporté son soutien à la victime. L'association a assisté la jeune fille et son père dans les démarches de sortie du Centre Abdeslam Bennani et leur a assuré le transport jusqu'à Imintanout. Le Procureur du Roi auprès le Tribunal de Premier Instance ( TPI) de Casablanca a poursuivi, la patronne en flagrant délit pénal et ordonné son emprisonnement dans le cadre du dossier N° 6491/2010. L'association Insaf s'est portée partie civile et a confié le suivi judiciaire de cette affaire à son avocate. L'audience aura lieu le mercredi 18 août au TPI. L'association Insaf condamne fermement ces actes inhumains et appelle le gouvernement à instaurer dans les plus brefs délais un cadre juridique qui pénalise et sanctionne sévèrement le travail domestique des petites filles. «Nous appelons les corps élus à user de leurs prérogatives pour faire avancer les projets de textes en instance d'examen en leur donnant un contenu en cohérence avec les engagements internationaux de notre pays», affirme M. El Kindi. Pour cette association, il est temps de briser le silence sur cette problématique et ce à travers des actions de sensibilisation. Au Maroc, on estime le nombre des «petites bonnes» à 60.000. Il est temps de libérer ces enfants du calvaire du quotidien qu'elles subissent.