L'Association INSAF, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) et la Fondation Orient-Occident appellent le gouvernement à instaurer un cadre juridique qui sanctionne sévèrement le travail des petites filles domestiques. Elles sont plusieurs milliers à travailler en tant que domestiques, privées de leur famille et exposées à l'exploitation, la maltraitance et à toutes sortes d'abus. Une situation que condamne l'Association marocaine des droits humains (AMDH), l'Association INSAF et la Fondation Orient-Occident. «Nous ne pouvons continuer à fermer les yeux devant de tels actes. C'est de l'esclavagisme. Le gouvernement doit agir rapidement pour mettre fin à l'impunité de ces crimes. Il faut une loi spécifique qui interdit le travail domestique des petites filles», affirme Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH. Pour ces trois ONG, le vide juridique en la matière est «inadmissible» et «incompréhensible» et appellent le gouvernement à instaurer un cadre juridique qui sanctionne sévèrement le travail domestique des petites filles. Selon ces organisations, la faiblesse du cadre juridique qui protège ces enfants représente un véritable frein à la justice et à la défense de la dignité. Un projet de loi a été élaboré par le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité pour mettre fin à l'emploi des bonnes âgées de moins de 15 ans. Cela dit, c'est le statu quo. Le document est toujours à l'étude au secrétariat général du gouvernement. «Les sanctions pécuniaires et les peines d'emprisonnement prévues par ce texte de loi ne sont pas assez contraignantes. Il faut un débat sur ce projet de loi», déclare Mme Ryadi. Suite à l'affaire de la petite Zineb qui a été maltraitée par ses employeurs, les trois associations revendiquent au ministère de la Justice de veiller à un procès impartial et approfondi afin que les bourreaux de la petite Zineb soient sévèrement punis. «Il est navrant de constater que dans notre pays, il n'y a jamais eu de procès à l'encontre des personnes qui emploient des enfants. La plupart des procès ont lieu en cas de maltraitance ou d'abus. Mais ces derniers ne constituent qu'une faible proportion», souligne la présidente de l'AMDH. Et de poursuivre: «Notre système judiciaire est corrompu. La justice constitue pour les employeurs un moyen de trouver refuge». Par ailleurs, l'AMDH, l'INSAF et la Fondation Orient-Occident pointent du doigt Nouzha Skalli, ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité pour son absence dans cette affaire. «La ministre doit assumer ses responsabilités dans le soutien de la victime et de ses proches, dans le cadre de sa mission», indique un communiqué de l'Association INSAF. A travers ce document, les trois ONG encouragent «les associations portées comme partie civile et les associations locales à suivre le bon déroulement de l'affaire en justice» et appellent «les démocrates et les épris de dignité humaine à se joindre à elles pour faire entendre la voix de la réprobation et de la justice». Jeunes et pour la plupart illettrés, les enfants domestiques manquent souvent de capacités et de possibilités de chercher de l'aide pour quitter les lieux de travail où ils sont maltraités. Mis à l'écart, cachés dans des domiciles, la plupart ne vont pas à l'école. «La lutte contre ce phénomène passe par l'éducation. Les enfants doivent impérativement être scolarisés. La pauvreté ne doit en aucun cas constituer un prétexte pour faire travailler les enfants», conclut Mme Ryadi.