177.000 enfants de moins de 15 ans travaillent. Pour venir à bout de ce fléau, un projet de loi est en cours d'examen pour son approbation. Des dizaines de milliers de fillettes travaillent comme domestiques au Maroc. «Il s'agit d'un véritable crime à l'égard des petites bonnes. C'est pourquoi nous voulons responsabiliser tous les membres de la société face à ce phénomène afin d'éviter que les enfants soient victimes de mauvais traitements physiques, psychologiques ainsi que d'exploitation économique», déclare Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Selon Mme Skalli, le nombre d'enfants travailleurs de moins de 15 ans s'élève à 177.000. Ce chiffre est alarmant au vue du code du travail, qui fixe l'âge minimum des enfants à 15 ans. Pour combler le vide juridique, le gouvernement a élaboré un projet de loi régissant le travail domestique des enfants. La finalité est d'améliorer l'environnement juridique relatif à la protection de cette frange de la société. Ce projet de loi, qui a été élaboré en concertation avec le département de Mme Skalli et le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, est en cours d'approbation. Il s'agit de garantir aux travailleurs domestiques les mêmes droits qu'aux autres, éliminer les pires formes du travail des enfants employés en tant que domestiques et de sanctionner les recruteurs de main-d'œuvre qui les maltraitent. Il est aussi question d'interdire formellement d'employer des jeunes filles qui n'ont pas atteint l'âge légal dans le travail domestique sous peine de sanctions. A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'exploitation des enfants, Mme Skalli s'est rendue, le 19 novembre, à Chichaoua à l'unité scolaire Hsaïne. Un concours de peinture sur le thème «Droits de l'enfant à la protection contre la violence et l'exploitation économique» a été organisé par l'association Insaf et Smiling children. Cette rencontre a permis à 118 enfants issus de cette unité d'exprimer leur perception des droits de l'enfant à travers des tableaux qu'ils ont peints. Mme Skalli est allée à la rencontre de ces enfants qui ont fait preuve de maturité et ont pris conscience qu'ils ne doivent pas travailler, mais plutôt aller à l'école. «La plupart des petites filles m'ont avoué qu'elles rêvaient de devenir infirmière ou institutrice. Il est de notre devoir de faire en sorte que leurs rêves deviennent réalité», a souhaité Mme Skalli, avant d'ajouter : «j'ai été heureuse de voir que des petites filles qui travaillaient en tant que domestiques ont pu être réintégrées au sein de leur famille». Selon la ministre, plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Il y a la pauvreté, mais aussi l'abandon scolaire qui alimente le marché du travail domestique. C'est dans ce cadre qu'interviennent les projets de l'INDH en vue de donner un nouveau souffle aux régions les plus démunies. Il est nécessaire de diffuser une culture de l'égalité qui puisse induire la participation de tous les membres de la famille aux tâches ménagères. Jeunes et souvent illettrés, les enfants domestiques manquent souvent de capacités et de possibilités de chercher de l'aide pour quitter les lieux de travail où ils sont maltraités. Mis à l'écart, cachés dans des domiciles, la plupart ne vont pas à l'école, sortent rarement sauf pour des courses brèves, et n'ont que des contacts peu fréquents avec leurs familles.