Dans sa dernière livraison, normalement distribuée au Maroc, L'hebdomadaire Jeune Afrique l'Intelligent nous donne à lire un grand papier, signé par son directeur de la rédaction, François Soudan, au Sujet du Prince Moulay Hicham, intitulé « L'homme qui voulait être roi». Dans sa dernière livraison, normalement distribuée au Maroc, L'hebdomadaire Jeune Afrique l'Intelligent nous donne à lire un grand papier, signé par son directeur de la rédaction, François Soudan, au Sujet du Prince Moulay Hicham, intitulé « L'homme qui voulait être roi». Ce long article, fort détaillé, et fourmillant d'informations, ne pouvait passer inaperçu et il a, bien entendu, attiré, par sa teneur et sa qualité, l'attention, d'abord des lecteurs habituels de cette publication, et ensuite celle des observateurs et des acteurs de la vie politique nationale. En fait, nous ne découvrons rien dans cet article qui ne confirme ce que nous ne savions déjà. Nous pressentions très fort que Moulay Hicham, l'intéressé, ne menant pas une action clandestine, n'était pas du tout étranger aux convulsions politico-médiatiques, certes marginales, mais tapageuses, que notre pays a vécues depuis près deux ans. Il s'avère donc que le projet du Prince, comme l'écrit Jeune Afrique l'Intelligent, avait un rapport avec la succession au trône qu'il souhaitait orienter et le rôle qu'il entendait personnellement jouer dans ce processus institutionnel. Les arguments développés dans ce sens, on a pu les entendre de la bouche même du Prince dans plusieurs conférences dont il était l'instigateur, dans plusieurs publications étrangères qui se faisaient un plaisir en relayant généreusement sa pensée et par une presse locale obligée, compte tenu de son indigence matérielle et intellectuelle, et oublieuse, sous couvert d'une liberté d'expression souvent opportune, de ses devoirs. En fait, de quoi s'agit-il ? D'un Prince de sang, petit-fils de Mohammed V, cela personne ne le conteste. Mais en invoquant régulièrement cette légitimité, par des tiers appointés, pour donner corps à ses prises de position, il faisait mine d'oublier que sur ce terrain précis et difficile la compétition est rude. Le Souverain du Maroc, S.M. Mohammed VI, après avoir été un prince héritier de sang, est devenu un Roi légitime, de sang aussi, et il est également le petit-fils de Mohammed V, mais également -et c'est très important pour la démonstration que veut nous imposer Moulay Hicham -, le fils aîné du Roi défunt Hassan II. Par conséquent, sur le plan de la légitimité, le débat est clos. Par le sang. Maintenant, sur la plan successoral, le processus a été clôturé le lendemain du décès du Roi Hassan II. Sur le plan légal, constitutionnel, et populaire. Qu'un membre de la famille royale, issu d'une branche froide de cette même famille, c'est-à-dire n'intervenant dans la logique successorale marocaine que d'une manière collatérale, après une extinction de la lignée directe, considère que la succession est négociable, cela relève de sa responsabilité et de l'idée qu'il se fait de ses devoirs familiaux. En cela, cette affaire est une affaire privée. Mais là où l'affaire devient publique, c'est quand ce même membre de la famille royale invite les Marocains par la voie d'une presse, toujours très obligée, à prendre connaissance de ses théories exogènes, sur le « pacte familial », sur l'absolutisme charrié par une succession réglée par primogéniture, et sur la nécessité d'une conférence nationale pour construire de nouvelles institutions pour le pays. Tout cela, alors que les Marocains ont tranché en optant d'une manière patriotique sans équivoque, pour la légalité et pour la légitimité. À partir de là, le reste, tout le reste, devient une fuite en avant accélérée, des provocations plus ou moins réussies, de la désinformation régulière et grossière, pour finalement sombrer dans un fait divers désopilant et irresponsable. Les Marocains sont légitimistes, ils l'ont démontré à travers l'Histoire. Ni le Rogui, ni même Ben Arafa n'ont pu réussir, malgré la volonté de puissances étrangères et de complicités locales avérées, à couper ce cordon légitimiste qui unit le Roi à son peuple. Le Mouvement national pour la libération, lui-même, s'est construit sur cette base avec des patriotes courageux et désintéressés avec, justement, à leur tête le Roi Mohammed V. Le Maroc a d'autres défis à relever. D'autres chantiers à réussir. Une transition démocratique à achever. Et un vrai État de droit à construire. Toutes les bonnes volontés sincères et loyales peuvent y contribuer. Parasiter l'image du chef de l'État par des papiers et des livres de commandes ne sert à rien, c'est dérisoire. Détruire systématiquement et discréditer, par des articles dictés, le travail du Premier ministre, un homme courageux qui a mis au service du pays tout son capital - et celui de sa famille politique - patriotique et militant est dangereux et puéril. Le Maroc avancera, changera et évoluera. Mais, il ne le fera ni par des diktats nihilistes, ni par des prises de position commandées, ni par des intrigues. Fussent-elles de sang. L'Histoire d'une nation s'écrit autrement.