Être amoureux d'une jeune fille pousse-t-il à tuer ? La réponse pour Hamid est affirmative puisqu'il est arrivé à mettre fin, non à la vie de sa bien-aimée, mais à celle de son frère. «Non, M. le président, je n'avais pas l'attention de le tuer… Je voulais juste me défendre». Une réponse qui ressemble à un refrain d'une chanson que le président de la chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida entend chaque fois qu'il demande à un mis en cause impliqué dans une affaire de meurtre de lui révéler les raisons pour lesquelles il a commis son crime. «M. le président, nous étions des amis avant de devenir des ennemis», ajoute Hamid au président de la Cour qui l'écoute attentivement. Il était l'ami de qui ? De Mustapha. Tous les deux ont vu le jour au même douar, dans la région d'El Jadida. Ils ont grandi ensemble et partagé les mêmes jeux, les mêmes préoccupations, les mêmes soucis enfantins et les mêmes bancs de l'école. A leur adolescence, ils ont quitté tous les deux leur douar pour aller à El Jadida afin de chercher un emploi. Seulement, quelques années plus tard, Hamid est retourné définitivement au douar pour se charger de la terre de son père qui n'a plus de force pour s'occuper d'elle. Mustapha est resté en ville et ne retournait au douar que de temps en temps pour rendre visite à sa famille. Des visites qui lui ont permis de remarquer la sœur de Hamid, une charmante fille qui séduisait tous les jeunes du douar, mais elle était encore mineure. En tombant amoureux d'elle, il a demandé à son ami, Hamid, de dire à ses parents qu'il veut se marier avec elle. Hamid qui entretenait déjà une relation amoureuse avec la sœur de Mustapha l'a rassuré qu'il allait intervenir auprès de ses parents. Deux jours plus tard, il l'a rencontré pour lui dire que ses parents ne refusaient pas son mariage avec sa sœur. «Mais, ils te demandent d'attendre qu'elle atteigne l'âge du mariage. Elle n'est maintenant qu'à son seizième printemps», lui a-t-il précisé. Mais Mustapha qui ne séjourne plus au douar craignait qu'elle soit mariée à un autre jeune homme. «Je te laisse le choix, soit tu obliges tes parents pour qu'on se marie dans quelques mois, soit que je ferais tous mes efforts pour t'empêcher de te marier avec ma sœur», lui a dit Mustapha sur un ton sec et sérieux. Dès l'adolescence, Hamid ne s'imaginait qu'en compagnie de la sœur de Mustapha. Tout le monde au douar était au courant qu'elle était sa fiancée. Il n'a jamais aimé ni imaginé aimer une autre. Comment Mustapha s'est-il permis de l'empêcher d'être avec elle sous le même toit ? Hamid a essayé de lui expliquer qu'il n'était pour rien, qu'il rêvait d'être de la même famille, que l'un soit le beau-frère de l'autre et que l'un soit l'oncle des enfants de l'autre. Mais en vain. «Soit qu'on se marie tous les deux avec les filles qu'on aime, soit que chacun parte pour chercher ailleurs sa future femme», lui a précisé Mustapha qui semble décidé de le faire chanter. Depuis, Hamid a décidé de se venger. Comment ? Le jour «J». Ahmed s'est armé d'un couteau et a rencontré Mustapha. Il lui a demandé s'il tient encore à sa décision à propos de son mariage avec sa sœur. Une fois, Mustapha a répondu par un «oui», que Hamid lui a asséné trois coups de couteau fatals. Cet acte criminel a coûté à Hamid une peine d'emprisonnement de dix ans de réclusion criminelle.